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La petite histoire de la casserolade
XIVe SIÈCLE : UN RITUEL POUR MAUDIRE UN MARIAGE
Frapper sur des casseroles pour faire entendre sa colère n’est pas quelque chose de nouveau.
Les premières traces de cette pratique datent du XIVe siècle : on ne parle pas alors de “casserolade”, mais de charivari. Ce défilé bruyant – où l’on tape sur toutes sortes d’objets dont des ustensiles de cuisine – est un véritable rite funéraire où le village conspue un mariage mal assorti : un veuf qui ne respecte pas sa période de deuil, un mari cocu, un couple qui tarde à procréer…
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Comment calmer la foule en colère ? En lui payant une rançon.
(En rendant l’argent dirait-on de nos jours.)
1830 : LA PREMIÈRE CASSEROLADE POLITIQUE
Dans les années 1830, la casserolade devient pour la première fois de l’Histoire un véritable acte de contestation du pouvoir en place.
Alors que Louis-Philippe impose la “Monarchie de Juillet”, les adversaires du régime – dont pas mal de républicains – décident d’organiser une « campagne nationale de concerts de casseroles ».
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Comme en 2023, les protestations visent les têtes d’affiches du gouvernement « ralliés à la politique d’ordre », comme « l’austère Casimir Perier », alors président du Conseil et ministère de l’Intérieur.
Et comme en 2023, les casserolades ciblent les parlementaires dans leur département. C’est par exemple le cas d’Adolphe Thiers poursuivi par des bruits de casseroles entre Aix et Marseille.
1970 : la casserolade s’exporte
Au XXe siècle, la casserolade connaît un certain succès en Amérique latine où les peuples font entendre leur colère, que ce soit en Argentine, ou encore au Chili après le coup d’État de Pinochet.
On parle alors de “cacerolazo”.
2008 : la casserole fait sa r évolution
En Islande, alors que les principales banques du pays font faillite suite à la crise financière, le peuple descend dans la rue pour réclamer la démission du gouvernement ainsi qu’une nouvelle réforme constitutionnelle.
On parle de « Búsáhaldabyltingin » : la “révolution des casseroles”.
2017 : François Fillon rattrapé par ses casseroles
En France, on n’oublie pas ses bonnes vieilles traditions révolutionnaires.
En pleine campagne présidentielle (et surtout en pleine affaire Pénélope), François Fillon fera les frais de belles casserolades un peu partout en France, dont à Tourcouing, chez un certain… Gérald Darmanin.
« L’homme politique est réduit, fait prisonnier presque, humilié dans son espace privé, et la foule exclue théoriquement de l’espace public et politique, car non électrice, l’occupe », explique Emmanuel Fureix, spécialiste du XIXe siècle, sur France Culture.
« Ce ne sont pas les casseroles qui feront avancer la France. »
Emmanuel Macron a raison.
Les casseroles ne font pas avancer la France, elles font avancer le monde.