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Kaamelott – Premier Volet : entrevue avec Alexandre Astier sur son audacieux pari

La série humoristique fait un retour glorieux... au grand écran !

Par
Benoît Lelièvre
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Kaamelott était un plaisir familial à la maison. Penser aux courts sketchs humoristiques, qui revisitaient les légendes arthuriennes, fait remonter le souvenir du rire tonitruant de ma mère (dont j’ai d’ailleurs hérité), des conversations téléphoniques à leur sujet et de visionnements en rafale sur YouTube.

À l’époque, cette relecture irrévérencieuse et contemporaine du canon de la littérature était aussi pour moi l’occasion de mettre sur pause mes études dans le domaine.

La série compte 458 épisodes répartis sur six saisons, les deux dernières ayant un côté plus sombre, autant dans le format que dans le ton, laissant présager un avenir pas très jojo pour les personnages. À la fin, le créateur de la série Alexandre Astier nous avait d’ailleurs laissés sur une mystérieuse déclaration: « Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros. »

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Et puis… plus rien. Jusqu’à ce qu’Arthur annonce son glorieux retour au grand écran avec cette bande-annonce, il y a quelques semaines:

Surtout pas un retour

« Le projet de film date d’il y a longtemps », affirme Alexandre Astier, tout sourire, via visioconférence Zoom. « L’écriture du scénario a débuté très tard dans le processus. Ça a pris du temps. À la fin de la série, leur vie change. Un tyran prend contrôle du royaume. J’ai été habité par leur sort pendant un bon moment avant de m’y mettre, mais lorsque je me suis mis à la tâche, c’est allé très vite. »

« Il y a des batailles rangées dans le film. Des scènes de sièges. Dans le format qu’avait l’émission, c’était plus difficile de faire comprendre que ce genre de choses se passaient et l’importance qu’elles avaient dans l’histoire. »

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Passer de la télé au grand écran représentait un défi de taille, mais c’était aussi l’occasion rêvée de raconter l’histoire de Kaamelott différemment, chose à laquelle Alexandre Astier tenait mordicus. « C’est sûr qu’on a eu quelques défis d’effets spéciaux. Par exemple, on n’avait jamais représenté la forteresse de Kaamelott dans l’émission parce qu’on était toujours à l’intérieur des murs. Il fallait trouver de quoi ça allait avoir l’air. Sinon, c’était beaucoup de logistique, mais c’est plus facile de raconter une histoire quand on peut montrer les choses. Il y a des batailles rangées dans le film. Des scènes de sièges. Dans le format qu’avait l’émission, c’était plus difficile de faire comprendre que ce genre de choses se passaient et l’importance qu’elles avaient dans l’histoire », m’explique-t-il.

Le monde a connu beaucoup de bouleversements entre la fin de la série et l’annonce du film. On n’a qu’à penser à l’arrivée des réseaux sociaux. Les créateurs ont souvent à faire face à une critique de leur oeuvre virulente à travers ceux-ci, mais ça n’effraie pas le principal intéressé : « C’est sûr qu’il y a une violence à laquelle les artistes doivent faire face sur les réseaux. En fait, ça a toujours existé, mais avant les gens en parlaient juste entre eux. Ils n’avaient pas de plateforme pour le faire. J’essaie de ne pas prendre ça personnel. Ce genre de violence c’est souvent identitaire. Les gens se réclament d’un certain groupe ou de certaines valeurs en fustigeant quelque chose. La seule chose que je peux faire, c’est d’écrire le Kaamelott que j’avais en vie de voir au cinéma. Le reste, ça ne m’appartient pas. »

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Ce n’est donc pas exactement un retour pour Arthur, Guenièvre, Perceval, Karadoc et la bande. Ils émergent plutôt de dix ans en cavale pour mener le combat de leur vie. Si ça vous paraît différent du Kaamelott de vos souvenirs, c’est parce que ça l’est.

Plus rien n’est comme avant

Lors du visionnement de presse de Kaamelott: Premier Volet, j’ai été agréablement surpris de constater l’évolution des personnages. Loin d’essayer de capturer l’esprit de l’époque dans laquelle ils ont connu leur succès à la télé, ils semblent avoir gagné en maturité. Ils sont habités d’une noblesse intérieure qu’ils n’avaient pas alors. On peut notamment y voir une magnifique scène avec Guenièvre où on lui découvre une profondeur qu’on ne lui connaissait pas.

« Ils sont tous en combat depuis une décennie », raconte Alexandre Astier encore visiblement passionné par son projet. « Au début, ils étaient maîtres des lieux. La série était à propos de leur quotidien. Aujourd’hui, on parle de personnages qui sont recherchés depuis dix ans. Qui vivent dans un péril permanent. Plus rien n’est comme avant pour eux et plus rien ne sera jamais comme avant. C’est le genre de circonstances qui ferait changer n’importe qui. »

« Au début, ils étaient maîtres des lieux. La série était à propos de leur quotidien. Aujourd’hui, on parle de personnages qui sont recherchés depuis dix ans. Qui vivent dans un péril permanent. »

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C’est cette humilité créative qui fait de Kaamelott: Premier Volet une nouvelle incarnation intéressante de la série. Alexandre Astier n’a pas succombé à la nostalgie et a donné à ses personnages les outils pour devenir de meilleures versions d’eux-mêmes. Ils sont encore bêbêtes et beaucoup trop procéduraux pour le Moyen-Âge, mais ils ne sont plus des caricatures de légendes arthuriennes ou de bureaucrates made in France. On les sent plus fragiles, plus humains que jamais.

Kaamelott: Premier Volet prendra l’affiche le mercredi 21 juillet. Si vous étiez un.e inconditionnel.le de la série comme moi, n’hésitez pas. Achetez votre billet dès que possible, vous me remercierez plus tard. Si vous n’avez jamais entendu parler de la série, elle est disponible dans son entièreté sur YouTube. Elle a très bien vieilli et ça se regarde bien tranquillement en soirée, avec un p’tit verre de ce que vous voulez.

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Pas besoin de l’avoir regardée pour apprécier Kaamelott: Premier Volet. C’est juste un bon film de cape et d’épée avec le coeur sur la main et un sens de l’humour aiguisé. C’est comme ça qu’on fait revivre une franchise.