Logo

La photographie du mois : complicité et sable chaud par Romain Sellier

C’est LE nouveau rendez-vous photo à ne pas manquer.

Par
Anne-Laure Mignon
Publicité

Désormais, tous les mois, URBANIA donnera la parole à un ou une photographe professionnel ou amateur, blogueur ou instragrammeur, pour qu’il nous raconte son travail à travers une photo. Pour ce premier épisode, c’est le photographe Romain Sellier qui se prête à l’exercice…

**

J’ai choisi cette photo pour plusieurs raisons. Parce que le couple grand-mère petit-fils, que l’on retrouve régulièrement à la plage, me touche particulièrement. Il me ramène en enfance. Surtout celui-ci. Pour les avoir suivis pendant plusieurs jours, j’ai pu admirer la tendresse et l’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre. La complicité aussi. J’étais également fasciné par la différence de leurs corps, des marques de leur âge respectifs. Les cicatrices « de la vie » pour elle. Les « bobos » d’enfant pour lui.

« Au fur et à mesure, j’avais même l’impression de les connaître »

J’ai pris cette photo en août 2019, sur une plage de la Côte d’Azur que je fréquente tous les étés depuis que je suis gamin. J’étais alors mi-nostalgique de mon enfance passée ici, mi plongé dans un ennui profond du fait de rester statique sur ma serviette. J’étais en train d’observer les baigneurs, les groupes d’enfants qui jouent, les gourmands lécher leur glace avec engouement, les frileux revenir de leur baignade en grelottant, les parasols, les châteaux de sable et les chaussures méduses, quand j’ai décidé d’aller chercher mon appareil photo et j’ai commencé à shooter. Tout le monde. J’ai tout de suite pris le parti de les prendre en contre-plongée, sans jamais intégrer la mer dans mon cadrage. Ni leur visage en entier. Je voulais me concentrer sur leurs points de vue, leurs émotions, leurs gestes, leurs dialogues, tout. Pendant deux semaines, j’ai répété l’exercice. Tous les jours, à la même heure, je retrouvais les mêmes personnages. Le couple d’amoureux transi. Le père de famille et sa bouée licorne. La fameuse grand-mère et son petit-fils. Si bien qu’au fur et à mesure, j’avais même l’impression de les connaître. De travailler sous forme de séquences, à la manière d’un réalisateur ou d’un documentariste.

Publicité

J’avais également envie de donner un côté un peu intemporel, un peu onirique à mon travail. Je ne voulais pas que l’on puisse dater les photos. Post-production, j’ai donc travaillé plusieurs effets, j’ai traité la lumière et la couleur jusqu’à arriver à ce résultat doré. J’ai ensuite trié, sélectionné, séquencé, découpé mon projet à la manière d’un film, que j’ai ensuite édité dans un livre Summer Sequences, publié aux éditions 37.2 Paris.


Et avant ça ?
J’étais comédien. J’ai commencé la photographie sur le tard, à l’âge de 30 ans. Diplômé des Gobelins, j’ai d’abord été assistant dans un studio photo à Paris, avant de déménager à Londres et d’y fonder un magazine d’art et de photo : Sentimental Magazine. De retour à Paris, j’ai bossé en mode pendant quelques temps et depuis peu, je m’éloigne de ce secteur pour des projets plus persos sur lesquels je travaille davantage l’émotion. Comme Summer Sequences. Comme cette photo grand-mère petit-fils.

Publicité