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Le monde du sport a été secoué par une véritable onde de choc dimanche dernier, lorsque la légende de la NBA Kobe Bryant a tragiquement perdu la vie dans un accident d’hélicoptère dans la région de Los Angeles. Huit autres personnes, dont sa fille de 13 ans Gianna, ont également péri dans l’écrasement dont les causes ne sont pas encore connues.
Plus qu’un simple prodige du basket, Bryant était une vedette internationale dont la notoriété dépassait de loin son impact dans la NBA. Kobe, c’est le genre de gars dont ma mère connait le nom, même si je ne suis pas certain qu’elle ait regardé un match de basket dans sa vie. Le # 24 (anciennement #8) des Lakers de Los Angeles avait des jeux vidéos à son nom, des écoles de basketball à travers le monde, un partenariat important avec Nike et surtout, était un modèle pour des millions de jeunes, grâce à sa Mamba Mentality — la ténacité sans failles du gagnant.
Quand je jouais au basket dans l’entrée de ma maison d’enfance, c’est souvent pour Kobe que je me prenais, en copiant son tir fadeaway. Aujourd’hui, la grande majorité des adultes comprennent la référence lorsque quelqu’un lance un objet vers une cible quelconque en criant « Kobe ! ». Sa mort est un événement mondial dont l’ampleur est similaire aux décès accidentels et prématurés de James Dean ou encore Buddy Holly à l’époque. Personnellement, c’est probablement la première fois que la mort d’une célébrité me fait verser une larme.
Une légende du rap jeu
Kobe Bryant était également rappeur. Un rappeur pas particulièrement doué, doit-on admettre. En tant que MC, sa carrière se limite à l’album K.O.B.E., où malgré le flow imprécis du rappeur, on pouvait retrouver de grosses collaborations, notamment avec 50 Cent, Nas et Tyra Banks. Bryant a cependant compris assez rapidement que ce n’est pas en tant que rappeur qu’il passerait à l’histoire. C’est tant mieux, parce qu’il avait déjà les skills pour le faire ailleurs.
Malgré tout, Kobe est devenu une figure importante du rap jeu. Les deux cultures, connexes depuis des décennies, étaient en plein essor au début des années 2000 lorsque Kobe arrivait au sommet de ses performances. Dans un genre où l’un des objectifs principaux est d’asseoir sa domination sur le game, il est peu surprenant que Kobe ait été cité incessamment par ses collègues du rap. En l’honneur de Bryant, de son parcours, de sa domination, et de son influence, on vous a réuni quelques-unes des meilleures références à Kobe dans le rap.
Attention, Kobe étant prétendant au titre de meilleur de tous les temps, les références à lui se comptent par centaines, voire milliers, et ne sont pas toutes présentes dans cette chronique. Alors si on a manqué ta préférée, drop-la dans les commentaires.
Lil Wayne – Kobe Bryant (2009)
«Kobe doin’ work, 2-4 on my shirt
He the greatest on the court, and I’m the greatest on the verse»
Dur de ne pas commencer avec la chanson homonyme. Il faut se rappeler qu’à ce moment en 2009, Lil Wayne peut réellement prétendre être le meilleur rappeur du monde. Il enchaîne les mixtapes où il présente un flow inédit, plus fluide qui laisse briller ses punchlines aussi niaiseuses que géniales sur des productions populaires du moment. Le concept de la chanson basée sur un nom de célébrité n’est pas encore complètement surfait à l’époque.
Bryant est à ce moment champion en titre de la NBA, étant nommé MVP de la dernière série finale contre le Magic d’Orlando. Le tout sans Shaquille O’Neal, avec qui le Black Mamba avait remporté ses trois premiers titres.
Si on mélange tout ça, on obtient deux compétiteurs qui dominent leurs domaines, et qui s’inspirent entre eux. C’est ça, la Mamba Mentality.
T.I. & Jay-Z — Swagga Like Us feat Kanye West & Lil Wayne (2008)
«Tryin’ to get that Kobe number, one over Jordan»
Cette rencontre des titans est l’occasion idéale pour se comparer à d’autres icônes, comme, pourquoi pas… Kobe.
C’est Kanye qui s’offre la comparaison, sur un beat de son cru qu’on dit être le premier qu’il a composé après la mort de sa mère Donda en 2007. Alors que l’expression swag en est à ses premiers balbutiements — ici dans sa forme swagga — West fait une référence habile au désir de Kobe de gagner autant de titres que Michael Jordan (il finira sa carrière avec cinq bagues de champion, une de moins que MJ).
En même temps, c’est également une flèche au changement de numéro de Bryant, qui est passé du #8 au #24 lors de la saison 2006-2007. Quick math : si on ajoute 1 au 23, qui est le numéro de Jordan, ça donne… 24, comme le nouveau numéro de Kobe. Très fort.
Kendrick Lamar — untitled 02
«Me and Top is like a Kobe and Phil
A father figure play with him you get killed
Play with me and he will kill you himself»
C’est une évidence que Kendrick, rappeur hyper compétitif et aspirant au titre de GOAT de Compton à Los Angeles, s’inspire d’un autre héros de la ville aux valeurs similaires. Il compare ici sa complicité avec Top (Dawg), le patron de son label TDE, à celle de Kobe avec l’entraîneur Phil Jackson, qui l’a coaché pendant 11 saisons à L.A..
Deux génies du basket dont les philosophies étaient diamétralement opposées, Jackson et Bryant ont gagné cinq titres ensemble, même s’ils ont souvent eu des prises de bec. Avec le temps, ça les a rendus encore meilleurs, tout comme Kendrick et Top.
Rowjay — Diddy Kadhafi
« Mon plug Mehdi m’appelle, il est posé en Algérie
Je prends le prochain vol *swish*, moi je ball comme Kobe »
La fascination pour Kobe n’a pas épargné le rap queb. Le jeune finesseur en chef du game ne passe pas par quatre chemins : quand il est question de ball, donc de montrer son opulence et de vivre dans l’excès, il est comme le MVP de la NBA en 2008. Tout ça, en plus d’être « riche comme Céline ».
Freeze Corleone – S/O Congo Part. 2
« Dur dans la peinture comme Kobe, ekip »
Signe de la globalité de sa notoriété, on retrouve aussi une multitude de références à Kobe dans le rap français. Une des plus fines est certainement celle de Freeze Corleone sur S/O Congo Part. 2, alors qu’il traduit l’expression « going hard in da paint » de Waka Flocka, qui signifie de rentrer en force vers le panier, mais aussi de tout donner en général. Ça donne « dur dans la peinture », à quoi on ajoute la comparaison à un des joueurs les plus durs dans la peinture : Kobe.
Rick Ross – Stay Schemin feat French Montana & Drake
«Kobe ’bout to lose a hundred fifty Ms
Kobe my nigga, I hate it had to be him
Bitch, you wasn’t with me shootin’ in the gym
(Huh! Bitch, you wasn’t with me shootin’ in the gym)»
Drake fait ici référence au divorce de Kobe, qui n’a finalement pas eu lieu. Accusé de violence sexuelle sur une femme d’Eagle, au Colorado en 2003, Kobe a évité un procès, mais a dû faire face à la demande de divorce de sa femme Vanessa. C’est alors que Stay Schemin est sorti, et le rappeur de Toronto fait référence au montant que la vedette des Lakers pourrait payer à sa femme pendant les procédures de divorce. Cette référence peut également être une forme de vengeance pour le match du 22 janvier 2006, où Kobe a marqué 81 points contre les Raptors de Toronto, le deuxième plus haut total de points dans un match après les fameux 100 points de Wilt Chamberlain.
C’est particulièrement le « bitch, you wasn’t with me shootin’ in the gym » qui est passé à l’histoire, alors que Drake avance que la femme de Kobe n’a pas droit à la moitié de la fortune de son mari, parce qu’elle ne possède pas ses dons et ne travaille pas fort comme lui. Quoi qu’on pense de cet argument (fallacieux), la phrase est devenue un meme alors que le terme n’existait pas encore. Heureusement, Kobe et Vanessa ont réussi à réparer leur mariage et formaient ce qui semblait être une famille heureuse jusqu’au décès tragique de Bryant dimanche dernier.
Shaquille O’Neal — Freestyle
« Kobe, tell me how my ass taste »
Un grand classique pour terminer. Alors que la querelle des deux joueurs vedettes est à son summum à la suite du départ de Shaq des Lakers, le pivot légendaire se permet de lancer une flèche à son ancien coéquipier lors d’un freestyle rap qui passera à l’histoire. Heureusement, les deux athlètes sont redevenus de bons amis par la suite, bien avant le décès de Bryant.