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L’apnée du sommeil vous empêche-t-elle de fonctionner à pleine capacité?
Vous vous réveillez fréquemment la nuit, vous avez rarement l’impression de vous sentir reposé.e le matin et votre partenaire se plaint régulièrement de vos ronflements ? Cela signifie peut-être que vous souffrez d’apnée du sommeil, un trouble qui touche 7,9% des personnes âgées de 20 à 44 ans, 19,7% des 45–64 ans et 30,5% des personnes de plus de 65 ans.
Véronique Latreille, neuropsychologue spécialisée en sommeil, différencie ainsi le ronflement de l’apnée du sommeil : « le ronflement est souvent associé à l’apnée, mais ce n’est pas nécessairement d’emblée un indicateur qu’on souffre d’apnée du sommeil. Le ronflement est un des symptômes qu’on va observer, alors que l’apnée, c’est le fait d’arrêter de respirer pendant le sommeil. Ce n’est pas seulement un rétrécissement des voies respiratoires, c’est aussi une pause respiratoire d’environ dix secondes et ça revient de façon répétée à chaque nuit. Le nombre de répétitions va déterminer la sévérité de l’apnée. »
La neuropsychologue ajoute : « L’apnée est le fait d’arrêter de respirer pendant la nuit. Comme le cerveau a besoin d’oxygène pour fonctionner, il va déclencher un signal d’alarme pour demander de rouvrir les voies respiratoires. On recommence alors à respirer et l’on va se réveiller pour retrouver un peu de tonus musculaire dans les voies respiratoires. Souvent, on va faire un gros bruit quand on va retrouver la respiration qui peut être associé à un ronflement ».
D’où ça vient ?
Selon Véronique Latreille, il n’y a pas de profil type et tout le monde peut être touché par ce trouble du sommeil.
« Il n’y a pas à proprement dire d’influence génétique, mais le fait d’avoir certaines caractéristiques faciales, comme une petite mâchoire, ou le menton reculé peuvent entraîner plus de rétrécissement ou d’obstruction dans les voies respiratoires », précise la spécialiste.
Elle continue : « l’âge est un gros facteur de risque. Plus on vieillit, plus on est à risque de souffrir d’apnée du sommeil. »
« Dès que l’on est âgé de plus de 65 ans, c’est un adulte sur deux qui présente des symptômes d’apnée du sommeil. »
« Les hommes sont un peu plus à risque que les femmes, car ils ont tendance à être plus corpulents que les femmes en vieillissant ».
Les facteurs de risques les plus fréquents sont l’obésité, l’embonpoint, le fait d’avoir un large cou et de dormir sur le dos. La prise d’alcool peut également aggraver ces troubles parce qu’il crée encore plus de perte de tonus musculaire. Il y a donc plus d’affaissement sur les voies respiratoires.
Les risques
Selon la spécialiste, ces troubles ne devraient surtout pas être pris à la légère.
« C’est vraiment très fréquent, souvent sous diagnostiqué et sous-traité, » déplore la neuropsychologue.
Toutefois, le ronflement en tant que tel n’a pas de répercussions graves sur la santé, contrairement à l’apnée du sommeil.
En effet, si l’apnée n’est pas traitée, elle peut avoir des conséquences plus sévères sur la santé, comme des maladies cardio-vasculaires, provoquer des accidents cérébraux, créer des problèmes cognitifs, de concentration, de mémoire, des déficits d’attention, de vigilance, en plus d’avoir des répercussions négatives sur notre capacité à rester éveillé.e et sur des fonctions exécutives, comme l’organisation et la planification.
Les pauses respiratoires provoquées par l’apnée vont créer de courts réveils à plusieurs intervalles au cours de la nuit. Plus c’est sévère, plus on va se réveiller. Les arrêts respiratoires peuvent créer de 15 à 20 réveils par heure.
« Si c’est modéré sévère, ça peut aller jusqu’à une trentaine, voire une quarantaine de réveils par heure. Ça devient alors très grave ».
Les symptômes les plus fréquents de l’apnée du sommeil sont une très forte somnolence : « on lutte pour rester éveillé durant la journée et on a tendance à s’endormir si on est assis sans trop rien faire. On peut même s’endormir au travail, ou en conduisant. On va manquer d’énergie, on va être plus fatigué. Ça peut jouer sur l’humeur, on est plus irritable, ou déprimé. Le matin, on peut avoir des maux de tête ou la bouche sèche. »
Des solutions, il y en a
Plusieurs traitements existent et ils sont très efficaces, selon la neuropsychologue : « on peut renverser des symptômes de somnolence en quelques jours, si le traitement est bien adapté. Même les troubles cognitifs peuvent être réversibles après plusieurs semaines, voire quelques mois de traitement. »
Elle rappelle que ces troubles doivent être diagnostiqués par un.e spécialiste, par exemple un.e pneumologue. « On va effectuer un enregistrement au laboratoire pour analyser le niveau de la respiration, ce qui cause les pauses respiratoires, leur durée et leur fréquence », explique la spécialiste.
Les apnées modérées sévères vont souvent être traitées avec des appareils de ventilation par pression continue qui envoient un flot d’air continu dans le nez ou la bouche, selon le port des masques faciaux complets ou intranasaux.
Sinon, il existe des prothèses dentaires (prothèses mandibulaires) pour les personnes qui ont la mâchoire obstruée. Celles-ci vont avancer la mâchoire afin qu’un maximum d’air puisse passer.
« Dans certains cas, il faudra avoir recours à des traitements chirurgicaux, s’il y a des anomalies structurelles à la mâchoire. On propose aussi des thérapies positionnelles : si on voit que l’apnée est plus sévère lorsque la personne dort sur le dos, on va lui conseiller d’essayer d’autres positions, sinon ça va aggraver les pauses respiratoires », explique la neuropsychologue.
Véronique Latreille rapporte que la perte de poids s’avère souvent être la mesure la plus utile pour diminuer le tissu adipeux, tant au niveau du cou et de l’abdomen. Elle conseille aussi d’éviter de consommer de l’alcool et de faire de l’exercice physique trop tard, le soir.
Finalement, la spécialiste rappelle que « le sommeil est essentiel pour notre fonctionnement physique et mental ». Elle préconise d’adopter une bonne hygiène de sommeil, c’est-à-dire d’avoir des heures de coucher et de lever régulières et de diminuer notre temps d’exposition aux écrans.
Bref, réunir les conditions nécessaires pour avoir la meilleure qualité de sommeil possible.