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La photographie du mois : passion, fête et nudité par Romain Guédé
Désormais, tous les mois, URBANIA donnera la parole à un ou une photographe professionnel ou amateur, blogueur ou instragrammeur, pour qu’il nous raconte son travail à travers une photo. Pour ce deuxième épisode, c’est le photographe Romain Guédé qui se prête à l’exercice…
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J’ai choisi cette photo parce qu’elle représente bien mon univers – une partie tout du moins – la nuit parisienne. Tout d’abord par sa couleur rouge très présente dans mes clichés et que j’affectionne particulièrement, teinte chaude aux symboliques de passion, de luxure et d’interdit. Aussi car elle met en scène ce couple en partie dénudé, dont la peau rendue visible permet à la lumière de se refléter. Ce sont souvent ces contours de corps et bouts de silhouettes qui se démarquent de ces ambiances sombres où la lumière est difficile à saisir. Captés de dos, on préserve leur anonymat dans des soirées où l’on vient parfois pour se lâcher. C’est vrai que mes photos présentent plus souvent des danseurs en action mais j’aime aussi m’arrêter sur d’autres détails et scènes qui me touchent. Et enfin pour la façon dont on lit cette image, en suivant la direction de la lumière et terminant sur cette peinture posée là, élément improbable de décor de soirée, cadre dans le cadre.
« J’ai toujours été très observateur »
J’ai pris cette photo le 18 janvier 2019, pendant une teuf à Paris. La soirée se déroulait quelque part dans un parking souterrain du XVIIIe arrondissement. Un endroit brut, bétonné, assez bas de plafond, sans fioriture. On y rentre par une simple porte de garage et on descend quelques étages avant d’atteindre le son et les gens réunis pour faire la fête et s’amuser. J’étais là pour ça aussi. Et pour faire des photos. De manière générale, j’ai toujours l’appareil autour du cou, voir dans la main, même pendant que je danse, prêt à saisir ce qui attire mon attention. Je photographie les décors, l’ambiance générale, les DJs et principalement les danseurs. Leurs looks qui sortent de l’ordinaire, l’énergie, les postures de danse et leur intimité aussi. Et puis de passage en backstage, je tombe sur cette scène inhabituelle d’un couple torse-nu sur une chaise qui pose pour un autre photographe. Intéressé mais ne voulant pas m’immiscer, je décide de capter cet instant à ma manière, heureux de cette composition qui se propose à moi, la lumière découvrant de gauche à droite la proximité des deux corps assis, l’ombre du photographe à la tâche, et cette peinture posée contre le mur brut.
Ensuite, j’ai appliqué un genre de « traitement » pour obtenir cet aspect photo argentique. C’est un rendu esthétique que j’aime et qui je trouve correspond notamment bien à cet univers.
Et avant ça ? J’ai toujours été très observateur. Je me suis toujours nourri d’images de tout type, cinéma, énormément de photos. Ado déjà, assez naturellement, dès que j’ai pu avoir un appareil, j’ai eu envie de capturer les scènes dont j’étais témoin : le quotidien, les copains, les voyages que j’ai eu la chance de faire, puis les soirées, festivals… C’est comme ça que j’ai proposé petit à petit mes services aux organisateurs, que mes photos ont pu être relayées et que je me suis fait connaître.