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Il y a un an, l’Espagne (aussi ?) disait non à l’onde de choc de l’extrême droite

Ça vaut peut-être encore le coup d’y croire !

Par
Mila Branco
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Vous êtes inconsolable depuis la dissolution et votre météo des humeurs reste pluvieuse ? Nos voisins ibériques vont (peut-être) réchauffer votre petit cœur, et pour une fois, sans Enrique Iglesias ni Arón Piper !

Espérer un retournement politique n’est pas utopique. Pas plus loin que l’année dernière, de l’autre côté des Pyrénées, les résultats des législatives espagnoles ont contredit tous les sondages, qui donnaient le bloc de droite (PP) et d’extrême droite (Vox) gagnant. En face, l’alliance du Parti socialiste ouvrier (PSOE) avec le parti de coalition des gauches (SUMAR) a réussi à s’imposer face au bloc de droite.

Une situation (presque) identique à la nôtre

En mars 2023, l’Espagne s’est vue repeinte en bleu après une large victoire de la droite et l’extrême droite aux municipales. Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, bloqué institutionnellement, a dû dissoudre le congrès, invoquant des législatives anticipées. Encore une occasion de rappeler que dans notre cas, Macron n’a pas été contraint institutionnellement de dissoudre l’Assemblée nationale : il a fait un choix délibéré.

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Alors que la droite espagnole, prête à se rapprocher de l’extrême droite, se frottait les mains en se voyant déjà emporter une large majorité, la gauche a su s’unir face à l’urgence. Le PSOE a pu compter sur l’appui des autres partis de gauche, qui se sont réunis dans la plus grande coalition électorale de l’histoire de l’Espagne, rassemblant 20 partis politiques nationaux et régionaux (SUMAR).

Personne ne s’y attendait

Les résultats ont résonné comme une onde de choc de tous les côtés. Bien que la droite ait obtenu plus de sièges, il lui en manquait 5 pour obtenir la majorité, elle n’a donc pas pu composer son gouvernement. L’extrême droite, elle, a perdu 19 sièges. Tandis que la gauche, en s’alliant avec les catalans, est parvenue à placer une nouvelle fois Pedro Sanchez au poste de Premier Ministre. Échappée belle ! Personne n’y croyait au départ, pourtant l’alliance des gauches a réussi à faire reculer la droite, et surtout l’extrême droite ! Chapeau bas !

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“La surprise et la frustration vécues au siège du PP contrastaient avec la joie irrépressible au siège du PSOE [le Parti socialiste, au pouvoir]” El País

Si l’annonce des résultats au JT a suscité un tel étonnement, c’est que le suspens fut alimenté par l’interdiction de faire et publier des sondages dans les 5 jours précédant l’élection. Ce qui veut dire deux choses: premièrement, que les sondages influencent le choix des citoyens, c’est la raison pour laquelle ils sont interdits en Espagne les derniers jours précédant l’élection ; deuxièmement, que les 5 derniers jours sont déterminants puisqu’ils ont suffit à renverser la situation, alors qu’aucune estimation ne le prédisait avant le jour J.

Si la droite espagnole à perdu des voix aux législatives, par rapport à son score aux municipales, c’est en partie parce qu’elle a abandonné son image de droite modérée, en tendant la main à l’extrême et ses éléments de langages (à l’image de Macron prêt à poser en marche pieds de Marine pour le photographe de l’Elysée ou de Ciotti qui retourne sa veste dans un grand coup de théâtre). Cette stratégie a eu un effet repoussoir, car Vox, reste pour beaucoup un parti inacceptable. Il s’est opposé à la loi contre les violences sexistes ; a cherché à retirer les drapeaux LGBT des municipalités ; a mis en place des bannières de campagne appelant à jeter les drapeaux catalans et LGBT ; et a été accusé de censure culturelle.

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La présence de la coalition de gauche au parlement oblige Pedro Sanchez à gouverner en prenant en compte des partis de gauche qui, habituellement, n’ont pas tant de poids à l’hémicycle. Ce qui l’empêche de faire trop de concessions pour récupérer des voix à droite. On parle donc d’une véritable redistribution des cartes du jeu politique.

En Espagne, l’union de la gauche au pouvoir, ça marche (et ça continue !)

La gauche est au pouvoir en Espagne depuis 2019, jusqu’à aujourd’hui son gouvernement n’a cessé de proposer des lois sociales et progressistes, qui mériteraient que l’on s’en inspire :

  • Protection des travailleurs et lutte contre les inégalités

Le gouvernement a mis en place une Loi travail digne de ce nom (à ne pas confondre avec celle de Valls sous Hollande) qui a notamment permis de créer 780 000 CDI. Il a aussi augmenté le salaire minimum, réduit le temps de travail de 40h à 37h30 par semaine et indexé les retraites sur l’inflation. Enfin le gouvernement a rétabli l’impôt sur la fortune, et mis en place une taxe exceptionnelle sur les surprofits des banques et du secteur de l’énergie. Adieu les inégalités, bonjour la justice sociale.

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  • Droits des femmes et minorités de genre

La loi « solo si es si » a introduit la notion de consentement, ils ont aussi lancé un service d’urgence par téléphone pour les victimes de crimes de haine ou de discrimination queerphobe. Et pour le reste ? Le congé menstruel ? Check. L’accès à l’IVG sans autorisation parentale à partir de 16 ans? Check. Un congé paternité et maternié égale avec 16 semaines rémunérées à 100% ? Check. Et une loi Trans pour l’égalité réelle et effective des personnes transgenres et LGBTs ? Check, check et re-check !

  • Transition écologique

En 2023, l’Espagne a pris le taureau par les cornes en votant une loi sur la coopération pour le développement durable et la solidarité mondiale, avant d’adopter un plan d’urgence contre la sécheresse.

  • Politique internationale
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Sur la scène internationale, l’Espagne a joué un rôle déterminant pendant la crise du Covid-19, en proposant un plan de relance européen, notamment pour les mesures de chômage partiel dont la France a largement bénéficié. Plus récemment l’Espagne fut aussi parmi les premiers pays européens à reconnaitre l’Etat Palestinien, au sein d’une Europe bras dessus bras dessous avec l’Etat d’Israël.

Rester alerte concernant l’extrême droite

Malgré la domination des partis traditionnels de gauche et de droite, Vox s’impose encore aujourd’hui comme la troisième force politique du pays. Pourtant, à l’inverse de la France, l’extrême-droite en Espagne avait presque disparu suite au traumatisme de la dictature de Franco. Ces courants fascistes étaient quasiment inexistants jusqu’à l’apparition de Vox en 2013, après que la crise économique ait fragilisé le pays, instaurant chômage de masse, chute du PIB, et endettement des ménages.

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Vox s’est ainsi montré prêt à raviver les flammes du conservatisme et des idées réactionnaires en surfant sur les conséquences de cette crise. À l’image du RN de Marine Le Pen et de Jordan Bardella en France ces dernières années. Aujourd’hui, bien qu’elle reste maîtrisée en Espagne, l’extrême droite reste pourtant une menace réelle. En 2024 on a vu apparaître un nouveau parti encore plus radical (une sorte de reconquête bis) : Se acabo la fiesta, en français “La fête est finie”. Ça fait grincer des dents.

La menace de l’extrême droite est donc indéniable, mais comme l’a prouvé l’exemple espagnol, elle peut aussi être surmontée. Avec une bonne dose d’espoir et d’optimisme, et grâce à notre mobilisation dans les urnes le 30 juin et le 7 juillet, nous avons le pouvoir de changer le cours de l’histoire. Inspirons-nous du courage des Espagnols : scandons comme eux “No pasaran” et décidons nous aussi de ne pas reculer ! Ensemble la différence peut se faire et nous espérons vous en avoir convaincus !

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