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La mère Noël existe
« Pourquoi ne pas ensoleiller leurs journées en les saluant avec une carte de Noël ? », demandait samedi soir Sylvie Chevrier, en partageant sur sa page Facebook l’adresse et les photos d’une vingtaine d’aîné.e.s d’une résidence de Gatineau (au Québec) où elle travaille à temps partiel, qui devront passer Noël en confinement à cause de la pandémie.
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L’infirmière spécialisée en soins des pieds avait eu l’idée la veille, après l’annulation des rassemblements de Noël. « Suite à l’annonce de M. Legault, j’ai vu apparaître une pancarte de “Palier 4 – Alerte maximale” sur la porte de la résidence, interdisant toutes les visites de l’extérieur. Ça m’a frappé et je me suis aussitôt demandé quoi faire pour “égayer” les résidents, dont plusieurs sont seuls au monde », raconte Sylvie, qui n’avait à priori aucune grande ambition en envoyant son message dans l’univers avant d’aller se coucher. « J’avais environ 43 likes et j’étais excitée », souligne en riant la principale intéressée, qui admet ne pas être très active sur les réseaux sociaux.
La magie de Noël a opéré, si bien que dès le lendemain matin, les commentaires s’empilaient déjà par centaines sous sa publication, partagée 50 000 fois au moment d’écrire ces lignes. « Pendant que je répondais à un commentaire, trois autres rentraient. Je ne me serais jamais attendu à ça ! », s’exclame la samaritaine de 56 ans vite submergée, qui a alors appelé en renfort ses trois filles : Chantale, Marie et Brigitte. « Elles sont devenues mes gestionnaires de réseaux sociaux, mes lutins ! », illustre Sylvie, ajoutant que son mari Claude et les directrices de la résidence l’aident également à gérer cette dose d’amour inattendue.
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L’engouement pour les résident.e.s du Château Symmes a rapidement dépassé les limites géographiques de Gatineau.
Si plusieurs personnes des environs sont venues porter des cartes de Noël en mains propres, des gens de partout au Québec – et même dans le monde – ont aussi répondu à l’appel. « C’est beau de voir des gens de France, d’Angleterre, du Pérou et de la Belgique dire qu’ils vont envoyer des lettres, sans même connaître les résidents », souligne Mme Chevrier, ajoutant que les élèves de plusieurs écoles ont aussi prévu d’emboîter le pas.
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Même si elle a encore du mal à réaliser son ampleur, Sylvie comprend toutefois pourquoi son initiative a touché une corde sensible. « Je pense que les photos ont ému les gens, parce que les personnes âgées immortalisées sont belles et attachantes. Ça démontre aussi que les gens sont sensibles à la réalité des aînés et s’inquiètent pour eux même s’ils ne peuvent pas les visiter », analyse Sylvie.
La résidence Château Symmes compte 160 pensionnaires. Ceux qui apparaissent sur les photos sont simplement celles et ceux qui se trouvaient dans la salle à manger lorsque Sylvie a décidé de concrétiser son petit projet.
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Pour éviter de faire des jaloux, Sylvie invite les gens à envoyer des cartes de Noël de manière anonyme, en inscrivant seulement “monsieur” ou “madame” sur l’enveloppe, ce qui lui permettra d’ajouter elle-même les noms des aînés de la résidence. « Vu la grande réponse, on a déjà commencé à étendre le projet de cartes à d’autres établissements de Gatineau », s’enthousiasme l’infirmière, qui souhaite ainsi insuffler un peu d’espoir aux aînés qui traversent cette période difficile loin de leurs proches.
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Sylvie se réjouit également d’une sorte d’effet boule de neige, après avoir eu vent d’initiatives comme la sienne dans plusieurs villes du Québec comme Limoilou et Trois-Rivières, mais aussi en France. « Tant mieux si ça inspire des gens. C’est un geste simple, concret et pas cher », résume-t-elle, soulignant recevoir également des petits cadeaux comme des foulards et des gratteux.
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Pour l’heure, une cinquantaine de cartes sont déjà arrivées à la résidence de la rue North. Et ce n’est qu’un début, à en juger par les commentaires sous les photos des magnifiques résident.e.s du Château Symmes.
Pour éviter les risques de propagation, ces cartes seront d’abord mises en quarantaine durant trois jours, avant d’être distribuées aux résidents.
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Même si les gens qui ont répondu à son invitation écrivent à de purs inconnus, Sylvie est convaincue que le langage du cœur est universel. « C’est comme si t’écrivais à ton grand-père ou ta grand-mère, Tu ne leur souhaites pas de joyeuses fêtes en famille, mais simplement de la santé et du courage », tranche-t-elle avec aplomb.
Le père Noël n’existe peut-être pas, mais de toute évidence, la mère Noël existe.
Elle s’appelle Sylvie Chevrier et habite à Gatineau.