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Jouir et vieillir : la vie sexuelle et le vieillissement

Par
Julie Lemay
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Malgré la croyance populaire, le vieillissement ne sonne pas l’arrêt complet de la vie sexuelle : une étude réalisée auprès de plus de 3 000 Américains a révélé qu’environ trois quarts des gens âgés de 57 à 64 ans sont sexuellement actifs, alors que c’est le cas pour plus de la moitié des 65 à 74 ans et pour plus du quart des 75 à 85 ans.

Par contre, il y a évidemment des choses qui changent. Voici quelques chiffres :

51

Âge moyen auquel survient la ménopause. Avec une espérance de vie de 86 ans, les femmes peuvent vivre désormais plus de 35 ans en étant post-ménopausées.

2,5 jours

C’est le temps requis aux spermatozoïdes d’un homme de 75 ans pour atteindre l’ovule. Durant son jeune temps, le spermatozoïde peut prendre de 20 à 50 minutes pour effectuer le même trajet.

40

Âge auquel les hommes commencent à connaître un début du ralentissement de la réponse sexuelle. La sécrétion de testostérone baisse d’environ 1 % par année à partir de l’âge de 30 ans.

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La petite histoire du Viagra

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Souhaitant découvrir une médication pouvant traiter l’angine de poitrine, c’est au début des années 1990 que les laboratoires Pfizer synthétisent une molécule appelée sildénafil. À la phase d’expérimentation sur les hommes aux prises avec cette condition cardiaque, coup de théâtre! Les résultats ne sont pas significatifs en ce qui concerne l’angine de poitrine, mais les candidats à qui le traitement a été administré rapportent comme effet secondaire des érections, des érections et encore des érections!

Les chercheurs ont ainsi réorienté leur protocole de recherche, délaissant les troubles cardiaques afin de mettre le focus sur les troubles érectiles. Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres: l’erreur de départ s’est transformée en entreprise fort lucrative. C’est en 1996 que le Viagra a été breveté. Dix ans après sa mise en marché, on estime qu’il aurait été prescrit à plus de 35 millions d’hommes à travers le monde et ce, dans plus de 120 pays.

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À quand le Viagra féminin?

On l’appelle le « Viagra féminin », mais l’Addyi, première médication se targuant d’augmenter le désir sexuel féminin, n’agit pas de la même façon. Si la pilule bleue agit en augmentant l’affluence sanguine au niveau des organes génitaux, la pilule rose agit directement sur le cerveau, pour, entre autre, favoriser la dopamine, neurotransmetteur associé à la récompense et au plaisir.

Lors de l’étude des impacts de la prise de cette médication les résultats furent plutôt faibles. Seulement 10% des femmes ont remarqué une augmentation de leur libido, comparativement au groupe ayant reçu un placebo.

Les questionnements sur son efficacité sont nombreux, et non seulement pour cette raison! Bien évidemment, un manque de libido chez les femmes n’est pas nécessairement lié avec le vieillissement. La baisse du désir sexuel est souvent associée à des causes telles que l’anxiété, les difficultés conjugales ou l’état dépressif. Plusieurs facteurs doivent être évalués avant sa prescription.

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Comme le rappelle très justement France Info, « pour le moment, les médicaments visant à améliorer le désir féminin ne sont pas disponibles en France. Un retard conséquent par rapport aux médicaments destinés aux hommes souffrant de troubles de l’érection, comme le célèbre Viagra® mis en vente sur le marché français il y a plus de 20 ans, en 1998. »

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Médicaliser le sexe

Dans la littérature scientifique, plusieurs auteurs se sont interrogés sur la tendance à médicaliser la sexualité lors du vieillissement. Reconnaissant que certains traitements sont nécessaires et précieux, on questionne le risque de chercher à perpétuer une sexualité adolescente, alors que l’être humain pourrait s’adapter différemment à une sexualité du 3e âge.

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En misant sur une correction de la lubrification, de l’érection et de l’orgasme pour maintenir le fonctionnement du coït, oublie-t-on de valoriser la complexité du désir, la qualité de la relation et l’importance du bien-être psychologique?

Avec la collaboration de Catherine J. Lalonde

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