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Je coule, donc je paye: le cycle menstruel en cinq dépenses

Ou dépenser au gré des hormones.

Par
Léa Martin
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Trigger warning : on va parler de sang, de vagin, d’utérus et autres réjouissances. Ça fait maintenant plus de dix ans que ma mère a appelé toute la famille pour leur annoncer que « j’étais devenue une femme », alors je commence à avoir quelques années de pratique.

Et sérieux, c’est tellement bête cette façon de t’annoncer que tu « deviens une femme ». D’abord parce que toutes les femmes n’ont pas leurs règles, deuxièmement, parce que commencer ta vie de femme avec des crampes, des saignements et du gros malaise sociétal c’est pas le plus cool!

En plus, ça finit par coûter cher cette histoire.

1. Contrôler ce flux que je ne saurais voir

Quand j’étais jeune, mon père allait des fois acheter des serviettes ou des tampons pour moi. Je recevais alors un coup fil de sa part avec la voix d’un homme démuni : « bon qu’est-ce que tu veux? » Pour de vrai, je te comprends, p’pa.

Encore aujourd’hui je suis là dans l’allée pendant 15 minutes à essayer de comprendre quel paquet de serviettes ne contient pas un parfum de fleur tropicale (OK, ça c’est non pour la santé, et du parfum cheap ça a jamais rien arrangé).

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Il existe maintenant des calculatrices pour estimer combien on a dépensé en protection hygiénique au cours de notre vie. Les Décodeurs en ont fait une super, mais elle ne compte que les tampons, les serviettes et les antidouleurs.

N’empêche que selon cette calculatrice, j’ai dû dépenser près de 400 euros en produits hygiéniques en 11 ans de règles et ça ne compte qu’un seul type de protection…

N’empêche que selon cette calculatrice, j’ai dû dépenser près de 400 euros en produits hygiéniques en 11 ans de règles et ça ne compte qu’un seul type de protection… Ce montant change aussi en fonction du flux menstruel de chacune. Je peux te dire que sur une vie, ça fait un bon gros budget!

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Après il y a des options plus écologiques comme les culottes menstruelles (assez tentantes, mais plutôt dispendieuses, les serviettes lavables (sérieux, ça demande de la motivation) et il y a la fameuse coupe menstruelle.

Aussi appelée par son petit nom, il faut savoir que la cup, existe depuis belle lurette! Plus exactement depuis 1937, quand le premier brevet a été déposé aux États-Unis par Leona Chalmers comme nous le montre si bien cette vidéo du journal Le Monde sur l’histoire de cette invention.

Elle ne gagne en popularité qu’aujourd’hui pour de nombreuses questions historiques et le changement des mentalités. Les scandales liés au syndrome du choc toxique causé par des produits inappropriés dans les tampons sont une autre cause de ce regain de popularité. Il est recommandé de la remplacer tous les ans, sauf si elle est encore en bon état.

2. Pour pas avoir envie de s’arracher l’utérus

Hé oui! Comme si c’était pas assez de te vider de ton sang (OK j’exagère, on perd en moyenne entre 20 et 70 ml de sang), il y a de la douleur qui s’invite à la fête! Ça peut être des douleurs dans le bas du ventre, dans le bas du dos, à la tête, aux seins et j’en passe.

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On a toutes nos petits trucs pour amoindrir le calvaire. Que ce soit les antidouleurs, le sac magique, les tisanes chaudes , etc. Je peux vous dire que j’en ai acheté des gadgets pour diminuer les crampes. N’oublions pas nos sœurs qui souffrent aussi de nausée et de diarrhées (et une p’tite pilule en plus).

De façon plus économique, le sport, la méditation et même les relations sexuelles pourraient aider à amoindrir les douleurs (en gros, se relaxer et relâcher de l’endorphine ça ne peut qu’aider).

Pour certaines, la souffrance peut être telle qu’il n’est plus possible de vaquer à ses occupations. Je vous invite d’ailleurs à vous informer sur l’endométriose, un trouble sous-diagnostiqué qui touche près de 200 millions de femmes dans le monde et qui peut amener de nombreuses complications et des douleurs très intenses.

En attendant d’avoir des congés payés pour les règles difficiles comme au Japon et en Corée, ça peut coûter cher de prendre des journées sans solde tous les mois pour des douleurs sur lesquelles on n’a aucun contrôle.

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3. En plus de ça, j’ai faim

De nombreuses études ont été réalisées sur les envies de bouffe pendant les menstruations (il suffit de taper chocolate craving et periods sur Google Scholar pour voir que c’est un sujet qui titille les scientifiques depuis les années 80).

S’il n’existe pas de cause officielle de ce phénomène, une étude réalisée en 2004 sur l’envie de chocolat et le cycle menstruel montre que 40% des femmes américaines rapportent avoir envie de chocolat avant ou pendant leurs règles. Par contre, c’est un craving bien culturel, parce que les femmes espagnoles dans l’étude rapportent avoir envie de chocolat pendant plein d’autres moments et pas tellement pendant leurs règles.

4. Let’s get sexy!

La professeure de marketing et psychologue sociale Kristina Durant a effectué des recherches très intéressantes sur le comportement des femmes, leur consommation et leurs goûts en matière d’hommes en lien avec l’afflux d’œstrogène.

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Dans un reportage publié dans de The Guardian, elle nous explique comment les différentes hormones peuvent changer nos habitudes de consommation.

Les applications de tracking de cycle menstruel deviennent alors des mines d’or de données pour les marketeurs.

Les applications de tracking de cycle menstruel deviennent alors des mines d’or de données pour les marketeurs : un afflux d’oestrogène? Eh bien, je risque de recevoir de la publicité ciblée pour des produits que je ne savais même pas que je voulais…. Ouais. C’est chelou.

Selon Kristina Durant, quand l’œstrogène est dans le tapis, c’est-à-dire juste avant d’ovuler, la libido a tendance à augmenter. On va être plus compétitives avec les autres femmes et on va être attirées par des gars qui ont une attitude plus masculine, qui sont plus charismatiques, le stéréotype du bad boy.

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C’est à ce moment que je vais avoir envie de m’acheter de la lingerie, du maquillage, de nouveaux vêtements plus sexy, etc. Pour les lesbiennes, ce climat de compétitivité existe aussi, mais pas pour conquérir la gent masculine.

5. Cocooning time

Ok, on a ovulé. Mais là on a une autre copine qui s’invite et elle s’appelle la progestérone. Pendant que notre corps produit cette hormone, on aura davantage envie d’acheter des produits pour créer un petit nid douillet et favoriser la parentalité… Bon on va pas s’acheter du linge de bébé quand on prévoit pas d’en avoir, mais on va peut-être avoir plus envie d’acheter des plantes dont on va s’occuper, des éléments de déco pour la maison, etc. Et ça, nos amis en marketing le savent.

Est-ce que mon incapacité à garder une plante en vie devrait m’inquiéter? Oh je m’en fous, j’achèterai des p’tits cactus tricotés.