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Historicul : 6 noms de rues parisiennes aux significations plus ou moins explicites

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Ah, les rues parisiennes et leur poésie ineffable ! Si certaines ont hérité de noms élégants, inspirés d’illustres personnages, ou de contrées lointaines et exotiques comme l’impasse d’Angers ou la rue de Dunkerque, d’autres passages tirent leurs sobriquets des activités plus ou moins licites qui s’y déroulaient par le passé. Et si vous verrez qu’en matière de patrimoine historique, on doit beaucoup aux travailleuses du sexe, méfiez-vous des apparences, car les voies de la capitale aux appellations les moins équivoques ne sont pas toujours les plus sages…

LA RUE DES DEUX BOULES

Contre toute attente, il ne s’agit pas d’un jeu de mots scabreux. Au moyen-âge, cette rue du 1er arrondissement s’est un temps appelée rue “Male Parole”, car elle était fréquentée par de nombreux voleurs. Elle a ensuite été sobrement rebaptisée “rue Guillaume Poirée”, du nom d’un particulier qui y habitait – et dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il devait être dans les petits papiers de l’échevin local pour avoir carrément une voie à son blase…. Elle a finalement été renommée rue des Deux Boules au XVIème siècle, en référence à l’enseigne d’un magasin qui s’y trouvait. Les archives ne précisent pas ce que cette échoppe proposait comme marchandise à ses client.es, mais on venait certainement y vider toutes sortes de bourses.

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LA RUE DU PELICAN

C’est charmant un pélican, pas vrai ? Au Moyen-âge, ces magnifiques volatiles étaient d’ailleurs considérés en Europe comme les symboles de l’abnégation et du sacrifice. Alors on imagine tout de suite un très bel oiseau au plumage immaculé, qui règne sur de vastes zones humides. Bon et bien pour les zones humides, il y a un peu de ça, mais pour le reste… Jusqu’à la Révolution, cette rue du quartier des Halles était en réalité fréquentée par un grand nombre de prostituées et les parisien.es l’avaient donc – en toute logique – surnommée “Poil-au-Con” (ou Poil-au-Cul, sur ce point, les archives divergent). Après la prise de la Bastille, elle fut un temps rebaptisée “Purgée”, car les filles de joie avaient été chassées des trottoirs par le puritanisme des insurgées. Mais elles ne tardèrent pas à revenir dans le coin, et la voie reprit son petit surnom jusqu’au XIXème siècle, avant que, magie de la linguistique, le Poil-au-Con ne se mue définitivement en pudique pélican…

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LA RUE DU PETIT MUSC

Pour expliquer le nom de cette rue du 4eme arrondissement, il existe deux versions. Et sans grande surprise, chacune d’entre elles est misogyne. La première, c’est que cette rue étroite servait de bureau caché à de nombreuses prostituées. La voie était alors nommée “rue de Pute-y-Muce”, que l’on pourrait traduire par “putain s’y cache”. La seconde c’est qu’elle aurait été nommée ainsi d’après une auberge : “l’hostel de Petit Muche”, que certains esprits taquins auraient ensuite déformé en “pute-y-muce”, en référence à une jeune femme qui y entretenait une liaison hors mariage. Preuve que le slutshaming ne date pas d’hier… Elle devient ensuite par corruptions successives la “rue du Petit-Musc”.

LA RUE BRISEMICHE

On pourrait croire que cette rue du 4ème arrondissement, qui fut l’un des hauts lieux de la prostitution du Paris médiéval (tout comme son ancienne voisine, la rue Taillepin), tire elle aussi son nom des activités qui s’y déroulaient à l’époque. Et bien pas du tout ! On la surnommait ainsi car on y distribuait des miches de pain aux chanoines de la collégiale Saint-Merri (actuelle paroisse Saint-Merry), qui avaient fait vœu de pauvreté. En 1387, le curé de l’église, qui devait peut-être avoir mal au bide à force de s’empiffrer quotidiennement de gluten, exigea l’expulsion des prostituées. D’après lui, elles faisaient mauvais genre, à quelques dizaines de mètres de son bénitier. Mais l’ordonnance d’éviction ne dura pas très longtemps ! En effet, face à la baisse soudaine de la fréquentation des commerces, les bourgeois réclamèrent le retour des filles, qui attiraient des clients. Cela dit, avec un voisin procédurier comme ce curé, la rue Brisemiche aurait tout aussi bien pu se nommer rue Casse-Bonbons.

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LA PLACE DE BITCHE

Autrefois appelée Place du Parvis ou Place de l’Eglise, cette voie du quartier de la Villette tient depuis la fin du XIXème siècle son nom d’une commune du département de la Moselle, dont les habitant.es se sont illustré.es par leur courage lors de la guerre franco-prussienne. Et si vous pensez qu’il faut vraiment avoir l’esprit mal placé pour l’ajouter dans cette liste, sachez que nous ne sommes pas les premiers à faire le lien et à ricaner comme des collégien.nes en LV1 anglais. En effet, ce nom avait d’abord été attribué à une rue du très chic 16ème arrondissement, mais elle dû être débaptisée en urgence, quand la délégation des Etats-Unis, peu portée sur les jeux de mots, y installa son ancienne ambassade…

LA RUE DES LONGUES RAIES

Comme la route de la Longue Queue, située au Bois de Boulogne (ça ne s’invente pas), la rue des Longues Raies dans le 13ème arrondissement, fait tout simplement référence à un ancien lieu-dit. Cela dit, le parallèle n’est pas idiot. Car pour certaines personnes, ces endroits un peu à l’écart des villes sont parfois aussi difficiles à trouver qu’une zone érogène…

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