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L’air dans votre bureau pourrait vous abrutir
Pour celles et ceux qui ne sont pas pressés de retourner au bureau, il y a peut-être une nouvelle raison à ajouter à la liste que vous enverrez à votre boss. En plus de pouvoir vous rendre malade (si vous travaillez avec des gens non vaccinés et que les mesures sanitaires ne sont pas respectées), l’air dans votre bureau pourrait vous rendre, vous et vos collègues, un peu plus… bêtes.
C’est du moins ce qu’avance une nouvelle étude de l’Université Harvard. Le professeur Jose Guillermo Cedeño Laurent et son équipe ont réussi, à travers une étude menée dans six pays, à établir un lien de cause à effet entre la qualité de l’air dans des environnements de travail et les capacités cognitives des employés. En effet, plus l’air dans un bureau était pollué, plus la performance des employés diminuait lors d’une batterie de tests cognitifs.
Le PM2.5, spécifiquement, aurait un effet inflammatoire et est capable de traverser une membrane qui protège le cerveau.
Comme l’explique le Dr Joseph Allen, qui a commandé et supervisé l’étude, « ce n’est pas une étude sur les mauvais bâtiments. Ce sont des bâtiments qui seraient considérés comme bons par n’importe qui dans le cadre actuel de la façon dont nous pensons à nos bâtiments. »
Dans 42 bureaux répartis dans six pays différents, les chercheurs ont suivi 302 participants pendant un an. Ils ont mesuré, grâce à des capteurs, la qualité de l’air, calculée selon la quantité de CO2 et de particules fines. Chaque participant avait sur son cellulaire une application qui, périodiquement, leur permettait de compléter des tests relativement simples, comme associer une couleur à son mot. Le genre de test si facile que quelques microsecondes de différence dans le temps de réponse peuvent avoir une incidence calculable sur le niveau cognitif d’une personne.
Même si c’est compliqué d’attribuer les résultats des participants à une seule cause, les niveaux de la particule fine PM2.5 dans l’air d’un immeuble semblent avoir un grand rôle à jouer. Selon Cedeño Laurent, cette particule serait responsable de 9 millions de décès annuellement. Un lien a aussi été fait entre les concentrations de PM2.5 et des troubles dégénératifs cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, la démence et le Parkinson. Toutefois, ces études ont surtout été menées chez des personnes âgées, alors que les répondants de celle d’Harvard avaient une moyenne d’âge de 33 ans.
« Dans ce cas-ci, nous avons constaté que ces effets étaient présents dans une population beaucoup plus jeune », explique le scientifique à Healthday. « Lorsque la concentration quotidienne ou immédiate (de PM2.5 et de CO2) montait, la fonction cognitive baissait. »
Il faut savoir que l’air à l’intérieur de nos bâtiments est souvent plus pollué qu’on ne le croit ! C’est l’air (pollué) de dehors, confiné dans un espace, et auquel nos collègues et nous ajoutons notre CO2. Si la plupart des bâtiments commerciaux et corporatifs disposent de systèmes de ventilation efficaces, la qualité des filtres et la fréquence à laquelle ils sont nettoyés ou remplacés ont une grande incidence sur la qualité de l’air.
« Lorsque la concentration quotidienne ou immédiate (de PM2.5 et de CO2) montait, la fonction cognitive baissait. »
Ce qui inquiète Cedeño Laurent et son équipe, c’est qu’ils ont pu observer des impacts sur les habiletés cognitives et mentales des employés à des niveaux de concentration de CO2 et de PM2.5 tout à fait communs dans un environnement intérieur. Le PM2.5, spécifiquement, aurait un effet inflammatoire et est capable de traverser une membrane qui protège le cerveau.
Donc si vous n’êtes pas très à l’aise de retourner au bureau, c’est le bon moment de parler avec votre boss de la qualité de l’air dans votre environnement de travail. Dans un monde où le COVID ne semble pas vouloir nous quitter, préférant muter, et où d’autres pandémies semblent inévitables, la qualité de l’air est un sujet sur lequel il vaut la peine de se pencher.
Meilleur air, moins de maladie, meilleur milieu de travail !