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L’affaire Bétharram, un complot gauchiste ?

Ou l'histoire d'une faillite politico-médiatique.

Par
Ouissem
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L’affaire Bétharram serait un complot orchestré par Jean-Luc Mélenchon, Edwy Plenel, Elon Musk et Donald Trump pour faire du mal à François Bayrou.

Voilà une compilation de tout ce qu’on a pu entendre de la part de certains politiciens et éditorialistes venus à la rescousse du Premier ministre englué dans ce scandale depuis près d’1 mois.

Pourtant, le dossier est assez béton : pas moins de 112 plaintes d’anciens pensionnaires qui ont fréquenté l’établissement des années 60 jusqu’à 2011, de nombreux témoignages de violences physiques et sexuelles, des documents, des archives de presse…

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Bref, les preuves ne manquent pas, dont le témoignage du juge Christian Mirande qui confirme s’être entretenu directement avec François Bayrou en 1998, après la mise en examen du père Carricart pour le viol d’un élève.

Interpellé à l’Assemblée nationale, François Bayrou – qui était ministre à l’époque des faits et élu local – aurait pu éviter d’alimenter l’affaire en plaidant un manque de vigilance. Mais le Premier ministre a choisi de mentir devant les députés, répétant qu’il n’a jamais été informé.

Clément Viktorovitch, expert en rhétorique, a analysé la réponse de Bayrou. Sa réaction : “François Bayrou parle et lui-même ne sait pas pourquoi. Tu vois un homme qui n’a pas préparé sa réponse.”

Ce même manque de préparation de François Bayrou a été constaté par un journaliste du journal Le Monde, le seul qui a pu obtenir un entretien avec le Premier ministre. Il l’explique chez Arrêt sur Images :

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François Bayrou est devenu un expert pour minimiser les faits et feindre l’ignorance lorsque les affaires touchent l’église. C’est ce s’est passé pour Bétharram, mais aussi lors des révélations sur l’abbé Pierre ou sur la communauté des Béatitudes.

Au-delà de Bayrou, c’est une bonne partie de la classe politique qui a brillé par son déni. Elisabeth Borne, a évoqué une “exploitation politique qui peut être faite par Mediapart, par la France Insoumise”.

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Juliette Méadel, ministre de la Ville, va plus loin et évoque un “complot” sous influence d’Elon Musk et de Donald Trump, hésitant à dire que c’était aussi la faute de Merwane Benlazar au passage.

Premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, le RN a aussi fait preuve d’une soudaine indulgence pour le Premier ministre. Julien Odoul trouve “assez détestable l’instrumentalisation de la gauche et de l’extrême gauche” et y voit une attaque contre la religion catholique :

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MANOEUVRE POLITIQUE, VOIRE PIÈGE DE MEDIAPART ET LFI : LES ÉLÉMENTS DE LANGAGE DE FRANÇOIS BAYROU ONT AUSSI BIEN INFUSÉ PARMI LES ÉDITORIALISTES DE DROITE.

Sur Europe 1, le directeur des rédactions du Figaro parle d’une opération “orchestrée par le procureur Mélenchon et mise en musique par le grand inquisiteur Edwy Plénel, avant de reprendre l’ensemble de la défense du Premier ministre qui “a fait ce qu’il pouvait faire”.

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Le groupe Bolloré semble s’être mis en marche pour sauver le Béarnais. Toujours sur Europe 1, Céline Géraud semble exaspérée par les médias de gauche qui en feraient trop sur cette “affaire” montée en épingle par la gauche pour “piéger” François Bayrou.

“Comment Mediapart et LFI ont tenté de faire tomber François Bayrou”, titre de son côté le JDD.

Alors, est-ce que Mediapart est à la solde de la France Insoumise ?

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“J’aurais envie d’en rire, mais je trouve ça à la fois consternant et pathétique”, répond David Perrotin, journaliste de Mediapart qui a co-écrit l’article sur les mensonges de François Bayrou.

Les médias Bolloré ne sont pas les seuls à prendre la défense du Premier ministre.

“Attention à ne pas regarder ces faits d’il y a 30 ans avec les lunettes d’aujourd’hui”, avertit une journaliste de LCI, se faisant le relais de la “voix de certains”, pour ne pas dire qu’il s’agit d’un des éléments de langage de François Bayrou.

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Sur France 5, Sylvie Pierre-Brossolette minimise les mensonges de François Bayrou à des “maladresses”, des “à peu près”. La rédactrice en chef du Point s’inquiète plutôt des conséquences sur la motion de censure, comme s’il ne s’agissait que d’un sujet politico-politique et non d’un scandale de violences physiques et sexuelles institutionnalisées.

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La même Sylvie Pierre-Brossolette qui s’inquiétait en 2011 de voir DSK traité comme un “malfrat de couleur” :

Sur FranceInfo, le journalisme de plateau a produit ce qu’il y a de meilleur en invoquant l’argument d’autorité ChatGPT pour justifier une supposée cabale gauchiste menée contre François Bayrou :

Après ça, on ne peut plus rien répondre.

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Heureusement que le journalisme de terrain existe encore, on vous recommandera plutôt l’enquête publiée par France 3 Nouvelle-Aquitaine pour mieux comprendre l’ampleur de l’affaire Bétharram, loin de la faillite médiatico-politique :