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Je suis l’autre femme dans la vie de ton mari

Témoignage anonyme de la part d'une lectrice.

Par
Anonyme
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Je ne te connais pas. Pas plus que tu ne me connais. Pourtant, je sais que tu existes. Je n’ai même probablement jamais été aussi consciente de l’existence de quelqu’un. Grâce à la perversité des réseaux sociaux, je pourrais reconnaître ton visage dans une foule même si, en vérité, je ne t’ai jamais rencontrée.

Je ne te connais pas. Pas plus que tu ne me connais. Pourtant, je sais que tu existes. Je n’ai même probablement jamais été aussi consciente de l’existence de quelqu’un.

Je sais que tu es belle. Je t’imagine drôle, attachante, une mère aimante et attentionnée, une amoureuse délicate avec laquelle on souhaite partager tous nos fous rires. Dans d’autres circonstances, je te voudrais sans doute comme amie. Dans d’autres circonstances, je serais même celle qui, à tes côtés, s’indignerait de la situation et te consolerait alors que le sol se déroberait sous tes pieds. Je serais ton amie. Je suis une bonne amie. Je sais que je t’aimerais. Je sais tout ça parce que, toi et moi, nous avons quelque chose en commun. Nous partageons une personne qui nous fait du bien, qui s’intéresse à nous, sans doute pour des raisons bien différentes, mais peut-être pas tant que ça non plus.

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Salut. Je me présente, je suis l’autre femme dans la vie de ton mari. Tu m’imagines sans doute en monstre d’égocentrisme. Tu as probablement envie de me cracher ta rage au visage et je suis obligée d’admettre que tu aurais raison de le faire. Pourtant, je ne ressemble vraiment pas à l’image que tu te fais de moi.

Tu te demandes sans doute pourquoi toi, pourquoi ton mari ? Je ne le sais pas. Je ne l’avais pas planifié. C’est juste arrivé. Je ne suis pas sur Tinder, je ne sors pas dans les bars, je n’ai pas plusieurs partenaires. Même que, au contraire, on ne se le cachera pas, il y a des gens en couple qui ont plus d’amants que moi… Non, moi, je suis la fille qui a besoin d’une connexion. Je ne laisse pas n’importe qui entrer dans ma vie et encore moins dans mon lit.

Tu me crois sans doute insensible à ta douleur. Pourtant, crois-moi, ce n’est pas le cas. Je comprends plus que tu ne peux le penser. J’ai déjà été toi. Plusieurs fois. Je comprends la souffrance. C’est une douleur si vive, ça ne s’oublie pas.

Alors pourquoi ? Je ne sais pas.

On pourrait m’analyser pendant des heures. La seule évidence qui en ressortirait est que, nul doute, je suis meurtrie. J’ai aimé. Trop. Mal. J’ai aimé plus que je me suis jamais aimée. Et ça m’a coûté mon habileté à entretenir des relations saines. Même que, je me suis sauvée. Loin.

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Très loin. Pendant longtemps. J’ai essayé de me reconstruire. Ça m’a pris quatre ans. Et je suis revenue. Me revoilà.

J’ai aimé. Trop. Mal. J’ai aimé plus que je me suis jamais aimée. Et ça m’a coûté mon habileté à entretenir des relations saines.

Je me croyais plus forte, prête à faire confiance à nouveau. Je me disais que je ne répéterais pas les mêmes erreurs. Je me sentais prête, différente. Je me disais que, cette fois, je m’aimerais plus et que je prendrais soin de moi. Pas besoin de te dire que ce n’est pas une très grande réussite jusqu’à maintenant. Ton mari, quand il me dit qu’il me trouve belle, qu’il me dit que ça serait beaucoup plus simple si je n’étais pas drôle et intelligente, moi, à la seconde je flanche. Tu vois bien que je ne suis pas super solide…

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Alors quoi ? Si un exil de plusieurs années n’a pas suffi à me réparer, est-il possible que le problème soit plus grand que ça ? Je viens d’une famille déchirée. Ça explique peut-être mon besoin d’amour. Des parents absents. Est-ce pour ça que j’ai peur de l’abandon ? Que je m’accroche à ton mari même si je sais que cette histoire ne peut pas bien se finir ?

Ton mari, quand il prononce mon nom – je m’excuse – , mais j’oublie presque que tu existes.

Pourtant tu es bien là. Tu occupes tout l’espace. Alors que je m’excuse de ma présence, je te remercie pour la tienne. Si tu n’étais pas là, ton mari, j’en aurais sûrement peur, car il y aurait un risque d’échec et d’abandon. C’est ta présence qui me sécurise. Quand il me dit qu’il t’aime, qu’il te trouve belle et que tu es une mère formidable, je le crois sur parole. Il t’aime. Il n’aime que toi. C’est une réalité douloureuse, ça me fait mal de ne jamais être celle en haut de la liste, mais c’est aussi ce qui me permet de continuer. Parce que je sais qu’il n’aura jamais l’intention de m’atteindre là où ça blesse. Parce qu’il ne me fait pas de fausses promesses.

Il t’aime. Il n’aime que toi. C’est une réalité douloureuse, ça me fait mal de ne jamais être celle en haut de la liste, mais c’est aussi ce qui me permet de continuer. Parce que je sais qu’il n’aura jamais l’intention de m’atteindre là où ça blesse.

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Être l’autre femme, ça fait du bien à l’ego, c’est vrai. Ça me fait du bien de savoir que ton mari pense à moi parfois. Je souris bêtement chaque fois qu’il m’envoie un snap, même si c’est pour ne rien dire. Par contre, ça fait aussi très mal. Parce que, moi, je suis l’autre. Je ne pensais pas qu’à 32 ans, je serais encore celle qu’on cache. Qu’on n’aime pas ou du moins jamais assez. Avec laquelle on s’amuse, sans que ce soit sérieux. Pourtant, c’est comme ça. Et, ça va.

Merde. Je suis là, avec toutes mes insécurités, mes failles et mes faiblesses. Tu dois vraiment te demander ce que j’ai de plus que toi pour que ton mari s’intéresse à moi. La réponse : rien du tout ! Je ne suis pas plus belle ni plus drôle. Je ne suis même pas plus jeune. J’aime le sexe, oui, mais je ne suis pas cochonne du type pornstar non plus. J’ai un caractère insupportable et d’autres défauts. Je suis juste là parce que ça le rassure de sentir qu’il peut encore plaire après toutes ces années auprès de toi. Je suis la nouveauté. La saveur du jour. Lui et moi, on n’a pas été écorchés par les dix dernières années.

Mais ce n’est pas ma vie. C’est la tienne, ta place.

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Ce que vous avez, c’est beau. Je le sais parce que c’est ce dont je rêve aussi. J’ai beau jouer dans ta vie en ce moment, au fond, je suis une grande romantique.

Tu n’as pas à avoir peur de moi. Ton mari, je ne l’aime pas. Il me fait du bien parce que quand ça me fait du mal, ça me fait du bien.

Tu n’as pas à avoir peur de moi. Ton mari, je ne l’aime pas. Il me fait du bien parce que quand ça me fait du mal, ça me fait du bien.

La vérité, c’est que je t’envie. Je suis même très jalouse. Tu es celle à qui il dit « je t’aime ». Tu es celle qui partage ses journées, ses hauts et ses bas. Tu es celle qu’il prend dans ses bras la nuit et celle à côté de qui il souhaite se réveiller chaque matin. Et l’idéaliste en moi espère, un jour, trouver cette personne spéciale qui n’a pas peur, qui n’a pas envie de se sauver tout le temps, qui m’aime et qui n’a pas juste envie que ça s’arrête. Jamais.

Ton mari, malgré moi, il t’aime comme ça.

D.

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