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La gauche a “gagné” les élections et Macron joue avec le feu
Dimanche, les législatives ont rendu leur verdict : le Nouveau front populaire est arrivé en tête, à la surprise générale.
Mais avec un peu moins de 200 députés à l’Assemblée nationale, impossible pour la gauche d’avoir la majorité absolue qui nécessite 289 sièges. Alors, on fait comment ? Essayons d’y voir plus clair…
Au gouvernement : la gauche demande le pouvoir
C’est ce qu’ont annoncé les dirigeants du Nouveau front populaire, que ce soit Jean-Luc Mélenchon (LFI), Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (EELV) : la coalition est dite prête à “gouverner” et à appliquer son programme cet été.
À Matignon, le NFP pourra alors prendre ses premières mesures par décret : mettre le SMIC à 1 600 euros, bloquer les prix de certains biens, stopper le projet de l’A60 et abroger la réforme des retraites (y’a débat sur ce dernier point).
Et au niveau de l’Assemblée ?
Les député.es de la nouvelle Assemblée nationale ont jusqu’au jeudi 18 juillet pour s’affilier à un groupe.
C’est la composition définitive des groupes au Palais Bourbon qui permettra d’établir les fameux “rapports de force” entre les différentes formations politiques.
Et donc, de dégager une majorité qui sera plus ou moins forte pour voter les lois portées par le nouveau gouvernement ou bien, au contraire, le censurer.
Un record de groupes
En attendant la date fatidique du 18 juillet, les tractations seront très intenses pendant une semaine. La XVIIe législature devrait battre un record en comptant 13 groupes.
À bâbord, les regards sont tournés vers les députés de l’ancienne majorité présidentielle : le NFP tentera peut-être de trouver un deal avec l’aile gauche déçue du macronisme, notamment Sacha Houlié qui a annoncé quitter Renaissance.
Avec une majorité relative, la coalition de gauche pourrait tout à fait trouver des accords texte par texte, afin de pouvoir appliquer le programme du Nouveau front populaire, tout comme l’ont fait les macronistes depuis 2022.
EMMANUEL MACRON, CASSEUR D’AMBIANCE
Sauf que le choix du Premier ministre revient au président de la République et Emmanuel Macron conditionne le choix du locataire de Matignon à une majorité “solide” et “nécessairement plurielle”. C’est ce qu’il écrit dans sa lettre aux Français publiée aujourd’hui dans la PQR et hier sur ses réseaux sociaux.
Pour se justifier, le chef de l’État assure que “personne ne l’a emporté” dimanche dernier. Une réponse “pas à la hauteur de l’Histoire” estime Clémence Guetté de la France Insoumise.
Alors que le président voulait une “clarification” et un certain “apaisement” de la vie politique, il semble plutôt avoir balancé une nouvelle grenade dégoupillée comme il aime à le dire.
“La lettre d’emmanuel macron devait apaiser. Elle aura ravivé les tensions du pays, cultivant l’image d’un chef d’état incapable d’accepter la défaite et se contredisant d’une semaine sur l’autre.” – Le Monde
Allô Jupiter ? Ici la terre
En ne respectant pas la tradition républicaine de nommer un premier ministre parmi le groupe qui a remporté les élections législatives, le chef de l’État semble totalement hors sol, au mépris des principes de la Ve République
C’est ce que disent, à raison, les membres du NFP…. mais aussi Gérard Larcher. Pour le président du Sénat, Emmanuel Macron n’a pas respecté l’article 12 de la Constitution en ne le consultant pas avant d’annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale.
Selon le n°2 de l’État, il s’agit d’un “problème institutionnel”. Gérard Larcher estime qu’Emmanuel Macron “joue avec la France”.
Alors, quels sont les bails ?
Alors qu’Emmanuel Macron tente son coup de force, tandis que Bayrou et Edouard Philippe poussent pour une coalition centre/droite, la gauche reste soudée, à l’image d’Olivier Faure (PS), interviewé hier soir sur France 2 :
Pour Philippe Poutou, il faudra “pousser très fort par en bas” afin d’obtenir un gouvernement menant une politique de gauche. De son côté, la CGT Cheminots appelle à des rassemblements le 18 juillet, à proximité de l’Assemblée nationale et partout en France.
Alors en attendant de savoir à quelle sauce nous allons être mangés, il est bon de se remettre cette vidéo d’Emmanuel Todd, interviewé par Arrêt sur Images en 2017, juste avant l’élection d’Emmanuel Macron :