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J’ai regardé les documentaires sur Andy Warhol et Kanye West pour essayer de trouver l’origine du génie artistique
En général, la société a une relation plutôt conflictuelle avec le Génie Artistique avec un grand G et un grand A. C’est difficile pour le commun des mortels d’accepter qu’un.e artiste s’exprime dans toute sa flamboyance et fasse de sa vie une oeuvre d’art alors qu’on doit se rendre au boulot cinq jours par semaine, payer des impôts et faire toutes les choses ordinaires auxquelles les prodiges ne semblent pas tenu.e.s.
Plus ces artistes sont scruté.e.s par les médias, plus ils et elles semblent arrogant.e.s, impertinent.e.s et déconnecté.e.s de monsieur et madame Tout-le-Monde.
Le génie artistique de Warhol et West, deux personnages controversés, est pas mal la seule chose à propos de laquelle les critiques s’entendent à leur sujet.
Cette perception n’a empêché ni Andy Warhol ni Kanye West de connaître du succès à leur manière, sans faire de compromis. Les deux hommes représentent dans la conscience populaire un peu l’essence même de ce qu’être un artiste signifie sur les plans personnel et professionnel. Ils sont, chacun à leur manière, considérés par plusieurs comme des génies. On n’est d’ailleurs pas les premiers à établir le parallèle entre leur vie et leurs œuvres. Le génie artistique de Warhol et West, deux personnages controversés, est pas mal la seule chose à propos de laquelle les critiques s’entendent à leur sujet. Curieux d’en apprendre plus sur cette divine fibre créative, j’ai regardé les séries documentaires The Andy Warhol Diaries et Jeen-Yuhs à raison d’un épisode à la fois en alternance pour essayer de trouver le dénominateur commun par lequel se multiplient tous les petits et grands génies.
Le parallèle entre les deux artistes est tellement évident que pendant la première minute du premier épisode de The Andy Warhol Diaries, on voit des extraits vidéo de Kanye West et on entend un clip sonore où il se compare au légendaire peintre new yorkais en affirmant qu’ils sont tous les deux les artistes les plus importants de leur époque.
Andy Warhol et Kanye West ont plusieurs choses en commun, mais deux traits en particulier les unissent.
On ne naît pas génie, on le devient
Le premier est qu’ils se sont continuellement entourés de collaborateurs de tous azimuts. Pendant les années 60, Andy Warhol a tout d’abord été au commande d’un atelier appelé The Factory, où des artistes comme Salvador Dali, Bob Dylan, William S. Burroughs et Robert De Niro venaient faire leur tour pour collaborer et faire la fête. C’est là que Warhol a créé les sérigraphies qui ont fait sa célébrité, dont les fameuses cannes de soupe Campbell’s.
Même après la tentative de meurtre qui lui a presque coûté la vie (et qui a fait fermer l’atelier) en 1968, Warhol a gardé son utopie créative en vie à travers le magazine Interview, dont il était propriétaire, et ses visites au célèbre Studio 54, où il fréquentait plusieurs artistes de l’avant-garde new yorkaise.
Andy Warhol et Kanye West ont su créer et cultiver un milieu où leurs aspirations créatives étaient constamment nourries et périodiquement remises en question.
Kanye West aussi a toujours su s’entourer. Tout d’abord reconnu pour ses talents de producteur, West a créé des liens avec des rappeurs culturellement aux antipodes. Des vétérans du rap engagé et positif comme Mos Def et Talib Kweli aux rappeurs plus street qui étaient très à la mode à l’époque où Kanye débutait, il a réussi à former autour de lui un safe space où ces deux écoles de pensées pouvaient se nourrir créativement et duquel il serait le produit ultime.
Comme il le dit si bien lors du premier épisode de Jeen-Yuhs : « Je suis l’entre-deux. Je vais combler le vide entre les deux façons de faire du rap. »
Bien qu’ils étaient tous les deux hypertalentueux à la base, Andy Warhol et Kanye West ont su créer et cultiver un milieu où leurs aspirations créatives étaient constamment nourries et périodiquement remises en question. C’est de cette façon qu’ils ont pu évoluer et créer leur vision artistique si particulière.
Pour être unique, il ne faut pas être comme les autres
Si Warhol et West ont été capables de créer des milieux atypiques propices à la créativité, c’est qu’eux-même étaient atypiques. Ça a été crucial dans leur ascension populaire. Parce qu’il existe deux types d’artistes : ceux qui comblent la demande et ceux qui créent la demande. Nos deux moineaux appartiennent, bien sûr, au deuxième groupe.
On apprend d’ailleurs dans The Andy Warhol Diaries que le célèbre peintre n’était, au départ, pas bien vu par l’establishment artistique new yorkais parce qu’il venait du milieu publicitaire. Issu d’une famille de la classe ouvrière de Pittsburgh, Warhol n’avait pas les moyens d’aller à l’école des beaux-arts et de faire partie de la clique, alors il a tout d’abord fait son nom comme directeur artistique dans le milieu de la publicité. C’était bien sûr mal vu des puristes, mais Warhol a su implémenter son expérience dans le milieu dans son style et sa réflexion créative au sens large.
Il a non seulement fait de sa différence une force, mais aussi l’essence de son style.
À l’époque, tout le monde rappait à propos de causes militantes ou de la vie de gangster et Kanye rappait à propos de tout sauf ça
Kanye aussi a travaillé pour avoir le droit de se faire valoir. Bien que son génie derrière la console ait été immédiatement reconnu (comme le travail publicitaire de Warhol), on le voit dans Jeen-Yuhs aborder qui-veut-bien-l’entendre dans les bureaux de Roc-A-Fella Records pour lui faire une version d’All Falls Down, une chanson qui deviendra une partie iconique de son répertoire.
À l’époque, tout le monde rappait à propos de causes militantes ou de la vie de gangster et Kanye rappait à propos de tout sauf ça. Son offre ne répondait à aucune demande, mais lorsque l’étiquette de disques de Jay-Z a finalement fait le pari de produire l’album qui deviendra College Dropout, il créera une toute nouvelle demande pour un hip-hop décomplexé, créatif et surtout loin des stéréotypes associés au genre à l’époque. Qu’on l’aime ou non, Kanye West a changé l’industrie de la musique.
Que vous soyez à la recherche de la source du génie ou simplement en quête d’un divertissement inspirant, The Andy Warhol Diaries et Jeen-Yuhs sont tous deux disponibles sur Netflix. Il reste encore quelques épisodes de Jeen-Yuhs à paraître, mais vous en aurez déjà pour plusieurs heures à vous plonger dans l’univers créatif de deux grands artistes de leur époque respective. Bon visionnement !