L’audiovisuel est-il le nouveau diesel ?

Ce lundi 7 octobre, l’Arcom a publié une évaluation de l’impact environnemental des différents modes de diffusion audiovisuelle. La toute première du genre ! L’autorité de régulation estime ainsi que les usages audiovisuels en France au cours de l’année 2022 ont produit autant d’émissions de gaz à effet de serre qu’un parc de 4 millions de véhicules. Un bilan qui prend uniquement en compte la télévision en direct, la vidéo à la demande, et les plateformes d’écoute et de vidéos, et qui pourrait encore s’alourdir de plusieurs 33 tonnes s’il intégrait également les usages liés aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux ou encore aux visioconférences. `

Mais alors peut-on encore mater Netflix et se dire écolo ? Existe-t-il un moyen de regarder Top Chef sans culpabiliser ? On a tenté de trouver des solutions à cette épineuse question.

Malgré quelques belles créations made in France, en matière de divertissement, c’est toujours Hollywood qui mène la danse. Ainsi, avec l’offre pléthorique de séries diffusées sur les networks américains, les chaînes câblées, et les plateformes de streaming (pas moins de 516 séries différentes sur l’année 2023), vient aussi son lot d’annulations en cascade. Sur la saison 2023/2024, ce sont par exemple des dizaines de séries qui ont été annulées ou non renouvelées, et jetées dans les oubliettes de la fiction. Une déception pour le public et les scénaristes, mais une vraie chance pour la planète ! Car une série déjà bouclée donne davantage envie de savourer chaque épisode, plutôt que de binge-watcher comme si la vie des personnages en dépendait. Pour épargner la nature, évitez également à tout prix les animés japonais, qui ne seront probablement pas encore terminés avant vos 43 annuités de retraites…

Qui a besoin de voir les rides du front de Brad Pitt en 4K, quand on peut apprécier sa filmo à travers un filtre impressionniste pixellisé ? Car miser sur une qualité de visionnage dégueulasse, c’est aussi la promesse d’une esthétique lo-fi hyper tendance ! Les amateurs de longs-métrages tournés à la pellicule ne devraient d’ailleurs pas être trop dépaysés. Même constat pour les puristes des vinyles, qui auront une nouvelle occasion de briller en enseignant aux fans de Spotify l’art de chérir les imperfections.

Parce que les vidéos clubs ne sont pas seulement des décors d’interviews pour Konbini, plutôt que de faire fonctionner à plein régime ces usines à gaz que sont la VOD ou les plateformes, donnez votre argent aux petits loueurs qui ont survécu à l’ouragan du streaming. Des rayonnages bien achalandés et des catalogues souvent aussi variés que ceux du web, le plaisir du contact humain avec un vendeur cinéphile en plus, et la satisfaction unique de débusquer des boîtiers blue-ray aux jaquettes aussi kitsch que bigarrées.

Lancer un podcast en faisant des tâches ménagères est désormais une habitude pour des millions de Français.es. Et si au lieu d’écouter une énième émission de faits divers sordides en récurant vos boules à thé, ou de vous passionner pour l’histoire d’amour tragique de deux colocataires, vous en profitez pour appeler vos grands-parents ou vos aînées. En effet, l’empreinte écologique du téléphone n’est pas nulle, mais elle est essentiellement liée à la fabrication des appareils (70% de l’impact environnemental). En choisissant de passer un coup de fil à votre mamie plutôt que d’aller sur une plateforme d’écoute, vous limitez donc sérieusement votre impact sur la pollution, en plus de renforcer le lien intergénérationnel. Et qui sait, elle aussi a peut-être des anecdotes de cohabitation qui ont dérapé à partager…

Si vous vivez dans la partie nord de l’Hexagone, vous avez probablement déjà troqué vos shorts pour des k-way. D’ailleurs, avec un excédent pluviométrique de près de 60 % par rapport aux normales de saison, ce mois de septembre a été le plus arrosé depuis 25 ans. Un déluge perpétuel qui donne envie d’hiberner, plutôt que d’affronter un ciel couleur vieux cendrier. Le problème, c’est que qui dit “cocooning”, dit souvent aussi “consommation extensive de contenus”. Et c’est alors le cercle vicieux de la pollution qui s’enroule autour de votre cou comme une écharpe qui gratte, puisque c’est précisément ce binge-watching intensif, qui participe au changement climatique… Alors que faire ? Déménager dans un coin épargné par les fortes précipitations ? Pas toujours possible, et pas sûr non plus que toute l’Ile-de-France soit la bienvenue à Cavaillon… Optez plutôt pour une méthode éprouvée afin de vous occuper : fabrication de tartes et jeux de société. A force, vous parviendrez peut-être même à vous auto-convaincre que vous aimez la coinche.