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Le diagnostic de mon TDAH m’a coûté cher

En partenariat avec la ZEP (Zone d’Expression Prioritaire).

Par
La ZEP
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Ce récit provient des ateliers d’écriture animés par les journalistes de la Zone d’Expression Prioritaire (la ZEP), un média qui accompagne l’expression des jeunes pour qu’ils et elles se racontent en témoignant de leur quotidien et de toute l’actualité qui les concerne.

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« Je suis comme ça et puis c’est tout. » C’est ce que je me suis répété pendant des années avant de pouvoir enfin mettre des mots sur certaines de mes caractéristiques. Perdre le fil et divaguer, procrastiner, manquer terriblement d’organisation, avoir une mémoire à court terme assez bancale, ne jamais retrouver mes affaires… Tellement de choses que j’avais fini par accepter comme une fatalité. C’est seulement le 28 décembre 2020, alors que je m’apprête à avoir 20 ans, que ça y est, un professionnel me le confirme : oui, j’ai un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité).

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Arriver jusqu’à cette phrase ne s’est pas fait en quelques minutes. J’ai d’abord compris que j’avais de l’anxiété chronique. Déjà, je partais sur quelque chose, ça m’avait énormément aidée sur de nombreux autres points. Ça avait expliqué certaines choses chez moi, mais pas tout. Il y a des caractéristiques de ma personnalité que je ne trouvais nulle part. Le TDAH, j’en avais entendu parler, mais vaguement, et je ne considérais même pas ça comme une possibilité.

Quand je voyais les gens en parler, je scrollais, tout simplement. Puis, les réseaux ont de plus en plus abordé les troubles neurologiques. Par curiosité, je me suis renseignée sur ce que je voyais. Je ne scrollais plus. Je m’arrêtais quelques minutes et je lisais. Je ne sais plus trop comment, ni ce que j’ai lu exactement un jour sur le TDAH qui m’a fait me dire : « Eh, mais en fait c’est comme moi, ça ! » J’ai continué ma lecture jusqu’à ce que mon ventre se serre, car je me retrouvais dans tout ce qui était dit.

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230 euros le rendez-vous

Pendant plusieurs semaines, puis mois, l’idée d’un possible TDAH me trottait dans la tête, et je ne pensais presque plus qu’à ça. J’avais vraiment besoin de savoir. Alors, j’en ai parlé à mon père et, après quelques conversations, il a lui aussi pensé que c’était probable et qu’il faudrait en parler à mon psychiatre actuel, ce que j’ai fait la fois suivante.

Il m’a recommandé un professeur sur Paris, un expert dans ce domaine. Mais le prix d’une consultation avait de quoi en assommer plus d’un : 230 euros le rendez-vous, et je n’étais même pas sûre d’avoir un TDAH. D’autres semaines se sont donc accumulées, jusqu’à ce que je dise à mon père : « Je pense que ça en vaut la peine. » C’est lui qui a payé ma consultation, et je lui en suis tellement reconnaissante. Ce n’est pas donné et nous ne sommes pas riches, mais il a compris que c’était nécessaire et il m’a aidé dans tout le processus.

J’étais très anxieuse avant. J’avais peur que l’on dépense cet argent « pour rien », que ce que je n’ai rien à voir avec un TDAH, que pour quelque raison que ce soit ça se passe mal…

Finalement, il n’a fait que me rassurer. Il m’a confirmé une suspicion très plausible d’un TDAH et m’a réorientée vers une psychiatre spécialisée, qui m’a fait un diagnostic complet, pour environ 300 euros : un long questionnaire à l’écrit et une discussion posée à l’oral. J’ai fait venir mon père, car son point de vue sur mon enfance et mes façons d’agir améliorait la qualité du diagnostic. Mais surtout parce que sa présence me rassurait énormément.

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Comprendre, appréhender et avancer

Le résultat a donc été officialisé, et comme je savais désormais que j’ai un TDAH, il fallait agir en conséquence. Je suis retournée voir le professeur (+ 230 euros), et on a parlé d’un possible traitement ensemble. Honnêtement, j’avais un peu peur, car je prends déjà d’autres médicaments, et je redoutais que ça fasse « trop » pour mon corps. Je ne parle même pas des effets secondaires, rares mais tout de même écrits sur la notice : convulsions, mort subite, infarctus…

J’ai attendu la rentrée avant de commencer le traitement, avec grande appréhension. Bien que j’ai préféré attendre environ neuf mois avant de l’entamer, durant toute cette période, j’ai pu avancer dans ma vie personnelle et sur la vision que j’ai de moi. Le fait d’avoir enfin une explication, de comprendre les événements passés, mes expériences antérieures… Ça a bouleversé mon quotidien.

Clémence, 21 ans, étudiante, Île-de-France

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