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Hannah Gadsby, maîtresse d’un nouveau genre de stand-up comedy

Elle est de retour avec "Douglas" sur Netflix.

Par
Camille Seasal
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Elle est originaire de Tasmanie, son prénom est un palindrome, elle a complètement révolutionné le stand-up avec son show Nanette qui lui a valu un Emmy en 2019. C’est Hannah Gadsby: si vous ne la connaissez pas, vous vous apprêtez à rester scotché.e sur votre canapé après avoir vu ses spectacles, Nanette et Douglas, sur Netflix.

Avec Nanette, Hannah Gadsby incarne le veni, vidi, vici : elle est arrivée sur la scène de l’opéra House de Sydney, elle a déclamé son texte et elle est partie laissant l’audience mindblown, complètement renversée.

Tout commence de manière très traditionnelle, elle blague sur son coming-out et son homosexualité ou encore ses origines tasmaniennes: des sujets basiques qui ne laissent pas présager la puissance de ce qui va suivre. Et puis elle dit qu’elle ne fera plus ce genre d’humour car « ce n’est pas de l’humilité mais de l’humiliation ».
Elle décortique ensuite la comédie et le mécanisme des blagues pour finir par dire qu’elle veut arrêter la comédie.
Les messages dans Nanette sont la conséquence directe des nombreux traumatismes qu’elle a subis tout au long de sa vie en tant que femme et en tant qu’homosexuelle. Des traumatismes qui accusent la classe au pouvoir dans notre société : les hommes blancs hétérosexuels.

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Une attaque directe à la gente masculine ? Non, plutôt une dénonciation de vérités silencieuses qui sont la règle depuis trop d’années et qui oppressent les minorités. Des injustices qui persévèrent dans notre société comme nous en avons été témoins avec Polanski lors des Césars 2020, entre autres.

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« Si tu hais tant les hommes, pourquoi tu essaies autant de leur ressembler ? Parce que vous avez besoin d’un bon exemple à suivre les gars »

Sur scène, on retrouve une femme qui n’a pas peur de montrer sa sensibilité, ses blessures et sa force au monde entier : « Rien n’est plus fort qu’une femme brisée qui s’est reconstruite », comme elle le clame haut et fort.
Non, Nanette n’est pas un spectacle qui va vous faire rire du début à la fin, ce n’était pas son but en l’écrivant. Elle voulait nous raconter son histoire en donnant un coup de taser au monde d’aujourd’hui. Elle veut aussi qu’on l’aide à transmettre cette même histoire dans laquelle d’autres victimes peuvent s’y retrouver et être aidées, ne plus se sentir isolées.

Elle aborde des thèmes difficiles et actuels : patriarcat, sexisme, homophobie, pour ne citer que ceux-là.

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Son texte est sincère, puissant, important. Regarder ce spectacle, c’est embarquer sur les montagnes russes de l’émotion. Elle nous fait passer du rire aux larmes, et inversement, d’une main de maître.
Elle aborde des thèmes difficiles et actuels : patriarcat, sexisme, homophobie, pour ne citer que ceux-là.
Son humour ne relève pas de la comédie de l’observation et elle ne s’en cache pas : « Je n’ai pas le temps pour cette merde ». Elle joue avec les mots de manière très intelligente et son ton est parfaitement adapté à ses propos, c’est ce qui fait la force de son message.

Son deuxième spectacle, Douglas, est dans la même lignée que Nanette même si le message est moins intense, moins cathartique. Le thème central est l’autisme et elle en parle en connaissance de cause car elle se trouve elle-même sur le spectre autistique.

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« Pour vous donner une idée de comment on se sent quand on est sur le spectre, ça revient à se sentir comme si l’on était la seule personne sobre dans une salle pleine de bourré.es »

Douglas est rythmé par des récits d’aventures personnelles et des références artistiques. Hannah est diplômée en Art et elle s’en sert pour illustrer visuellement ses propos. Donner « un cours » d’Histoire de l’art durant un stand-up: il fallait oser, elle l’a fait et ça marche.

Au final, ses spectacles nous font réfléchir sur le monde actuel et la comédie en elle-même. Et il faut l’avouer: comme c’est agréable de ne pas rire aux dépends des autres. L’humour d’Hannah n’est discriminant envers aucune minorité, classe sociale ou ethnicité, et ça fait du bien ! Elle arrive à nous faire rire en parlant de prépositions, des Tortues Ninja et de pétrole. Je ne vous en dis pas plus, regardez ses spectacles, vous ne perdrez pas votre temps. Promis.

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