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La photographie du mois : l’art de vieillir par Arianne Clément

C’est LE rendez-vous photo à ne pas manquer.

Par
Anne-Laure Mignon
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Désormais, tous les mois, URBANIA France donne la parole à un.e photographe professionnel.le ou amateur.trice, blogueur.euse ou instragrammeur.euse, pour qu’il.elle nous raconte son travail à travers une photo. Pour ce nouvel épisode, c’est la photographe Arianne Clément qui se prête à l’exercice…

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J’ai choisi cette photo parce qu’elle est très importante pour moi. C’est Marie-Berthe, 102 ans. Elle a été l’instigatrice de tout mon projet sur « L’art de vieillir ». Pour la petite histoire, j’ai rencontré Marie-Berthe alors que je réalisais un photoreportage sur les rituels de beauté des femmes centenaires. Pour ce faire, j’avais photographié une dizaine de femmes, parmi lesquelles : Marie-Berthe. Ça a été directement un coup de cœur pour moi et pour l’objectif de mon appareil. Elle était belle, sûre d’elle, très à l’aise, coquette, féminine, sensuelle. Elle me faisait penser à Marilyn Monroe. Elle m’a tout de suite inspirée une nouvelle série photo sur la beauté et la sensualité des femmes septuagénaires, octogénaires et centenaires. Cette image est extraite de cette série-là.

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« Cette photo fait un doigt d’honneur aux injonctions de notre société »

J’ai pris cette photo en 2016, dans la chambre de sa maison de retraite, dans le cadre, justement, de cette nouvelle série sur la beauté de l’âge. Côté décor, nous avons fait avec trois fois rien. Un drap noir en fond, un maquillage réalisé par la belle-fille de mon modèle, quelques bijoux fantaisie et Marie-Berthe, splendide, qui proposait ses poses spontanément, comme si elle avait fait ça toute sa vie.

En plus d’être esthétiquement incroyable, je trouve que cette photo transmet un message fort sur la beauté, la jeunesse, la minceur, la fermeté. Elle va à l’encontre des injonctions de notre société. Elle leur fait un doigt d’honneur. Et si la beauté ne se réduisait pas à la seule plastique ? Et si, au-delà des traits et des marques du temps, la beauté était quelque chose de moins tangible, mais de plus durable ?

Puis, après avoir photographié les femmes, j’ai intégré les hommes septuagénaires, octogénaires et centenaires à mon projet, car je me suis rendu compte qu’eux aussi avaient beaucoup de choses à dire sur le sujet. Plus récemment, j’ai poursuivi le travail avec des couples hétéros et LGBTQ+. Nous avons abordé ensemble les thèmes de la sexualité, du désir, de l’image de soi et de la sensualité en vieillissant. Puis encore plus récemment, avec des survivantes du cancer du sein, dans l’optique de rendre hommage à de formidables combattantes.

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Côté post-prod, je ne touche quasiment à rien, quelques petits réglages ou cadrages quand il faut mais les photos se suffisent à elles-mêmes.

« Je trainais dans les chambres noires dès que j’en avais l’occasion »

Et avant ça ? J’ai étudié les arts visuels à l’université et dans ce cadre-là, j’ai pu prendre des cours de photos. Très vite, je suis devenue passionnée par la matière et j’ai peu à peu délaissé la peinture au profit de la caméra. Je trainais dans les chambres noires dès que j’en avais l’occasion. J’ai ensuite obtenu une maîtrise en photographie à Londres. J’ai effectué un premier stage en photojournalisme pour un journal aussi, puis je suis partie voyager, notamment en Colombie, en quête de reportages auprès de personnes marginalisées. J’ai également participé à de nombreux projets humanitaires qui m’ont inspirée. Et puis les aînés…

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*Au fait, petite info à destination des photographes avertis : pour cette photo a utilisé un Nikon D600.