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Les anti-IVG sont complètement en roue libre

Par
Cha Toublanc
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Hier, l’association anti-avortement Les Survivants a encore frappé en recouvrant des vélib’ de la capitale de leur slogan anti-IVG : “Et si vous l’aviez laissé vivre ?” Et si vous laissiez les personnes menstruées ENFIN choisir pour leur corps ? 48 ans après la légalisation de l’avortement, il serait peut-être temps.

Il y a 3 semaines déjà, le groupe avait vandalisé 10 000 vélos en les revêtant des mêmes autocollants nauséabonds. Des messages rapidement arrachés ou rayés au marqueur, probablement par d’affreux gauchiasses qui pensent que les femmes ont le droit de disposer de leur corps.

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Ce n’est pas la première fois que le groupe s’attaque aux transports publics : en 2017, en pleine élection présidentielle, des affiches anti-IVG à l’effigie des candidat.es avaient été placardées dans le métro parisien. Tout comme Vélib, la RATP avait porté plainte Comme si nos trajets matinaux n’étaient pas suffisamment douloureux entre les frotteurs et Bella Ciao à l’accordéon…

Les affiches des Survivants placardées sauvagement dans le métro parisien.
Les affiches des Survivants placardées sauvagement dans le métro parisien.

Mais qui sont les Survivants ? C’est un groupe créé en 2016 dans la lignée de la Manif pour Tous, bien évidemment. Son cœur de cible ? Les 18-25 ans.

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« Moi, je suis un survivant parce que ma mère a décidé de me faire naître », explique Quentin, 21 ans, à Femme Actuelle. Iels sont fascinant.es ces jeunes fachos. Les Survivants se considèrent ainsi comme ayant « survécu » à la possibilité d’un avortement alors qu’ils étaient embryon. On souffle fort du nez.

Le mouvement affirme que tout enfant né connaît le “syndrome du survivant” : un sentiment de culpabilité que ressent une personne qui se reproche d’être en vie alors qu’une autre personne a péri. Un concept développé par les psychiatres canadien.nes Philip Ney et Marie Peeters après avoir étudié des soldats qui avaient perdu des camarades aux combats. Ce sentiment est aujourd’hui décrit par les personnes ayant survécu aux attentats. Offrons la médaille d’or du ouin-ouin à ces jeunes qui se comparent à des personnes traumatisées par la guerre ou par des attentats.

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Sur leur site internet, ironiquement très pop pour une cause si réac, Les Survivants invitent les internautes à s’exprimer sur leurs valeurs rétrogrades via un sondage. Plot-twist : plus de 461 930 personnes trouvent les Survivants NULS. Les trolls ont-ils été trollés ou est ce un kink pour l’humiliation ?

À l’origine du groupe, Émile Duport, responsable d’une agence spécialisée dans l’opinion et parolier des chants de la Manif pour Tous. Militant « pro vie », ou plutôt « anti-choix », il est également porte-parole de la Marche pour la Vie, autre association anti-avortement et contre la légalisation de l’euthanasie.

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L’homme travaille pour le compte de Thierry Casanovas, gourou du crudivorisme. Ce Youtubeur, mis en examen depuis mars pour “abus de faiblesse” et “exercice illégal de la médecine et de la pharmacie”, aurait causé la mort d’au moins une personne par ses conseils dangereux. Défendre la vie des embryons mais pas celle des vivant.es ?

Thierry Casasnovas, gourou du crudivorisme.
Thierry Casasnovas, gourou du crudivorisme.

En 2017, au moment de la mort de l’ancienne ministre de la Santé à qui on doit la légalisation de l’IVG, les Survivants avaient mis en ligne « simoneveil.com ».

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Le site proposait de “découvrir la vérité sur Simone Veil, celle d’une femme trahie parce que la légalisation de l’avortement n’a pas amélioré la santé des femmes bien au contraire”. Pour rappel, avant la loi Veil, 300 personnes par an mourraient des suites d’un IVG.

La famille de Simone Veil avait rapidement obtenu en justice le retrait du site.

S’il n’est pas illégal d’être contre l’avortement, les campagnes d’affichage sauvage et la désinformation sur Internet sont, elles, proscrites par la loi et condamnées.

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Hier soir, à l’appel de l’AG féministe de Paris-Banlieue, se tenait devant les Invalides à Paris, une manifestation pour défendre les droits reproductifs et contre la montée de l’extrême-droite.

Les militant.es ont rappelé les multiples attaques subies par le Planning Familial cette année. Depuis le début de l’année, les locaux des planning familiaux de Bordeaux, Strasbourg et Nantes ont été vandalisés 5 fois au total.

La Maison de la petite enfance Simone Veil a été la cible de tags anti-IVG et racistes à Mérignac.
La Maison de la petite enfance Simone Veil a été la cible de tags anti-IVG et racistes à Mérignac.

Iels ont aussi rappelé qu’entre février et fin avril, une pénurie de pilule abortive avait mis à mal le droit à disposer de son corps des personnes menstruées. En France, le laboratoire Nordic Pharma, aux capitaux largement américains, a le monopole de la distribution de deux pilules à base de misoprostol. La substance étant encore sous brevet, il n’existe aucun générique à ces médicaments. Alors que 76% des IVG sont réalisés de manière médicamenteuse, ce monopole met en danger l’accès à l’avortement.

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La date du rassemblement n’avait pas été décidée au hasard : il survient au lendemain des annonces présidentielles sur la relocalisation de la production des médicaments en France. Contrairement à ce que réclamait le Planning Familial, la pilule abortive ne fait pas partie de la liste des 25 médicaments dont la production va être relocalisée sur le territoire ou va augmenter dans les semaines à venir.

Dernière question rhétorique : si Emmanuel Macron avait un utérus, est ce que les conditions d’accès à l’IVG seraient enfin garanties ?