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Le tour du monde en 300 Kit Kat

Par
Benoît Lelièvre
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Manger un Kit Kat, c’est comme s’offrir un petit instant de bonheur. Contrairement à un sac de chips qui vous donne le temps de réfléchir et de vous détester avant de l’avoir terminé, ça fond dans la bouche et on y pense plus après 30 secondes.

Une chose est certaine : si ces petites friandises passe-partout sont aimées par plusieurs, personne ne les aime autant que l’auteur américain Danger Slater*. Depuis octobre dernier, il a entrepris avec sa copine « la quête Kit Kat », un projet ambitieux visant à goûter à toutes les saveurs de Kit Kat au monde. Ça, c’est plus de 300 saveurs distribuées dans 16 pays, dont le Japon, le Brésil, le Mexique, la Thaïlande, l’Inde, la Turquie.

C’est géographiquement et gustativement varié, mais c’est surtout au Japon que ça se passe.

le plus délicieux souhait de bonne chance

« Ma copine et moi venions de déménager dans un nouveau quartier et l’épicerie la plus près de la maison est un petit marché asiatique », m’explique Slater via Skype, en direct de Portland aux États-Unis. « On faisait notre épicerie là-bas au début, parce que c’était le seul endroit que l’on connaissait. C’est là-bas que j’ai vu pour la première fois toutes ces saveurs étranges de Kit Kat : fraise, citron, banane, etc. C’est comme ça que ça a commencé. »

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Le principal défi de cette quête est de trouver un répertoire exhaustif des différentes saveurs. Plusieurs listes sont disponibles en ligne, mais la plupart ne contiennent même pas un tiers des saveurs existantes. « J’ai écrit à Nestlé pour leur demander de l’aide, mais ils ne m’ont jamais répondu », précise-t-il avec un sourire en coin.

Kit Kat ça se rapproche de l’expression japonaise « Kitto Katsu », une sorte de souhait de bonne chance.

S’il existe autant de saveurs, c’est parce que la marque est extrêmement populaire au Japon. Voyez-vous, Kit Kat ça se rapproche de l’expression japonaise « Kitto Katsu », une sorte de souhait de bonne chance. Après son arrivée sur leur marché en 1973, c’est vite devenu une coutume d’offrir la friandise en guise de cadeau lors d’événement divers. Lorsque Nestlé a racheté la compagnie Rowntree, elle s’est mise à répondre à la demande en proposant différentes saveurs.

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Chaque fois que Danger et sa copine veulent faire venir des paquets de Kit Kat aux États-Unis, ils doivent débourser environ 50$US. Pour les saveurs manufacturées au Japon, ils font majoritairement affaire avec la compagnie Sugoi Mart, qui a une foule de bonbons et délicatesses japonaises en stock. Je me suis d’ailleurs amusé à naviguer dans la section Kit Kat de leur site qui compte plus d’une centaine d’articles, dont certains produits de la marque qui ne sont pas des barres de chocolat traditionnelles.

Pour les saveurs disponibles dans certains pays, notamment le Brésil, c’est plus compliqué, mais comme il le dit si bien : « On traversera cette rivière lorsqu’on y sera rendu ». Le couple est d’ailleurs aidé dans sa quête par plusieurs ami.e.s et connaissances. Une sommelière de Saké leur a d’ailleurs récemment fait parvenir des Kit Kat alcoolisées !

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« J’essaie de me renseigner sur ce que j’achète, mais parfois c’est difficile », me confie Danger en riant. Il a d’ailleurs reçu dans sa dernière commande une barre à saveur blé entier et biscuits qui avait comme seule indication sur l’emballage le dessin d’une étudiante tracé à main levée. « J’ai pas regretté mon coup. C’était de loin la meilleure saveur que j’ai goûtée jusqu’ici. C’était comme manger une Kit Kat et des biscuits en même temps. J’avais la bouche pleine de douceur. »

Selon lui, c’est rarement désagréable de manger tous ces Kit Kat. Danger et sa copine en sont à 36 saveurs essayées. Du lot, seul le parfum tiramisu/macha leur a déplu : « On pense qu’il s’est peut-être produit quelque chose pendant l’envoi. Parce que ça prend environ six semaines à arriver. Ça goûtait le vieux fromage. C’était dégueulasse. Peut-être qu’il y avait des ingrédients dans celle-là qui se conservaient moins bien ».

Au-delà de l’ordinaire

« J’ai toujours eu plein de projets étranges et compliqués », m’explique Danger lorsque je lui demande pourquoi il s’est lancé dans cette aventure. « Cette année, j’ai décidé de seulement lire des livres de plus de 600 pages. Il y a quelques années, je m’étais donné comme mission de regarder la filmographie complète de Keanu Reeves. »

« Tu peux faire les choses comme tu les fais toujours sans trop y penser ou tu peux explorer les choses en apparence banales et découvrir à quel point elles peuvent être enrichissantes. »

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Sa démarche, qui peut paraître farfelue aux premiers abords, est au contraire très réfléchie : « C’est une manière pour moi de franchir des portes, métaphoriquement parlant. Parfois, on est tellement restreint par nos habitudes dans notre manière d’interagir avec le monde qu’on ne se rend pas compte à quel point il est grand et merveilleux. Je ne suis pas un gars riche. Je ne peux pas voyager à ma guise, mais peu importe qui tu es, tu peux toujours choisir la manière dont tu interagis avec la vie ordinaire. Tu peux faire les choses comme tu les fais toujours sans trop y penser ou tu peux explorer les choses en apparence banales et découvrir à quel point elles peuvent être enrichissantes ».

Ce n’est pas l’amour des Kit Kat qui a mené Danger Slater à voyager à travers les friandises, mais plutôt un désir de transcender le quotidien et le banal. Oui, c’est un drôle de projet, mais la philosophie derrière est, à mon avis, beaucoup plus saine et admirable que bien d’autres. Après tout, les choses ordinaires ne demeurent qu’ordinaires si on les perçoit de cette manière. Un Kit Kat, ce n’est qu’un Kit Kat si on le mange et on n’y pense plus après. Si on ea voit comme un royaume de saveurs à conquérir, elle signalera le début d’une aventure.

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* Oui, il s’agit d’un nom d’artiste. Plus précisément un surnom dont il est affublé depuis sa plus tendre enfance.