La France n’est pas heureuse : 5 proposition pour lui redonner le sourire

En déplacement au Canada la semaine dernière, le président de la République s’est interrogé sur le moral de ses compatriotes, devant des fresques murales qui montrent des Français.es en liesse. Emmanuel Macron s’est ainsi fendu du commentaire suivant : “Je ne sais pas si la France est heureuse à cette date, mais la Francophonie à coup sûr !”.

Alors la bonne nouvelle, c’est qu’à défaut d’en avoir quelque chose à cirer, notre chef d’Etat est au moins lucide sur la situation. Car oui, une grosse partie de l’Hexagone vit plutôt sa vie comme un lundi matin permanent. D’ailleurs, depuis l’euphorie collective de la Coupe du Monde 1998, et le grand assaut jubilatoire des terrasses post-COVID, le pays n’a pas eu beaucoup d’occasions de se réjouir. La faute à l’inflation galopante, au manque de considération des instances politiques qui prennent la démocratie pour une petite carpette, ou peut-être aussi, au come-back des imprimés treillis et des casquettes gavroche.

Mais alors comment faire pour sortir la France de cette sinistrose ambiante ? Comment insuffler un peu de joie de vivre, à une population frappée de pessimisme ? Bref, y-a-t-il un happiness manager dans l’avion pour sauver la France de ce gros crash de sérotonine ? Voici nos 5 propositions, pour redonner le sourire à la population…

Assurez-vous d’être bien installé.e dans le canapé que vous n’avez pas encore fini de payer. Fermez vos yeux (un peu comme notre président sur la vente d’armes françaises à Israël) et prenez une première profonde inspiration en pensant au discours de Michel Barnier, lors de la passation de pouvoir à Matignon.

Gardez l’air dans vos poumons quatre secondes, puis relâchez en expirant lentement, et en détachant chaque syllabe de la formule sacrée “rétablissement de l’ISF et taxation des superprofits”. Laissez venir à vous les sensations. Recommencez, jusqu’à ce qu’il y est enfin une véritable justice fiscale dans le pays.

Dans la langue de Molière, on dirait “s’efforcer de voir la vie du bon côté”. Mais cette maxime n’est plus assez inclusive, depuis que des dizaines de gilets jaunes ont perdu l’usage d’un oeil lors d’une manif. On préférera donc proposer aux Français.es de “faire évoluer leur état d’esprit vers la résilience”, en cultivant “une attitude positive et souple face aux aléas de la vie”.

Car dans un monde de possibilités commerciales, l’augmentation exponentielle du coût de l’énergie qui grève vos fins de mois n’est pas que l’assurance de se geler les miches la moitié de l’année : c’est surtout une formidable opportunité de business, pour lancer sa marque de PQ en laine mérino.

Il paraît qu’avoir un copain à quatre pattes rend heureux. Et non, on ne parle pas ici de vos 5 à 7 estivaux. En effet, toutes les études tendent à démontrer que la présence d’un animal rend les Français.es plus gaies, et moins susceptibles de tartiner du Prozac sur leurs biscottes du petit-déjeuner. Un sondage récent précisait même qu’ils rendaient les Parisiens plus “empathiques” (30 %) et plus “généreux” (20 %).

Alors si ça marche en Ile-de-France (ce grand laboratoire national de la tolérance au stress et à la frustration), ça devrait marcher aussi pour le reste de la population. D’ailleurs, le proverbe ne dit-il pas : “nulle petite patoune ne saurait faire passer l’envie d’envoyer des ballotins de rognures d’ongle à Emmanuel Macron” ?

Vous voyez toutes ces personnalités qui expliquent en interviews qu’elles font de la brasse coulée dans le bonheur depuis qu’elles ont lâché la bouteille ? Eh bien, ça pourrait être vous. Oui, vous pourriez être cette personne au teint éclatant, et aux pores aussi resserrés que les futures frontières de l’UE. Cette créature inspirante, qui se lève à 7h du mat’ un samedi pour un chien tête en bas, plutôt que de se mettre la tête à l’envers tous les weekends.

De toute façon, avec la hausse des prix, vous n’avez plus les moyens de boire autre chose que de l’eau du robinet contaminée aux polluants éternels. Alors profitez-en pour étaler votre dry-january dans le temps. Vous verrez, le sentiment de supériorité enivre tout aussi bien qu’une bouteille de vin blanc.

Peut-être l’idée la plus risquée et singulière de toutes ces propositions, mais imaginez une seconde que vos votes soient pris en compte lors des élections ? Vous sentez l’apaisement qui vous envahit, à mesure qu’on considère vos aspirations profondes et légitimes au respect des institutions ? Votre fréquence vibratoire qui augmente, en même temps que l’écoute active et bienveillante d’un gouvernement qui ferait son travail, plutôt que de se mettre au service des ultras-riches et des lobbies ?

Alors oui, c’est audacieux, mais peut-être qu’elle est là, la clef d’une France épanouie : dans l’impression que nos voix comptent, et que la sphère politique n’est pas totalement indifférente aux besoins de la population.