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La révolution rousse

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Je suis rousse. Je n’ai pas les cheveux oranges, mais suis parsemée de points de rousseur. Des commentaires sur le sujet, j’en ai déjà entendus mille fois.

Mis à part quelques remarques insipides, personnellement, je n’ai jamais été victime des quolibets au sujet de ma « différence ». Or, si on se fie à cette vidéo, être roux est un véritable cauchemar pour plusieurs. Bref, j’ai décidé de mettre la barre sur les « t » et le point de rousseur sur les « i » à propos des roux – et surtout des rousses.

1- Les rousses ne sont pas toutes cochonnes. Aucun lien scientifique entre la couleur des cheveux et la libido n’a été établi jusqu’à ce jour, alors c’est vraiment n’importe quoi de croire que si vous vous ramassez une rouquine, vous allez vous taper la meilleure baise de votre vie. Le gène MC1R, qui est reconnu comme étant la cause de la rousseur, n’a aucune influence sur les hormones, le désir sexuel et notre façon de bouger les hanches…

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2- Si vous restez malgré tout convaincu que les rousses sont toutes de vraies bêtes de sexe et que vous voulez en aborder une dans un bar, éviter de le faire en lui disant « Salut, est-ce que t’es Irlandaise ? » Les roux ne sont pas tous des descendants d’Irlandais ou d’Écossais. Il n’y a aucun Scottish dans mon arbre généalogique (celui officiel, à tout le moins. Je ne peux pas garantir que mes ancêtres n’ont pas eu de relation extraconjugale). Même si l’Écosse et l’Irlande sont les pays qui détiennent le plus fort taux de rousseur au monde, avec respectivement 13% et 10% de leur population qui sont roux, des roux, il y en a partout, même en Afrique, entre autres en Kabylie.

3- Autre chose que vous devez éviter de demander à une rousse : « Dis donc, t’es rousse de partout ? ». Partout dans le sens de « tes poils pubiens sont-ils roux eux aussi ? ». Eh oui, je me suis déjà fait poser cette question débile. Je ne sais pas trop pourquoi, mais on dirait que plusieurs personnes mettent leurs tabous de côté quand ils s’adressent à une rousse, comme si la rousseur appelait à la vulgarité. Sérieux, je n’ai jamais entendu un mec demander à une blonde si « elle était blonde partout », ni à une brunette « si elle était brune partout », alors pourquoi se permettre de poser la question à une rousse ?

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4- Les roux et les rousses ne sont pas tous des traîtres, des caractériels, des femmes tentatrices ou des hommes sournois. En tout cas, pas plus que n’importe quel marron, châtain, auburn ou autre sorte d’humain chevelu. Nous ne sommes ni des loups-garous ni des vampires, et encore moins des acolytes du Diable. Ces croyances multiples datent du Moyen Âge et ne sont plus aussi populaires aujourd’hui, mais elles sont encore perceptibles dans certaines œuvres littéraires et cinématographiques.

5- Les roux ne puent pas. Sauf ceux qui ne se lavent pas, évidemment, mais omettre de se savonner, ce n’est pas une habitude plus marquée chez les roux que chez le reste de la population. Et les « tâches » de rousseur ne sont pas un signe de malpropreté, c’est juste une façon qu’a la peau de se protéger du soleil.

Sur ce, je vous inviterais à visionner le clip de la chanson Born free de M.I.A si ce n’est pas déjà fait (attention, il a créé beaucoup de remous et été censuré sur plusieurs sites de partage vidéo, ce n’est pas pour rien : c’est assez troublant) et la bande-annonce du film Notre jour viendra, tous deux réalisés par Romain Gavras. Ce sont deux fables mettant en vedette des roux, et si la première nous fait métaphoriquement comprendre que les préjugés dont sont victimes les Fifi Brindacier et les Ronald Weasley de ce monde ne sont rien d’autre qu’une forme de racisme, la deuxième nous incite à croire qu’un jour, fatigués d’être des victimes, les roux pourraient se révolter…

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