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La petite histoire de Wish.com (et de ses publicités farfelues)

Non, la plateforme n'essaie pas VRAIMENT de vous vendre un punching-ball en forme de couilles.

Par
Benoît Lelièvre
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Le phénomène est maintenant connu et bien documenté, la plateforme d’achat en ligne wish.com vend des trucs dont l’existence même semble défier la logique (et parfois le bon goût). La semaine dernière, ils ont d’ailleurs essayé de vendre ça à un de mes amis:

L’idée même que quelqu’un ait conçu et manufacturé un accessoire de boxe en forme de scrotum peut faire sourire, mais qui diable achète pareille immondice? Frapper à répétition sur un paire de couilles, ça perd son charme après dix minutes si on a plus que 12 ans.

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J’ai donc voulu comprendre: 1) Qui achète sur ce site maudit? 2) Qui achète non-ironiquement sur ce site maudit? et 3) Comment donc est-ce que ce site maudit réussit à faire de l’argent en faisant la promotion d’objets dont vous n’avez absolument pas besoin.

Croyez-le ou non, il y a un dénominateur commun à tout ça: vous.

Un gros marché aux puces virtuel

Contrairement à la croyance populaire, Wish n’est pas une compagnie chinoise. C’est une plateforme qui appartient à la compagnie californienne ContextLogic, fondée par l’ancien ingénieur Google et canadien d’origine polonaise Piotr Szulczewski. Il a fait ses armes pendant plusieurs années en travaillant sur le célèbre engin de recherche et la technologie AdWords avant de faire le saut à son compte. Avant même de fonder sa compagnie, Szulczewski était déjà ceinture noire dans l’art d’attirer votre attention sur le web.

La compagnie s’appelle Wish, parce qu’elle était au départ une application servant à créer une liste de souhaits auprès de divers commerçants en ligne.

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La compagnie s’appelle Wish, parce qu’elle était au départ une application servant à créer une liste de souhaits auprès de divers commerçants en ligne. Amazon offre cette même fonction, qui vous permet de vous souvenir de ce que vous souhaitiez acheter lorsque vous étiez fauchés pour que vous puissiez vous l’acheter après votre jour de paie. Un service sympathique, voué à plafonner dès qu’Amazon a cannibalisé plus de 50% du commerce en ligne sur internet.

Szulczewski et son partenaire de l’époque ont donc développé leur propre plateforme de commerce en ligne. La vision était simple et similaire à celle du fondateur de Walmart Sam Walton: faciliter l’accès à des biens de consommation les moins chers possibles, pour le plus grand nombre de personnes possible. Pour ce faire, Wish a coupé tous les intermédiaires entre le vendeur et le client: pas d’entreposage, pas de livraison express, pas de grandes marques.

Dans le fond, c’est comme une vente trottoir, mais virtuelle.

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Vous voulez un t-shirt de David Guetta? Le temple du techno à Düsseldorf en vend peut-être sur Wish 1. Vous voulez un rasoir électrique dernier cri au prix d’un rasoir à main? Le centre commercial Sidong à Xiamen (en Chine) en vend définitivement sur Wish. Wish n’a rien à voir avec la création ou l’entreposage du produit, la plateforme ne fait que vous mettre en contact en échange d’une commission de 15%. Dans le fond, c’est comme une vente trottoir, mais virtuelle. Sans les odeurs louches.

La plateforme est profitable parce que ça fonctionne. Vraiment beaucoup.

Des bizarreries très assumées

Si vous voyez des objets à vocation louche ou inexplicable défiler dans les publicités Wish sur votre fil de nouvelle, c’est voulu. «C’est une conséquence de l’algorithme de Facebook qui récompense le contenu choquant avec des clics,» explique Piotr Szulczewski, qui comme on le sait, connaît les algorithmes de publicité en ligne comme le fond de sa poche. «Les gens cliquent sur tout parce qu’ils sont fous. Personne n’achète les produits dont on fait la promotion sur les réseaux sociaux.»

Le but de ces publicités est de vous faire acheter impulsivement. Pas nécessairement parce que vous avez besoin de ce qui est offert, mais parce que c’est disponible.

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La stratégie est d’utiliser votre curiosité pour vous attirer sur le site et de vous faire acheter ce que vous allez y découvrir parce que les prix sont ridiculement plus bas qu’ailleurs. Le but, c’est de vous faire acheter impulsivement. Pas nécessairement parce que vous avez besoin de ce qui est offert, mais parce que c’est disponible. Si ça semble un peu cynique, c’est parce que ce l’est. Pourquoi pas acheter un punching ball en forme de couilles pour le LOL? C’est juste 7$! Vous voyez le genre.

Certaines intentions de Piotr Szulczewski sont beaucoup plus nobles cependant: «41% des ménages américains ne disposent pas de 400$ en liquidités,» expliquait-il à Forbes, l’an dernier. Avec les finances des ménages ordinaires en tête, il s’est donné comme mission de créer un marché en ligne pour les produits sans marque. Directement sortis de l’usine, avant qu’un Gillette ou un Nike leur fixe une valeur donnée. L’idée est louable, mais elle a ouvert la porte à tous les commerçants louches de la planète qui n’ont pas de standards de marque à maintenir. Vous savez le magasin chelou qui vend des pipes à haschich, des couteaux et des posters de Bob Marley? Ben, ils sont tous là-dessus.

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J’ai fait l’exercice de chercher quelque chose dont j’avais vraiment besoin sur Wish: le fameux casque d’écoute Bose qui transmet le son aussi bien le son qu’il le coupe. Résultat? Je l’ai trouvé… au double du prix de sur Amazon.

Mouais…

Finalement, c’est quoi Wish?

En gros, c’est un autre milliardaire qui croit sauver la veuve et l’orphelin en leur vendant de la merde.

Personne à Shengyang kiffe les punching ball en forme de couilles. Pas plus qu’ici en tout cas.

C’est un service de vente en ligne qui vous attire avec des bizarreries afin d’essayer de vous vendre d’autres gadgets dont vous n’avez pas besoin, comme au marché aux puces. Bien qu’un grand nombre de leur fournisseurs soient situés en Chine, il ne s’agit pas d’un truc culturel : personne à Shengyang kiffe les punching bags en forme de couilles. Pas plus qu’ici en tout cas.

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J’peux même pas vous dire que c’est bon si vous êtes fauchés, parce que 1) les choses importantes y sont aussi (ou plus) chères que les futilités et 2) Y’a aucune garantie que ce que vous achetez, c’est ce que vous allez recevoir. Piotr Szulczewski et Wish n’en ont rien à branler de ça, parce que ce n’est pas eux qui vendent. Acheter non-ironiquement sur Wish, c’est un peu comme jouer aux machines à sous. On n’est jamais sûr que ça va être payant ou non.

Ils doivent vendre vraiment beaucoup de pantoufles en forme de saumon.

Je ne m’attendais pas à ce que cette recherche ne révèle quelque chose d’aussi cynique alors avant de partir, je vous laisse avec une compilation des trucs les plus étranges/trash que j’ai trouvés en naviguant pendant 5 minutes sur Wish sans faire aucune recherche. Disons que leur algorithme a une drôle d’opinion de moi.

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