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L’art du remake au cinéma : 4 films avec une impression de déjà vu, à voir

C'est rare, mais ça existe.

Par
Benoît Lelièvre
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Chaque fois qu’Hollywood annonce le remake d’un film classique, les gens de ma génération vivent un deuil à l’envers :

Phase 1 – Acceptation: « NOUVEAU DIRTY DANCING, WHOOOOOO!»

Phase 2 – Dépression et douleur: « Ah FUCK! C’est Zack Snyder qui réalise. »

Phase 3 – Négociation: « Apparemment, y’a une scène de douze minutes où Johnny se bat au couteau avec le père de Baby au milieu. Ça va être drôle. »

Phase 4 – Colère: « C’est moi ou il l’échappe et elle se fracture le crâne à la fin du trailer? What the FUCK? »

Phase 5 – Choc et déni: « Nouveau Dirty Dancing? En nouveauté Netflix, vous voulez dire? »

Croyez-le ou non, l’industrie du film n’essaie pas du tuer votre enfance à grands coups de navets surproduits. Elle pourrit l’enfance de tout le monde depuis environ un siècle. À défaut d’avoir une suite à vendre, les studios vont mettre leur catalogue sur les tablettes pendant quelques années pour le revendre à la génération suivante. Si les parents kiffent déjà un film, ils en seront les meilleurs ambassadeurs pour la génération future.

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Parlez-en à tous les enfants qui se sont fait arracher à leur partie de Fortnite pour regarder les nouveaux Star Wars.

C’est rarement une bonne nouvelle si Indiana Jones, les Goonies ou peu importe le film fétiche votre jeunesse est remis au goût du jour.

Un remake, c’est une manière pour un studio de faire de l’argent avec une audience déjà existante en réduisant ses coûts. Vous vous souvenez de A Star is Born en 2018 avec Bradley Cooper et Lady Gaga? Il s’agit non pas de la deuxième ou la troisième, mais bien de la quatrième mouture du film (1937, 1954, 1976 et 2018). Si vous avez l’impression qu’il y a de plus en plus de remakes aujourd’hui, c’est parce que c’est VOUS qu’Hollywood veut emmener en salles.

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C’est donc rarement une bonne nouvelle si Indiana Jones, les Goonies ou peu importe le film fétiche votre jeunesse est remis au goût du jour. Mais tout n’est pas perdu! Chaque règle a ses exceptions, alors voici 4 films qui ont réussi leur transition générationnelle :

L’Armée des morts (2004)

Basé sur le légendaire film à petit budget de George Romero où des zombies envahissent un centre d’achats, L’Armée des morts. L’idée originale du film était de transformer un espace banal en zone mortelle afin de provoquer la terreur et le remake porte les choses à un autre niveau. Située dans un quartier paisible et sans histoires, l’infection parasitaire transforme ce petit coin de paradis stéréotypé en portrait apocalyptique dans l’espace de quelques scènes.

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Si l’idée d’affronter des zombies dans un monde déjà saccagé a fait le succès de la série The Walking Dead, L’Armée des morts pousse la limite encore plus loin et vous fait sentir dans vos fibres que le monde s’écroule. Le film respecte l’esprit du matériel original tout en se montrant plus ambitieux en amplifiant la terreur ressentie lorsque le sentiment de sécurité s’effondre.

Vous me direz que c’est ironique de commencer mon analyse avec un film de Zack Snyder et vous avez raison. Personne n’est à l’abri d’un coup de génie accidentel: Drake a inventé un mot en voulant inventer un hashtag, alors…

Dredd (2012)

Originalement basée sur le roman graphique de John Wagner, la première adaptation de Judge Dredd au cinéma était un tantinet contre-intuitive au concept. Cette machine à tuer qui nettoyait les rues avec le sang des criminels était accusée d’un crime qu’elle n’avait pas commis et se voyait forcée de fuir la justice. C’était comme si on essayait de vous vendre une saucisse et une tranche de pain en vous disant de vous faire un hot dog.

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Dix-sept ans plus tard, un remake beaucoup plus fidèle au matériel original voyait le jour. Le concept est simple: le bon juge doit aller chercher une trafiquante de drogue perchée au 200e étage d’un immeuble à logements.

Écrit par l’immortel Alex Garland (Ex-Machina, Annihilation) le film se veut une critique du rôle de juge et bourreau attribué aux forces de l’ordre et affirme qu’une criminalité hors de contrôle ne peut qu’être le fruit d’une justice corrompue. Le tout avec beaucoup de guns et beaucoup de sang. Bien qu’inspiré par le film indonésien The Raid, Dredd est le grand frère des films de guns modernes comme John Wick.

Mad Max: Fury Road (2015)

Je sais : Ben, Mad Max: Fury Road c’est une suite, pas un remake. Certains m’enverront des messages privés pour me dire de manger de la merde et d’arrêter d’écrire. Riez pas, c’est déjà arrivé. Avant de monter sur vos grands chevaux, sachez que Mad Max : Fury Road est une suite ET un remake. C’est ce qu’on appelle dans le jargon un soft reboot.

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Un soft reboot, c’est quand on raconte deux fois la même histoire (ou presque) au sein du même univers. Ici, il se passe exactement la même chose que dans Mad Max 2: notre héros se sauve d’une bande de mécréants à bord d’un camion-citerne dans un monde post-apocalyptique, mais pour des raisons différentes. Un soft reboot c’est une manière d’explorer d’autres thèmes en faisant vivre les mêmes émotions à une génération différente. Ça rate rarement.

Suspiria (2018)

Mon remake préféré… peut-être à vie? Lorsque l’annonce a été faite que Luca Guadagnino allait refaire le film d’horreur classique de Dario Argento Suspiria, je me suis vraiment demandé comment ça pouvait même être possible. Un film si coloré, criard et complètement détaché de la réalité semblait appartenir à une époque révolue. Le premier Suspiria, c’est beaucoup de boules, de sang et de femmes qui crient.

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Le très rusé M. Guadagnino a fait exactement le contraire (ou presque): une facture visuelle sobre, un ton beaucoup plus lourd et mystérieux et surtout des thématiques beaucoup plus profondes comme la maternité, la culpabilité et l’abus de pouvoir. Le remake est sans contredit meilleur et plus pertinent à notre époque que l’original. Un remake cinématographique qui est tout le contraire de son original, c’est pas mal comme stunt.