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Le Minitel, cette invention française qui aurait pu changer le monde

Mais la success story s'est arrêtée en 2012. À cause ou grâce à Internet.

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Imaginez un monde où la Silicon Valley se situe en région parisienne et où les GAFA sont 100% bleu-blanc-rouge. Un monde où les recherches ne se font pas sur Google mais sur le 36-15 Info. Ce monde aurait pu exister… si seulement une invention française avait pu tenir toutes ses promesses. Cette invention, c’est le Minitel bien sûr.

Lorsqu’on évoque le Minitel, on songe avec nostalgie à ce vieil objet désuet qui permettait de consulter les résultats du bac, de trouver le numéro d’un plombier ou de se rincer l’œil sur 36-15 Ulla. Pendant la décennie des années 90, le Minitel était pourtant bien plus qu’un objet anecdotique : il a fasciné le monde entier et constitue pour certains le précurseur le plus évident du Web. Et tout cela, made in France !

La France à l’avant-garde de la télématique

C’est il y a plus de quarante ans que commence l’histoire du Minitel, sous l’impulsion du président Valéry Giscard d’Estaing qui veut que la France montre l’exemple dans le domaine de la télématique.

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Après plusieurs mois d’expérimentation, la première version du Minitel (Médium Interactif par Numérisation d’Information Téléphonique) voit le jour. Un boitier beige, simple, composé d’un clavier et d’un écran 8-bits, qui ne comprend ni microprocesseur ni dispositif de stockage. Un terminal passif, donc, qui repose sur un réseau informatique nommé Télétel.

En 1980, 4000 terminaux sont distribués gratuitement à des familles de Vélizy et de Rouen qui vont l’expérimenter de manière volontaire. L’idée première est de remplacer l’annuaire papier et le service de renseignement (le fameux numéro 12) devenu saturé. Mais dès le lancement officiel, en 1982, les services s’élargissent : jeux, information, espaces de rencontres coquins… Avec l’ouverture du mythique 36-15 deux ans plus tard, le nombre d’offres explose.

Les enfants s’éclatent sur 36-15 Club Dorothée. Les étudiants consultent leurs résultats sur 36-17 Exam. Les parents commandent des vêtements sur la page des 3 Suisses…

Il y en a pour tout le monde et le succès est immédiat. Un million de terminaux en 1985, 6 millions en 1994, et plusieurs centaines de millions de connexions par mois… Le Minitel entre dans la vie quotidienne des Français et devient l’assistant indispensable de chaque foyer. Il génère une robuste économie évaluée à six milliards de francs par an – dont un milliard pour les seuls services de Minitel Rose.

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Depuis l’étranger, on voit l’innovation française d’un œil à la fois curieux et jaloux. Certains essayent de l’imiter, mais aucun pays ne parvient à implanter un système équivalent à la « Little French Box ». Même les Etats-Unis échouent avec CompuServe, un outil qui offre des services similaires mais peine à s’implanter dans les foyers américains.

“Internet m’a tuer”

Leader de la communication télématique au milieu des années 90, la France perd pourtant vite son souffle et ne parvient pas à maintenir son avance. Les premières limites techniques du Minitel se font sentir. Le temps de transmission est beaucoup trop long (vous vous souvenez de ces fameux grésillements ?), l’interface est franchement vieillotte et la vidéo y est impossible. Bref, l’outil ne se renouvelle pas et commence à souffrir de l’ombre croissante de son petit frère, ou héritier, ou concurrent (selon les points de vue) : l’Internet.

La France était innovante. Elle devient ringarde. Le Minitel qui avait longtemps fait l’unanimité est désormais moqué de toutes parts. Son déclin est inexorable. Même si l’on compte en 2012 près de 400.000 résistants qui utilisent encore le Minitel, Internet remplace progressivement l’outil. Le 30 juin 2012, le service de télécommunication Minitel est officiellement fermé, et les derniers codes encore en activité sont désactivés.

La fin d’une belle success story française.

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