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La fièvre nostalgique de Dua Lipa est-elle en train de s’essouffler ?

Hélas, son nouvel album « Radical Optimism » promet de ne rien apporter de nouveau.

Par
Malia Kounkou
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Après nous avoir aidés à surmonter 2020 grâce à sa pop aux reflets boules disco à facettes, la chanteuse albano-britannique Dua Lipa revient dans nos oreilles avec un troisième album studio, Radical Optimism.

Serait-ce l’album de la maturité ? C’est souvent ce qu’on dit du troisième, après tout — et, en toute transparence, je ne l’ai pas encore écouté, mais mes AirPods chargent au moment même où j’écris ces lignes. Soyez rassurés.

Les titres ayant précédé sa sortie, soit Houdini, Training Season et Illusion, laissent présager une suite logique, et tout aussi pailletée, de son précédent projet au succès fulgurant, Future Nostalgia.

Mais une fois réchauffée, une même formule peut-elle rester aussi efficace ? Car on dit aussi du troisième album que soit ça passe… soit ça casse.

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Écrit dans les étoiles

Trois Grammys Awards. Sept Brit Awards. Une chanson culte dans le film Barbie. À seulement 28 ans, le nom de Dua Lipa est aussi international qu’incontournable dans le monde de la musique pop.

En passant : non, « Dua Lipa » n’est pas un pseudonyme. Que voulez-vous ? Certains noms prédestinent déjà au succès.

Celui de Dua signifie « amour » en albanais et a été hérité de ses parents, Anesa et Dukagjin, qui quitteront en urgence le Kosovo pour l’Angleterre au début des années 90, juste après l’éclatement de la guerre des Balkans.

De ses parents, et en particulier de son père, un ancien chanteur et guitariste rock, la chanteuse héritera également d’un sens musical accru, baignant dès son plus jeune âge dans des classiques comme The Police, Radiohead ou encore Bob Dylan.

Ces références nostalgiques se ressentent d’ailleurs dans son timbre de voix, qui tend vers un jazz suave de boudoir, rappelant souvent Amy Winehouse.

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Un peu loin du pétillement coloré et léger de la pop, mais peut-être que ce décalage est justement la clé de son succès.

La seconde clé ? Sa capacité à prendre en main son propre destin.

Ainsi, à seulement 15 ans, et alors que sa famille vient de repartir vivre au Kosovo, elle convainc ses parents de la laisser revenir seule à Londres pour y entamer une carrière de chanteuse.

Logée chez une amie, la jeune femme poursuit alors son rêve d’arrache-pied en parallèle de ses études, cumulant les petits boulots, les cours de chant en fins de semaine et les reprises musicales de Pink, Christina Aguilera, Nelly Furtado ou Alicia Keys sur internet.

Tout cela finit par payer en 2014, lorsqu’elle signe enfin avec la maison de disque Warner Records. Et le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.

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À contrepied

L’une des plus grandes forces de Dua Lipa — outre les memes qu’elle inspire accidentellement — est l’art de la surprise.

Elle va donc continuellement habituer son public à une sonorité spécifique, et puis, hop! En un claquement de doigts, le registre musical est de nouveau changé, et le tout, sans trahir sa propre essence artistique.

Un bon exemple serait New Rules, soit le titre le plus vendu de sa carrière, qui plafonne actuellement à plus de 3 milliards de vues sur YouTube. Pour cette chanson, la chanteuse troque la pop standard qui l’a fait connaître pour l’univers de l’eurodance d’Europe de l’Est, souvent caractérisé par de l’accordéon, des synthés tropicaux et des cuivres.

Souvenez-vous du groupe moldave O-Zone et de son fameux Dragostea din tei chanté avec le combo lunettes de soleil et chemise ouverte.

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D’autres grands noms de ce genre (qui, hélas, s’est essoufflé après 2012) seraient Alexandra Stan ou encore la chanteuse roumaine Inna qui, chaque été, s’assurait de nous donner matière à danser au soleil.

Pour son deuxième album, Future Nostalgia, Dua Lipa récidive, nous offrant de la disco-pop alors qu’ après New Rules, le monde entier s’attend à un son plus européen — et pourquoi pas albanais.

Mais vous l’aurez deviné : ce changement de sonorité aussi fonctionne à merveille.

Entre la nostalgie des années 80 qui s’adapte parfaitement à sa voix intemporelle, le côté dansant du disco mélangé au funk, les paroles joueuses qui restent en tête et auxquelles tout le monde peut s’identifier, on continue sur un sans-faute.

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La paralysie du succès

C’est pourquoi cette nouvelle ère entourant la sortie de l’album Radical Optimist nous laisse pour le moment sur notre faim.

Car cette fois-ci, la chanteuse ne prend pas trop de risques; Future Nostalgia lui a appris qu’elle a touché à une formule qui marche. Elle garde donc un pied ferme dans le disco, et ne s’aventure que très timidement dans le psychédélisme des années 70, et ce, malgré l’aide du visionnaire Kevin Parker (Tame Impala) pour ce nouveau projet.

Du reste, on reste dans une ambiance épurée, convenue, et un peu austère; un peu ironique pour un troisième album au nom si solaire.

Le goût du risque auquel Dua Lipa nous a si souvent habitués manque à l’appel.

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Est-ce par peur de polariser musicalement son public à présent qu’elle culmine à un si haut niveau de succès? Si oui, la chanteuse Miley Cyrus est un merveilleux contre-exemple, après qu’elle ait fait suivre son album à succès Bangerz par Miley Cyrus & Her Dead Petz, un projet phénoménal, mais objectivement what-the-fuck-esque.

Bon, peut-être suis-je négative un peu trop vite. Alors, en attendant que mes AirPods finissent de charger, je vais tenter, comme le titre du nouvel album de Dua Lipa le suggère, d’être radicalement optimiste.