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J’ai 35 ans et, lorsque j’organise une soirée, un apéro, voire mon propre mariage, vient toujours le moment gênant où je dois établir la liste des convives. Non que le choix soit difficile ou que je manque d’idées, non, rien de tout cela… Le malaise survient généralement au moment où mon mec se penche sur mon épaule, jette un oeil à ladite liste, et me lance: “Dis, ce ne serait pas ton ex, Untel?”
Non seulement Untel est bel et bien mon ex, mais c’est également le cas de Bidule, Truc, Machin, Tartampion… et tous les autres.
Et figurez-vous que je ne fais pas de discrimination: je reste amie même avec les pires des bâtards.
Pour clarifier un peu les choses, seuls certains d’entre eux peuvent être considérés comme d’authentiques ex: on s’est rencontrés, on s’est plu, on s’est embrassés, on s’est parfois dépucelés, on s’est collés l’un à l’autre, on s’est même dans certains cas installés, cela a duré entre 3 mois et 7 ans, et c’était officiel: nous formions un couple. Dans ces cas-là, la rupture a donc été marquée, consommée. Et, ce beau jour, ils sont devenus des ex, souvent à leur coeur défendant.
Notez que j’ai toujours été pleine d’empathie et de respect pour ceux que je quittais, même lorsqu’ils avaient été d’infâmes salauds avec moi.
Et figurez-vous que je ne fais pas de discrimination: je reste amie même avec les pires des bâtards. Note pour plus tard: peut-être consulter un professionnel à ce sujet précis.
Pour ceux qui n’entrent pas dans la liste des ex à proprement parler, contentons-nous de dire qu’il s’agit d’amis avec qui j’ai eu des relations intimes ponctuellement ou régulièrement sans que cela n’influe en rien sur notre amitié, ou bien d’amants avec qui je prenais autant de plaisir à la conversation qu’à la bagatelle.
Toujours est-il que j’ai rapidement dû me rendre à l’évidence que quasiment tous mes amis dotés d’attributs masculins avaient ce point commun d’avoir partagé mon lit, ou carrément ma vie, à un moment donné.
Et c’est en discutant avec des ami.e.s (dont certains étaient des ex, si vous avez bien suivi) que j’ai compris que j’avais peut-être un problème.
La plupart des gens cessent totalement d’entretenir des relations suite à une rupture. La plupart des gens ne couchent pas avec leurs amis. La plupart des gens ne font pas de leurs amants des BFF.
Je ne fais mystère ni de mon passé, ni de mon présent.
Comme j’ai toujours eu la chance d’éviter les jaloux (un des pires défauts selon moi, en ce qu’il nuit autant à la personne elle-même qu’à son entourage), le fait de conserver mes anciens amants dans mon entourage plus ou moins proche n’a jamais été un handicap à mes relations amoureuses. Je ne fais mystère ni de mon passé, ni de mon présent. Du moins, je ne mens pas. Ou alors par omission.
Dans le pire des cas, cela est considéré comme une simple bizarrerie, ou une fantaisie névrotique. Les gens ne comprennent tout simplement pas comment c’est possible, y compris lesdits ex avec qui je suis amie. Je suis d’ailleurs souvent leur seule amie-ex.
Comment on reste bons amis: mode d’emploi
Plusieurs options s’offrent à vous si vous souhaitez rester ami.e avec un.e ex: car le spectre de la relation post-rupture est large, allant du cruel ghosting à la relation tordue. Nous parlerons ici de relations que je considère plutôt saines allant de “être en bons termes” à “meilleur ami” en passant par “cercle rapproché”.
Mais, avant de basculer dans le monde merveilleux des amis-ex, il y a selon moi des pré-requis sine qua non à réunir:
-D’abord, ça a l’air bête dit comme ça, mais il faut apprécier la personne. Avoir de la sympathie à son égard. Il faut donc qu’il y ait à la fois respect et attachement sincère.
-Il faut aussi avoir été relativement irréprochable durant la relation. Pas de coups bas, de méchanceté, de cachotteries. Il faut avoir été honnête de A à Z.
-Il ne faut pas non plus être rancunier, ni nourrir aucun sentiment haineux à l’égard de l’ex.
-Le plus important: il faut être sincèrement en paix avec le fait de n’être plus ensemble et n’avoir aucun regret. Le fait de rester amis ne doit à aucun moment entrer dans une quelconque stratégie manipulatoire de récupération de l’être aimé.
Une fois la check-list complétée, c’est assez simple: il suffit de se comporter avec son ex comme on le ferait avec un autre ex. Pardon, avec un autre ami…
On prend des nouvelles, on s’intéresse sincèrement à sa vie, on se réjouit lorsqu’il lui arrive quelque chose de chouette et on est triste avec lui quand il traverse une mauvaise passe.
Il arrive aussi que cette personne partage sa vie avec quelqu’un d’autre qui vous déteste ouvertement et lui interdit de vous adresser la parole.
Attention, certains vous enverront chier. C’est bien normal, surtout si leur sentiments sont encore à vif ou que vous-même ne remplissez pas les critères susmentionnés pour eux. Eh oui, il est en effet possible que, depuis le début, cette personne vous méprise et vous trouve con.ne, sans que vous l’ayez jamais remarqué. Dans ce cas, je vous l’affirme, vous n’en voulez pas non plus comme ami.
Il arrive aussi que cette personne partage sa vie avec quelqu’un d’autre qui vous déteste ouvertement et lui interdit de vous adresser la parole. Dans ce cas, soyez patient.e: cette personne vous rappellera tôt ou tard, le jour où il/elle sera de nouveau célibataire.
Parmi mes ami-ex, j’en compte au moins quatre qui correspondent à ce cas de figure. Ils finissent toujours par vous rappeler.
Une relation nécessairement malsaine?
Alors, en quoi est-ce un problème, me direz-vous? A quel moment maintenir des liens affectueux, mais chastes, avec des gens qu’on a vu tous nus devient néfaste?
Longtemps, j’ai laissé mes ex habiter un quartier huppé de mon cœur, une zone spéciale offrant une série de privilèges.
Je ne suis pas encore certaine de pouvoir répondre à ces questions. Toutefois, en me penchant sur les raisons pour lesquelles je me comporte ainsi, je crois commencer à mettre le doigt sur le fond du problème…
Longtemps, j’ai laissé mes ex habiter un quartier huppé de mon cœur, une zone spéciale offrant une série de privilèges. Comme si le fait d’avoir été intimes, même ponctuellement, leur conférait un je ne sais quoi d’unique, de précieux à mes yeux. Comme si le lien était plus solide parce qu’on s’était montrés vulnérables l’un à l’autre et que, de fait, on se “tenait” mutuellement, on partageait un secret pour toujours.
Ça, c’est l’histoire que je me suis longtemps racontée. L’histoire de la fille qui aime la poésie et ne pas trop fouiller dans les recoins sombres de son âme.
C’est vouloir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de l’ex crémier.
La vérité, je m’en aperçois aujourd’hui, est que cette attitude procède du plus pur égoïsme. C’est vouloir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de l’ex crémier.
Lorsque, lassée, je décidais de mettre fin à une relation, je voulais à la fois m’affranchir de mon engagement, passer à autre chose, et continuer d’être aimée. Après tout, je continuais bien de les apprécier moi, alors pourquoi pas la réciproque? Sans les garder comme des plans B, je ne voulais pas perdre les gens, les laisser aller.
Alors que j’étais systématiquement à l’origine de la rupture, je ne voulais pas être considérée comme une méchante connasse. Et ça, c’était un peu une attitude de connasse, pour être bien honnête.
Prise de recul et conclusion
J’écris tout cela au passé car je suis, depuis environ 5 ans, une épouse et maintenant une mère de famille comblée.
Je me sens suffisamment aimée par mon mari, au point que je ne ressens plus aucun besoin d’entretenir envers et contre tout des liens qui ne se maintiennent pas tous seuls. Je n’ai pas de regret, mais certainement une meilleure estime de moi et plus grand chose à me prouver.
Pour la petite histoire: j’ai finalement épousé mon meilleur ami.
Sans couper les ponts, peu à peu, j’ai donc laissé tous mes ex derrière moi, à une distance raisonnable (bon, j’ai déménagé outre-atlantique, ça aide un peu).
Enfin, l’eau a tant coulé sous les ponts que je ne saurais plus décrire leurs pénis. Sauf cas particuliers. On peut donc dire que ceux qui restent sont d’authentiques amis et non plus des ex. Du moins c‘est ainsi que je les considère.
Pour la petite histoire: j’ai finalement épousé mon meilleur ami.