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Il se passe quoi avec les chèvres naines en ce moment ?
Au détour d’une conversation avec un collègue, j’ai découvert un nouveau phénomène de société « la chèvre-mania ». Moins encombrante qu’une vache, plus autonome qu’un chien, moins reloue qu’une poule : la chèvre miniature fait le bonheur des particuliers et de certaines célébrités en quête d’un animal de compagnie.
Sur le papier, Simon, un trentenaire qui travaille dans le milieu de la musique, n’a rien d’un passionné de chèvres. Pourtant, l’ancien Parisien exilé à Rouen s’est mis en tête d’acquérir à tout prix une chèvre naine (plus bas, vous comprendrez pourquoi). Un parcours semés d’embûches : « J’ai contacté plusieurs éleveurs sur le LeBonCoin et à chaque fois que je voulais me déplacer, il n’y avait plus de chèvres, elles étaient toutes parties ! », regrette t-il.
Et il n’y a pas que dans l’Hexagone que cette « chèvre-mania » sévit. Outre-Atlantique, Usher à dévoilé, il y a quelques jours, un magnifique cliché de lui sur Instagram, entouré de ses chèvres domestiques. La légende ne laisse aucun doute sur l’amour qu’il leur porte : « Qui se ressemble, s’assemble… ». Face à un tel engouement de part et d’autre de l’Océan, je me devais d’investiguer.
« Moi, à la base, je voulais un chien »
« Moi à la base, je voulais un chien mais ma meuf ne voulait pas parce qu’un chien, ça rentre dans la maison. Alors la solution c’était soit une chèvre soit un mouton. Et là, j’ai découvert les chèvres naines… », raconte avec émerveillement Simon. Et c’est vrai qu’avoir une chèvre naine possède aussi de nombreux avantages : cet herbivore ruminant est connu pour entretenir la pelouse des espaces verts et il est aussi très efficace pour se débarrasser des mauvaises herbes. Parfait pour entretenir le jardin de 1000 m2 de Simon, donc.
Sans parler du fait qu’une chèvre demande beaucoup moins d’attention qu’un chat ou un chien. « C’est un animal assez robuste qui demande assez peu de soin. Il y a une relation qui peut se créer avec l’Homme mais la chèvre ne crée pas forcément de dépendance. Du coup, c’est facile à entretenir au quotidien », détaille Laetitia, 31 ans qui vit près de Tours avec son mari et qui a, elle aussi, craqué pour les chèvres naines il y a cinq ans. « Contrairement à une chèvre standard, une chèvre naine ne donne pas de lait et, comme son nom l’indique, elle est de taille plus réduite, ça fait le bonheur de mes enfants ! », confie la trentenaire.
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A la tête d’un troupeau de sept chèvres naines, Laëtitia ne peut s’empêcher de rappeler qu’une chèvre naine est aussi et surtout un animal qui a du caractère. « Une connerie en chasse une autre, mais c’est adorable ! ». C’est vrai que la jeune infirmière doit faire régulièrement appel à ses voisins quand ses chèvres se font la malle. Elles se sont déjà échappées pour aller se goinfrer des laitues de ses voisins horticulteurs. « Les chèvres mangent tout et n’importe quoi, même si ce qui est toxique pour elles… », rappelle la jeune femme.
Un effet de mode ?
Durant le confinement Laetitia a intégré un groupe sobrement intitulé : « Chèvre naine passion ». Il faut dire que le vétérinaire le plus proche se trouve à plus d’une heure de route de chez elle, alors elle a dû trouver un espace où échanger sur la santé de ses chèvres naines adorées. Sur ce groupe Facebook de plus de 5000 abonnés, on se retrouve entre passionnés, on échange conseils et astuces, et surtout on s’émerveille face à ces petites bêtes. Une des modératrice confirme qu’il existe une véritable exaltation autour des chèvres miniatures en ce moment. « On reçoit plusieurs demandes d’adhésion tous les jours ! Le groupe s’est beaucoup agrandi en deux ans. » Grâce (ou à cause) du confinement et à l’exode des franciliens vers la province qui découvrent la vraie vie de jardin ? En partie. Si la modératrice du groupe Facebook accueille avec plaisir ce nouvel afflux de féru·e·s de chèvres, la jeune femme, qui a lancé un élevage familial il y a trois ans, regrette seulement que ces nouveaux passionnés ne s’informent pas davantage avant l’adoption.
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« Il y a beaucoup de gens qui prennent une chèvre en se disant: “Oh c’est petit et c’est mignon, on en prend une” », déplore l’éleveuse. Elle rappelle, au passage, qu’une chèvre naine a besoin de 400m2 au minimum pour s’épanouir et qu’il faut obligatoirement en prendre deux, sinon la chèvre s’ennuie. « Et puis, elles détestent la pluie, il leur faut donc un abri. Enfin, il ne faut surtout pas leur acheter de granulés. »
Espiègle, demandant peu d’entretien, véritable fée du jardin et franchement mignonne, je me serai presque laissée convaincre. Presque… Jusqu’au moment où Laëtitia m’a raconté la fois où cinq ch èvres sont apparues dans son jardin à 5h du matin, pendant la période des chaleurs. « On a fini par appeler la police municipale. On a couru jusqu’à 11h du matin pour les attraper… Enfin, ce sont surtout les policiers qui ont dû courir. C’était assez drôle », s’amuse-t-elle. De quoi vous rendre chèvre… Alors convaincu·e·s ?