LE MOU VOUS VA SI BIEN  : ÉLOGE DE LA PARESSE

Le téléphone sonne, mais vous n’avez pas le goût de vous étirer le bras pour y répondre ? Vous hésitez à jeter à la poubelle un restant de nourriture livrée à domicile qui sent funky car la perspective de devoir cuisiner vous fait frissonner ? Frais comme une rose ou lendemain de coma éthylique, la paresse n’épargne personne. Mais être paresseux ne veut pas dire que l’on n’est pas travaillant. Bien au contraire : on concentre son énergie là où ça compte vraiment. Le bédéiste Pascal Girard a quant à lui décidé de consacrer la sienne à l’élaboration d’une série de strips de quatre cases relatant sa vie de jeune auteur dans un recueil intitulé Paresse.

Paresse rime avec…

Pascal a lâché sa job sur les chantiers de construction pour vivre de son encre. En surface ses affaires ont l’air de bien aller : contrats, salons du livre et apparitions à la télévision. Sauf que, comme bien des artistes, il est peu sûr de son talent et est tétanisé devant la blancheur virginale de papier posé sur sa table à dessin. Cela ne l’empêche pas de s’imposer un régime militaire afin d’extraire péniblement de son cerveau de nouvelles idées quitte à s’effondrer de fatigue sur son bureau pour ensuite rêver qu’il travaille — un vrai bourreau. Par contre, le boum boum de la voisine d’en haut est à la veille de le rendre fou.

Il partage son quotidien avec deux chats aux personnalités diamétralement opposées : un baquet grognon et une hyperactive qui n’arrête pas de le stalker. Ses compagnons le font souvent sortir de ses gonds, mais sont toujours là pour faire des ronrons sur ses genoux quand le besoin s’en fait sentir.

On pourrait penser qu’un individu qui manie le stylographe pour gagner sa vie doit certainement avoir la grâce d’un cygne ou du moins ne pas avoir les mains pleines de pouces, mais rien n’est moins vrai lorsqu’il en vient à notre Pascal. En même temps, c’est un peu de sa faute… Qui dessine dans son bain ou son lit avec un encrier comme un poète médiéval !?!

Il lui arrive parfois d’être distrait par la gent féminine de son quartier, à commencer par sa voisine d’en face qui fait son repassage en sous-vêtements dans son salon. Elle sera ensuite remplacée par une autre locataire aux élans exhibitionnistes qui fait du BBQ à poil sur son balcon. Il s’adonne aussi à un drôle de foursome en compagnie de sa blonde perchée sur ses épaules pour mieux entendre les ébats de la voisine d’en haut.

Que vous soyez un ergomane ou une loque humaine, votre cerveau est programmé de la sorte : la paresse est un trait transmis de génération en génération depuis la nuit des temps ; il n’y a rien que vous pouvez faire pour y remédier. À l’heure où tout bouge trop vite, il est plus que nécessaire de mettre la pédale douce et de se vautrer dans votre fauteuil préféré, la bouche pleine de morceaux de fromage, tout en binge watchant la dernière série populaire.

Alors ? Vous êtes bien dans votre jogging trop grand ?

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La bédé Paresse de Pascal Girard, est publiée chez La Pastèque