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Le jour où j’ai enfin gravi une montagne
Je suis née avec une seule jambe.
Et quand j’étais petite, j’avais l’habitude de me limiter dans mes activités. Dans mes cours d’éducation physique, je me disais que je ne pouvais pas performer autant que mes ami.e.s de classe. Lors des activités plus « sportives » avec mes amies pendant les week-ends, ce n’était pas rare que je me mette de côté ou que je me dise incapable d’y arriver.
Au fil des années, ma mentalité a un peu changé. J’ai développé des trucs avec ma prothèse et des façons de pratiquer mes activités.
insécurité, quand tu nous tiens
Lors d’un voyage scolaire, j’ai eu la chance d’aller monter l’Acropole des Draveurs, à Charlevoix au Québec. À la dernière minute, j’ai décidé d’annuler mon inscription. J’étais certaine que je n’arriverais pas à gravir une telle montagne… Encore moins au même rythme que mes compagnons de classe.
J’étais certaine que je n’arriverais pas à gravir une telle montagne…
Quelques années plus tard, j’ai décidé de passer mes vacances dans Charlevoix avec un seul objectif en tête : monter l’Acropole des Draveurs. Au jour J, j’étais prête mentalement à enfin me rendre au sommet de ce mont si convoité.
Après quelques heures (trop selon moi), j’ai finalement atteint mon but. J’étais fière de moi, mais je me disais que j’aurais aussi aimé terminer l’activité en moins de temps. Avec du recul, l’important, c’est que je l’ai réussi moi aussi, non ? C’est vrai que cela a été plus long, mais je l’ai fait !
il nous faut juste un peu de détermination
Cette aventure m’a donné envie de faire de la randonnée. Après cette journée au Parc national des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie, j’ai passé tous mes congés dans les montagnes.
Souvent, quand je croise des personnes lors de mes randonnées, elles m’arrêtent pour me dire à quel point je suis forte et courageuse. Je leur réponds toujours qu’il ne s’agit pas de courage ou de force, mais bien de détermination. Il m’a fallu du temps avant de comprendre que tout était possible malgré mon handicap et j’ai pris conscience que tout se joue dans ma tête. Quand on s’arrête à ce que l’on croit être capable de faire sans aller plus loin, c’est à ce moment que l’on tue nos possibilités.
Quand on s’arrête à ce que l’on croit être capable de faire sans aller plus loin, c’est à ce moment que l’on tue nos possibilités.
Puis, un jour, j’ai découvert la longue randonnée. Ça a donné un nouvel élan à ma passion. Après quelques séjours en forêt, j’ai réalisé que, dans ma situation, je ne pouvais pas faire autant de kilomètres que monsieur et madame Tout-le-Monde avec un sac de 30 livres sur mon dos. La solution que j’ai trouvée ? Faire moins de kilomètres par jour. Est-ce que cela m’empêche de vivre ma passion ? Absolument pas. C’est vrai, je marche moins vite que les autres. Je parcours aussi une distance plus courte que les autres. Mais je réussis tout de même à pratiquer mon activité favorite.
y aller à son rythme
Vous ne voulez pas faire une randonnée de 10 kilomètres ? Faites-en une de 5 kilomètres. Vous êtes gêné.e d’aller en randonnée avec des ami.e.s, car votre rythme est plus lent que le leur ? La randonnée, ce n’est pas une course. C’est un conseil que je donnerais à tout le monde : lancez-vous dans l’aventure. Laissez votre gêne sur votre table de chevet avant de partir. Allez-y à votre rythme selon vos capacités ; les bon.ne.s ami.e.s vous suivront.
Dans la vie, on peut toujours trouver un moyen de faire ce que l’on désire. Parfois, ce sera plus difficile, plus long ou fait différemment, mais quand on veut vraiment, on finit toujours par y arriver.
Alors, si je réussis à gravir des montagnes, pourquoi pas vous ?