Logo

La prochaine bière que vous achèterez sera-t-elle faible en alcool ?

Depuis le début de la pandémie, les boissons peu alcoolisées ont connu une croissance fulgurante.

Par
Billy Eff
Publicité

Il y a plusieurs choses qui ont été essentielles pour beaucoup d’entre nous au cours des deux dernières années. Les vêtements confortables (jogging), TikTok, la weed. Et on a été nombreux à trouver un peu de réconfort dans un verre de vin en fin d’après-midi, en télétravaillant sur notre balcon.

S’il est vrai que l’alcool a connu un boom durant la pandémie, cette période a aussi donné un gros boost à une autre catégorie de boissons, que nos amis américains ont baptisé les NoLo (No or Low alcohol beverages). Faiblement alcoolisées, goûteuses et rafraichissantes, ces boissons représentent le segment qui connait la plus forte croissance dans le milieu.

Près de 37 % des gens chercheraient à réduire leur consommation d’alcool

Après un été de boissons pétillantes alcoolisées l’an dernier, est-ce que l’été 2022 sera celui de la (quasi) sobriété ? Petite incursion dans le sobre monde des boissons peu alcoolisées !

Publicité

Enfin une offre pour les sober-curious

Pendant longtemps, si on choisissait pour quelconque raison de ne pas boire lors d’une soirée ou d’un événement, il fallait être préparé.e ! On devait avoir dans son sac non seulement de très bonnes excuses, mais aussi ses propres boissons non alcoolisées, ce qui jusqu’à récemment se résumait à du jus, du soda, ou au mieux une bière sans alcool au goût dégueu. Aujourd’hui, on a l’embarras du choix, entre bières extra-légères, prêts-à-boire faibles en alcool et vins sous la barre des 8 %.

Il y a plusieurs facteurs qui expliquent que ce genre de produits a connu un réel envol pendant la pandémie. Déjà, on sait depuis un moment que les jeunes boivent moins, pour toutes sortes de raisons. Et puis il n’a jamais été plus trendy de mener une vie active et en santé. Et, comme tout le monde le sait, l’alcool a beau être cool, être hungover l’est beaucoup moins !

Publicité

C’est, entre autres, ce qui explique la popularité inévitable des seltzers dans les dernières années. Beau marketing, peu d’alcool et de calories, pas de sucre et une grande variété de saveurs rafraichissantes : c’est exactement le genre de boisson qu’il fallait à la nouvelle génération.

Loin des yeux, loin du bar ?

De plus, avoir passé près de deux ans sans se saouler dans des bars a eu une réelle incidence sur nos habitudes de consommation et sur notre rapport à l’alcool. Car si les ventes d’alcool se portent bien, les grands acteurs du milieu voient bien s’opérer cette révolution sober-curious. Près de 37 % des gens chercheraient à réduire leur consommation d’alcool, ce qui pousse même le géant Bacardi à prédire que ce segment connaîtra une augmentation de 400 % d’ici 2025 !

« À l’instar des flexitariens, qui prennent une approche flexible aux régimes végétariens et végétaliens, ces gens embrassent le spectre complet de leurs options entre 0 et 50 degrés d’alcool, en adaptant leurs choix pour convenir à des occasions spécifiques », peut-on lire dans un rapport publié l’an dernier par la compagnie, qui produit également la vodka Grey Goose et le gin Bombay.

Publicité

« Avant de lancer [des boissons faibles en alcool], on se demandait à quoi ça servait. Pourquoi pas prendre une bière sans alcool, ou boire une bière régulière de moins ? Mais on s’est rendu compte que ça s’inscrivait dans une tendance qu’on observait déjà à l’époque, de boire mieux, manger mieux », dit Frédéric Thibault, vice-président ventes et marketing pour le groupe Glutenberg. « On voyait que les gens faisaient plus attention à leur consommation d’alcool. Donc on a pris le pari, à l’époque, de lancer une première bière ultra-légère, et aujourd’hui, c’est la bière la plus vendue de notre portfolio ! »

Ce qui peut aussi aider la cause du NoLo, c’est la variété. Plus les gens ont d’options, plus ils seront portés à trouver le produit qui leur convient et qui sera adapté à leur situation. Mais le plus important reste avant tout le goût.

DU GOÛT, DU GOÛT, DU GOÛT !

Un rapport publié par l’International Wine and Spirits Record en 2020 révèle que 64 % des produits NoLo sont consommés lors de moments relaxants à la maison, et que « les consommateurs désignent de manière consistante le goût comme étant le principal attrait lorsqu’ils boivent des produits faibles en alcool ou sans alcool, ce qui souligne le fait que les consommateurs sont généralement prêts à payer un prix similaire pour une boisson sans alcool ou à faible teneur en alcool que pour une boisson à teneur maximale en alcool. »

Publicité

Et ça, toutes les compagnies le savent. C’est pourquoi elles investissent de manière massive dans de nouvelles installations et des technologies qui leur permettront de créer de nouveaux produits pour répondre à la demande de ce marché grandissant.

Pendant longtemps, si on choisissait pour quelconque raison de ne pas boire lors d’une soirée ou d’un événement, il fallait être préparé.e !

« Le plus gros obstacle, c’est de réussir à faire une bière faible en alcool et en calories, mais qui reste agréable à boire, qui a suffisamment de corps, dit Frédéric Thibault de chez Glutenberg. Il faut trouver les bons ingrédients et des méthodes de brassage qui permettront de conserver le bon goût et la bonne texture en bouche. »

Gros engouement, petite part de marché

Mais cela ne veut pas pour autant dire que le monde de l’alcool se porte mal. Car si le segment NoLo a totalisé près de 10 milliards l’an dernier, il ne représente que 3,5 % du marché des boissons pour adultes. C’est surtout que « la modération a bien meilleur goût », et on nous l’a répété assez souvent pour que ça change nos habitudes et comportements. Car selon un sondage Nielsen, 78 % des gens qui achètent du NoLo achètent aussi de l’alcool régulier. Il vaudrait donc mieux voir ces produits comme venant compléter l’offre du marché, et non pas la segmenter.

Publicité

Combien de temps est-ce que cet engouement va encore durer ? Dur à dire, mais dans les pays où la vie a repris un semblant de normalité, la croissance du NoLo a très légèrement ralenti. Mais comme Bacardi, AB InBev et d’autres grands noms du milieu, Frédéric Thibault indique que son entreprise continuera de suivre de près l’évolution du marché, et pourrait continuer de développer de nouveaux produits dans ce segment.

Tant que la tendance sera au mode de vie plus sain, actif et modéré, les NoLo continueront de gagner du terrain.