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Lancement du défilé des Présidentielles : zoom sur le look des candidats
La salle s’assombrit et les spots lumineux se dirigent vers la piste. En coulisses, les prétendants font les cent pas. Le gong se fait entendre, plus question de reculer : le défilé des Présidentielles va commencer.
Ils sont 12 à se lancer pour le convoité titre de Président de la République. Que la bataille commence ! À l’instar d’un véritable défilé Haute Couture, chaque geste, chaque réaction compte. Même le look ! « L’apparence a de l’importance et les candidats le savent très bien », confirme Nathalie, coach en image et fondatrice de la société Un regard sur Vous. « Ces compétiteurs prennent soin d’envoyer un message bien particulier à travers leur allure ». Grâce à son œil d’experte, nous avons décrypté le style de chacun d’entre eux.
Marine Le Pen
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Tout se joue sur la couleur. Le bleu Marine, celui de son prénom, de ses yeux, de sa couleur politique. “En plus de choisir le bleu de son parti, c’est une couleur qui lui va très bien”, assure Nathalie, experte en image. “Cette candidate pioche dans la penderie classique, celle qui est lue par le plus grand nombre, celle utilisée notamment pour un entretien d’embauche”. Veste de costume ou blouse, Marine Le Pen ne fait effectivement pas dans l’extravagance. Classique, chic, comme on oserait dire. “On ne la voit jamais, ou rarement, en jean”, reprend Nathalie. “Elle ose même la jupe”. La jupe et le genou dénudé, sur la couverture de son livre ! “Elle assume sa coquetterie. Elle dédiabolise son image, la féminise”.
Côté cheveux, Marine est blonde. Ça n’a pas changé depuis ses débuts en politique, en 1998. “Elle dompte sa coupe et la couleur de son blond. Tant qu’elle n’est pas platine, ça fonctionne”. Les sourcils sont travaillés, le maquillage discret mais présent, une analyse ? “Elle sait se mettre en valeur sans en faire trop”.
Concrètement, Marine Le Pen montre par son image qu’elle a de l’expérience. L’apparence a de l’importance, et elle le sait. Elle ose montrer sa touche de féminité, peut-être pour s’opposer à l’image de son père, Jean-Marie ? Tout en assumant clairement ses choix politiques, celui du bleu foncé, celui de l’extrême droite.
Eric Zemmour
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“Quand il est devenu candidat, la transformation physique d’Éric Zemmour a été totale”, analyse la conseillère en image. Fini le polémiste au menton baissé et le regard perçant. Place à l’homme politique. Couleurs plus lumineuses, changement de coupe et de lunettes… “Un vrai coup de fouet ! Son coach en image a fait du bon boulot », sourit la professionnelle. “Il garde ses tempes grises, mais continue de se teindre les cheveux, pour ne pas trop vieillir”. Il joue clairement le jeu de la présidentielle, on en oublierait presque sa ressemblance avec Monsieur Burns.
Au niveau de la penderie, pas de grand changement pour l’ancien journaliste : il porte toujours un costume. La nuance est fine, c’est avec ou sans cravate. “Soit il estime qu’il faut être bien habillé pour avoir le respect des électeurs, soit il ne sait pas s’habiller cool”.
Ses deux affiches de campagne marquent bien le changement du candidat de la Reconquête!. “Sur la première, il a l’air machiavélique”. Sur la seconde (l’officielle), Zemmour se redresse, il est droit, il est fier. “C’est important, il doit montrer qu’il est capable de représenter la France, d’être à la hauteur”. Il faut en avoir des épaules pour affronter Vladimir Poutine.
© Radio France – Xavier Ponroy
Yannick Jadot
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Crédit : ISA HARSIN/SIPA
Yannick Jadot, c’est un peu le bobo de la bande. Costume bien taillé, col roulé, veste… “Il est bon chic, bon genre”, analyse Nathalie. Presque dans la séduction, l’écologiste joue avec son image. On serait presque charmé par le côté cool et décontracté qu’il projette. “Il est assez élégant ! Il remonte ses cheveux dans un mouvement qui lui donne un vrai dynamisme”. Un mouvement de cheveux toujours vers la gauche d’ailleurs.
Par ses choix vestimentaires, Yannick Jadot ne rentre pas intégralement dans l’image du chef d’entreprise, du patron. Mais il sait porter la chemise et le costume. « Ce n’est pas rare chez les candidats de gauche. Ils veulent montrer qu’ils connaissent les codes traditionnels, mais pas tout le temps ». Flexibilité garantie.
D’ailleurs, Yannick Jadot aurait abandonné les gros bracelets qui ne quittaient pas son poignet droit depuis plusieurs années. C’est qu’il se met dans le personnage ! « Il me rappelle un peu Jack Lang. (ancien ministre de la Cullture) C’est le premier député à avoir fait parler de lui dans l’hémicycle quand il a remplacé la chemise à col traditionnel par un col mao ».
Valérie Pécresse
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© Crédit photo : Michel Faure/SUD OUEST
Pour la coach Nathalie, Valérie Pécresse est la candidate qui a un “problème avec son image”. C’est-à-dire ? D’abord, il y a le visage “trop tiré”, sûrement dû à des techniques esthétiques ? Ses cheveux qu’elle doit garder court pour ne pas trop faire “old fashion”. Sans oublier sa façon de bouger, ses mouvements : la candidate LR semble faire des gestes qu’on lui a appris. “Ce n’est pas très naturel”, confirme l’experte.
Mais côté fringues, elle s’en sort plutôt bien. “Elle est souvent en rouge, une couleur qui lui va très bien au teint”. Pendant les primaires de la droite, organisées fin 2021, elle s’est clairement démarquée par son allure. Face à Xavier Bertrand, Michel Barnier, Éric Ciotti et Philippe Juvin, habillée de rouge, Valérie Pécresse était l’éclat de lumière dans un milieu de costume sombre. Donc quand elle a choisi la tenue classique noire pour son premier meeting, cela ne lui a pas vraiment rendu service… “Elle a voulu que les gens restent focus sur ses mots et non pas sur son image, mais cela sera toujours pris en compte. Le non-verbal a une place importante”.
Contrairement aux hommes qui portent toujours la chemise en dessous de la veste, Valérie Pécresse se permet le t-shirt ou le pull col V. “Ça lui allonge la ligne et ça décontracte la tenue”, explique la conseillère en image. Et la mèche de cheveux qui tombe sur le visage, est-ce que c’est volontaire ? “Comme nous tous, la candidate a le visage asymétrique. Elle a un œil plus petit que l’autre et je suppose qu’elle tente de le dissimuler sous cette mèche”.
Jean-Luc Mélenchon
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Le candidat de la France Insoumise, c’est celui qui a fait un grand pas en avant vers la mode. Ça fait un bout de temps que ses électeurs ne l’ont pas vu ressortir sa parka d’ouvrier. Pour endosser le rôle du candidat idéal, Jean-Luc Mélenchon porte le costume, la chemise et même la cravate, “toujours rouge”. Une couleur qui fait évidemment référence à son parti de gauche.
“D’après son look, Mélenchon semble dire : je suis chic, mais je suis cool”, assure Nathalie. “C’est un homme qui prend soin de son image”. Petit brushing pour l’affiche de campagne, lunette assortie à ses cheveux, regard lointain, “il a fière allure”. Sa nouvelle paire de lunettes, il avait même pris soin de la faire valider par sa communauté sur Instagram, en proposant un sondage, histoire de savoir s’il était beau gosse.
Sur la couverture de son bouquin, Mélenchon tente même le col roulé, veste. Un peu à la Jadot. “Il rappelle qu’il est proche du peuple, qu’il sait s’habiller comme nous”. On lui donnerait même un air d’écrivain philosophe, et ce n’est pas pour lui déplaire. Ce candidat, c’est un vieux de la vieille, “il ne perdra pas de point sur la tenue”.
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Nathalie Arthaud
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Nathalie Arthaud ne rentre pas dans les codes. Ni ceux de la couleur rouge de son parti politique, ni ceux des tenues traditionnelles de campagne présidentielle. Dans la lutte ouvrière, on oublie les costumes et les chemises, on est plutôt tenté par des blouses colorées et des petits pulls fins cols V. “Cette candidate rappelle sans détoure Arlette Laguillé, militante syndicale, premiere femme a etre rentrée dans un monde d’hommes. Elle assumait son androgynie, comme Arthaud aujourd’hui”, analyse la professionnelle de l’image.
Sur la candidate, on ne retrouve ni artifice, ni maquillage, ni bijoux. “Elle veut se représenter au naturel”. Jamais de décolleté ou de jupe, rarement de vêtements près du corps. “Elle ne met pas sa féminité en avant, malgré tout, elle reste une jolie femme”. Sa coupe de cheveux est simple, “elle pourrait essayer un coiffé/décoiffé mais cela ne lui correspond pas. Elle a cette coupe pour que cela soit pratique”.
Ses choix de vêtements aussi sont simples, “casual”, selon l’experte. Le jean est clairement son pantalon préféré. “Elle a sûrement envie de s’habiller comme madame tout le monde”. Il y a quand même eu un petit changement de lunette ! On passe de la couleur grise au rouge. “c’est un bon choix, ça la dynamise”.
Le message de Nathalie Arthaud est clair : elle ne prête pas d’intérêt à la sophistication. Pour elle, seules les idées comptent. “Elle ne veut pas qu’on prenne son image en compte, mais c’est peine perdue. Même si elle était nue, on l’analyserait”.
Emmanuel Macron
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Que les choses soient claires, il est aujourd’hui impossible de différencier le candidat du président. Il n’a d’ailleurs pas encore d’affiche de campagne, puisque Emmanuel Macron vient d’annoncer officiellement sa candidature dans une lettre adressée aux Français.
Candidat comme président, Emmanuel Macron est toujours en costume. “On sait qu’il porte des costumes confectionnés par Jonas & Cie, rue d’Aboukir, à Paris et ils sont parfaits, bien taillés”, et à priori pas trop chers. Macron porte principalement le bleu, et de temps en temps le gris. “Des couleurs bien choisies, le gris est le symbole de la diplomatie et le bleu de la connaissance, entre autres”. Avec sa cravate, il a la tenue traditionnelle du président de la République et du candidat moulé pour le poste.
Côté coupe de cheveux, qu’est-ce que l’experte en image en pense ? “Il laisse ses pattes longues et larges, ça encadre son visage et apporte de la virilité”. On voit un petit changement depuis le début du quinquennat parce qu’elles sont désormais grisonnantes… “Il a les cheveux qui ondulent, sûrement difficiles à dompter, d’où la coupe assez courte et entretenue”. D’ailleurs, on remarque une petite mèche rebelle à l’avant.
Quand il en a l’occasion, le président sourit souvent la bouche fermée. Mais parfois, il laisse exprimer sa petite particularité : ses deux dents de devant écartées. “Un aspect physique que les gens associent au bonheur”. Vont-elles lui porter chance ?
Nicolas Dupont-Aignan
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Nicolas Dupont-Aignan connaît les codes. On peut facilement lui attribuer le rôle du premier de la classe. “Il a l’image du gendre idéal”, assure Nathalie. Le sourire en coin, les petits yeux rieurs… Le candidat de Debout la France fait l’affaire et respecte les règles.
Il porte le costume, avec ou sans cravate, depuis des années. Mais il a récemment su moderniser son look. “Il garde désormais les cheveux courts, ça lui va mieux”. Il a abandonné son côté fleur bleue, et c’est préférable ! “Son large front est aussi mis en avant par ses cheveux relevés et ça lui donne un côté intellectuel”.
Les couleurs sont souvent les mêmes, avec le traditionnel bleu, blanc, rouge, digne du souverainiste qu’il est. “Son costume est bien taillé. Il porte des cols à la française, c’est-à-dire plus courts, avec une chemise de belle facture, c’est moderne”. Dans le classique, on ne peut pas faire mieux. C’est validé, il entre dans les normes.
Philippe Poutou
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© Crédit photo : Salinier Quentin
Situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique français, on ne voit jamais Philippe Poutou en tenues traditionnelles, celles qui font référence de près ou de loin au pouvoir, ou à l’autorité. “Son uniforme à lui, c’est le jean”, confirme la fondatrice d’Un regard sur vous. “Dans sa penderie, il n’y a ni blazer, ni chemise formelle. Il y a en revanche des baskets pas très fraîches”.
Concrètement, chez Poutou, il n’y a pas l’air d’avoir de différence de look entre un dimanche en famille, un meeting ou un débat entre candidats. “Il ne fait aucun effort vestimentaire”. Sûrement pour nous prouver qu’il ne ment pas, qu’il ne cache rien, son image est telle quelle. Le message ? “J’hésite entre une preuve d’honnêteté ou un manque de flexibilité, ou même un petit soupçon d’ignorance”.
Philippe Pouton est friand de t-shirts aux cols tunisiens, “un bon compromis entre le t-shirt trop simple et le polo de la penderie classique”. Parfois, il ose la chemise, comme sur son affiche de campagne, “mais toujours foncée, noire ou bleue, et souvent avec des motifs”. Et si jamais il met une chemise formelle, il cassera la démarche avec une casquette par exemple.
Qu’on se le dise, le candidat du nouveau parti anticapitaliste fait un peu adolescent. Parfois il met des petites lunettes qui l’intellectualise. “Les lunettes de lecture, ça rend sérieux, ça apporte de la maturité”. Une bonne idée donc.
Anne Hidalgo
Jamais deux sans trois… Anne Hidalgo a tenté de convaincre les Français avec trois affiches et trois logos différents. Pour Nathalie, ça en dit long. La dernière en date, c’est Anne en chemise blanche. “Elle passe d’une veste bleue, qui est la couleur des politiques, à une veste plus sombre et un revers soyeux, qui rappelle le smoking. C’est un peu plus chic”. Un revers qui pointe d’ailleurs vers le haut, histoire de dynamiser la tenue. Vers le haut, tout comme son regard.
Mais sur la toute dernière affiche, elle pose seulement en chemise blanche. “Elle a retiré le symbole du dirigeant, de l’autorité, c’est-à-dire la veste. Anne Hidalgo a choisi de structurer son image et de la gauchiser. Ce choix éclaircit son visage, donc la rajeunit”. Sans oublier la couleur orange et rose pour l’écriture, qui rappelle celles du Parti Socialiste.
La candidate de gauche n’hésite pas à se montrer coquette. Elle quitte parfois son tailleur veste et pantalon pour une robe plissée, accompagnée d’escarpins. En clair, pas de changement radical entre la maire de Paris et la candidate à l’élection. A voir maintenant si une quatrième affiche fera son entrée, et si celle-ci aidera à convaincre les électeurs…
Jean Lassalle
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Tantôt en look berger, tantôt en général d’armée, c’est Jean Lassalle. Le candidat du parti Résistons! porte souvent le costume, “même s’il n’est pas toujours bien taillé à sa carrure”. La cravate est régulièrement rouge et elle rappelle le point d’exclamation situé sur son logo. Parfois, il favorise l’écharpe rouge. “Un choix qui lui apporte une pointe de puissance et d’originalité”, c’est donc validé par l’experte.
La coupe du candidat n’a pas vraiment évolué ces dernières années. “Il a les cheveux épais et drus, coupés courts. Ça lui donne un côté général d’armée”. Et quand Jean Lassalle porte des lunettes, “ça lui va bien et ça l’intellectualise”.
Même s’il n’oublie pas ses racines et qu’on peut facilement croiser Jean Lassalle torse nu ou en Marcel, on peut dire qu’il est désormais dans les clous. Il sait jongler d’univers quand il entre dans l’hémicycle. Et puis le style, il l’a, quels que soient ses choix vestimentaires.
Fabien Roussel
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“Les communistes ont laissé tomber la faucille et le marteau, il est temps !” Fabien Roussel, c’est le communiste moderne. Le communiste aux allures de commercial. Celui qui porte des costumes, se modernise. Le communiste adapté à toutes les idées.
Sur son affiche, “il fait ressortir ses yeux bleus” et met en valeur sa coupe de cheveux. “Il les coiffe en les relevant, ça lui donne du dynamisme”. Niveau fringues, Fabien Roussel est souvent en chemise, accompagnée de la veste, souvent bleue ou grise. “Le bleu met en valeur ses yeux”. Mettre une veste, c’est “structurer” sa tenue. “Et choisir une chemise plutôt qu’un t-shirt, c’est toujours mieux. Le t shirt c’est mou, ça renvoie donc une image molle”. On ne veut pas d’un mou pour représenter le pays !
En revanche, pas question de porter la cravate, c’est son côté révolutionnaire. Il connaît les codes des tenues standards, mais n’oublie pas d’où il vient. On a compris le message : pas besoin d’être coco pour voter Fabien Roussel.