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L’année 2020 sera-t-elle (aussi) celle des extraterrestres?
Depuis 2017, le New York Times publie sur une base assez régulière des articles qui se penchent notamment sur des vidéos d’objets volants non identifiés (OVNI) captées par des pilotes de l’armée américaine.
Depuis avril 2020, ces articles sont de plus en plus présents. On y parle de documents classifiés, de secrets gardés par le Pentagone, de grandes révélations censées nous être livrées sous peu.
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Un article du New York Times
En avril, justement à la suite de la publication de certaines vidéos, un sénateur démocrate avait même évoqué la nécessité de se pencher sur certaines de ces vidéos pour la sécurité nationale.
Alors, après les incendies en Australie, le/la COVID, #blm et la vague de dénonciations, est-ce qu’on est sur le point de découvrir que des extraterrestres ont détourné du trafic vers nous?
On a donc fait appel à l’astrophysicien Robert Lamontagne pour en avoir le coeur net.
C’est quoi l’affaire?
D’une voix animée d’intérêt, Robert Lamontagne m’explique, avant même que j’aie le temps de le demander, d’où vient toute l’histoire.
Ce qui nous intéresse ici, ce sont 3 vidéos rendues publiques par le Pentagone des États-Unis, le département de défense nationale. Sur ces vidéos datant de 2004 et 2015, on peut apercevoir quelque chose de lumineux se déplacer étrangement. On entend également les pilotes réagir et être intrigués par le phénomène.
Le Pentagone a par la suite affirmé que les vidéos étaient bien réelles.
Mais qu’est-ce qu’on voit vraiment sur ces vidéos? Tout de suite, des gens se sont emportés, affirmant que c’est la preuve qu’on attendait tous d’une existence extraterrestre.
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Un autre grand titre du quotidien américain.
En plus de tout ça, le New York Times a appris dernièrement que le Pentagone s’intéressait au phénomène et en traitait même dans ses réunions secrètes. CNN a aussi rapporté qu’un rapport de la « Unidentified Aerial Phenomenon Task Force » (Google nous propose de traduire par « Groupe de travail sur les phénomènes aériens non identifiés », mais ça fait moins sci-fi, je trouve) devait être publié dans les prochains mois à ce sujet.
On tient quelque chose, non?
Est-ce qu’on est dans Arrival?
Voici ce qu’on sait sur les vidéos : premièrement, Robert Lamontagne m’explique qu’il faut comprendre que les pilotes ne voient pas de leurs propres yeux l’objet volant. Ils voient exactement la même chose que ce que nous voyons sur la vidéo. C’est donc lointain, flou et peu précis. Ensuite, les caméras dont sont équipés leurs avions sont des caméras sensibles à la lumière infrarouge. Ce qu’elles captent, ce sont les éléments qui émettent de la chaleur.
Ces deux faits énoncés, l’astrophysicien me réfère à deux spécialistes d’analyse de vidéos du genre.
Il y a d’abord François Louange, ingénieur de formation et spécialiste de l’analyse des images. N’ayant pas travaillé spécifiquement sur les vidéos qui nous intéressent aujourd’hui, il a tout de même déjà analysé une multitude d’évènements du même type. Son interprétation : on est devant des restants de gaz d’échappement d’avions commerciaux, vus de très loin.
«Au lieu d’essayer de l’expliquer avec de la physique que nous ne connaissons pas, essayons de l’expliquer avec la physique qu’on connaît!» réplique-t-il.
Ensuite, il y a Mike West, youtubeur dévoué au décryptage de vidéos qui dément les théories conspirationnistes. Mike West a, pour sa part, analysé en détail les vidéos du Pentagone. En plus d’appuyer la théorie des gaz d’échappement d’avions, il compare le phénomène observé dans une des vidéos à un objet fixe qu’on observerait d’une voiture roulant sur l’autoroute. La grande vitesse du véhicule nous donne l’impression que l’objet se déplace avec nous, mais ce n’est qu’une illusion.
Un peu décevant, j’avoue. L’explication est si banale que je ne peux me retenir de demander : oui, mais, ce ne sont que des théories non?
À l’autre bout du fil, monsieur Lamontagne étouffe un petit rire : « Bien sûr! Mais dire que c’est extraterrestre, c’est une hypothèse extrêmement audacieuse! » Il m’explique alors que pour avancer cette théorie, il faudrait des preuves au moins aussi extraordinaires que l’explication. Ce que nous n’avons pas. Alors dans ce genre de situation, il faut faire appel aux hypothèses les plus probables. « Au lieu d’essayer de l’expliquer avec de la physique que nous ne connaissons pas, essayons de l’expliquer avec la physique qu’on connaît! » réplique-t-il.
Les OVNIS, c’est pour quand?
Je tente donc une dernière question sur le sujet : à quel point sommes-nous loin de découvrir des objets extraterrestres dans notre système solaire?
Très loin me répond-il. Catégorique, il m’annonce qu’il n’y a aucune preuve suffisamment sérieuse pour affirmer que nous sommes ou avons déjà été visités par des extraterrestres. Ce n’est par contre pas une hypothèse qui est rejetée par les chercheurs! Chaque fois qu’un évènement inexpliqué arrive, cette hypothèse se retrouve sur la liste au même titre que plusieurs autres. Ensuite des tests et des analyses sont effectués, puis l’explication la plus probable est choisie. Ça n’est jamais celle des extraterrestres.
Alors pourquoi le Pentagone s’intéresse-t-il autant au sujet?
Il n’y a aucune preuve suffisamment sérieuse pour affirmer que nous sommes ou avons déjà été visités par des extraterrestres.
C’est simplement une question de sécurité nationale pour monsieur Lamontagne. Il m’explique que dans certains cas, le Pentagone va s’y intéresser de peur que ce soit une technologie plus avancée d’un autre pays comme la Chine ou la Russie. Dans d’autres cas, par crainte d’un phénomène naturel qui pourrait s’avérer dangereux pour leur propre aviation.
J’ai du mal à dire si j’étais soulagée ou pas en raccrochant, mais la partie logique et rationnelle de mon cerveau a pris le dessus. Il est vrai que nous avons toujours cherché à découvrir que nous n’étions pas seuls dans l’univers, même l’astrophysicien m’a avoué espérer au fond de lui se réveiller au milieu de la nuit puis trouver une soucoupe volante dans son jardin.
On peut bien rêver.