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Guillaume Blot, jamais en « Rades » de bistrots
Il y avait près de 200 000 cafés en France dans les années 60, aujourd’hui il n’en reste plus que 36 000. C’est pour immortaliser ces “espaces en voie de disparition” que le photographe Guillaume Blot s’est lancé dans un Tour de France des bistrots en photos. Il a visité 230 cafés en 4 ans et bu un nombre incalculable de liqueurs diverses et variées. Résultats des courses : des rencontres inoubliables mais aussi un livre, Rades, sorti le 25 mai et une expo visible jusqu’au 11 juin au Floréal Belleville. Foncez. Mais lisez notre papier avant.
Pourquoi et comment t’est venue l’idée de braquer ton objectif sur les petits bars et bistrots français ?
En 2015, j’ai commencé une première série intitulée “Buvettes” sur les friteries de stade, ces endroits où les supporters mangent avant d’aller voir le match. J’ai adoré faire ça pendant 3 ans, et j’ai eu envie de réitérer l’expérience en me focalisant sur les bistrots et les cafés.
J’ai donc commencé à faire des photos de cafés en 2019, avec l’idée d’intituler ma série “Cafés des sports”, mais j’ai fini par élargir mon projet à l’entité “Rades”. Il y a un côté affectif derrière cet argot qui me plait beaucoup. C’est comme ça que je suis parti sur la route et sur les trottoirs de France à la recherche des devantures défraîchies !
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C’était quoi ton objectif de départ en te focalisant sur ces “rades” ?
Je voulais célébrer les humains devant et derrière les comptoirs de bars. Les résistant.e.s, celles et ceux qui sont encore debout, qui ont encore le rideau levé. Et faire une sorte d’archivage de ces espaces de vie à travers la photo mais aussi les textes qui accompagnent chaque image.
En débutant cette série, je me suis forcé à regarder ce qu’on n’a plus l’habitude de regarder : les comptoirs marqués par le temps avec des traces de café, des carrelages éclatés au sol, des cacahuètes par terre, des jeux à gratter sur les tables et puis surtout les humains qui gravitent autour comme les patrons, les patronnes et les habitué.e.s.
Comment ont-ils réagi en apprenant que tu voulais les prendre en photo ?
Souvent, ils étaient étonnés que je m’intéresse à eux.elles ou à leur café, ils.elles se trouvaient bien ordinaires… Pourtant, moi c’est là que j’y voyais toute la beauté du quotidien.
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C’était facile de les convaincre de poser pour toi ?
Je préférais commencer par papoter au comptoir avant de photographier, histoire de créer une certaine connivence et de détendre l’atmosphère. Après ça, le temps de quelques minutes, j’étais l’un des leurs même si c’était hyper éphémère. Dans cette micro communauté de l’instant, ils se laissaient beaucoup plus aller. J’essayais d’être rapide et de ne pas les mettre mal à l’aise face à leurs potes qui se moquaient parfois d’eux gentiment. Et puis je leur envoyais toujours la photo par mail à la fin ! Je suis d’ailleurs toujours en contact avec certains d’entre eux grâce à ça.
Quels sont les personnages de ta série qui t’ont le plus marqué ?
Les sœurs Pierrette et Isabelle à Plurien, pour commencer ! Elles ont créé leur bar qui s’appelle le “Tue-Mouche” et un alcool local du même nom dont la recette est tenue secrète… Elles le conservent au frigo dans des bouteilles Volvic en plastique et elles le servent à tout le monde ! C’est aussi noir que la mazout alors je pense qu’il doit y avoir un genre de Negroni, du Fernet et peut-être du Coca dedans… C’est assez intense !
Sinon, mes voisins, au Sud de Fontainebleau : Jymm et Marlène, 80 et 85 ans, qui tenaient le Maeva qu’ils ont fermé il y a quelque temps. C’était le bistrot des mariniers de Saint-Mammès et c’était devenu un bar communautaire de gens qui fréquentent les péniches. J’ai adoré passer du temps là-bas.
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Est-ce qu’il y des coins de France qui t’ont plus inspiré que d’autres ?
Dans le Nord, la culture des estaminets, ces cafés hyper chaleureux, m’a beaucoup marqué durant mon parcours ! Tu as vraiment un rideau rouge devant la porte d’entrée et ça sent le fromage quand tu rentres, c’est magique. En Ardèche aussi, j’ai bien aimé la vibe relaxe là-bas : je pense que le soleil y est pour beaucoup, les gens boivent des coups jusqu’à pas d’heure en papotant. La Bretagne, évidemment, avec certains bars côtiers magnifiques où on voit l’océan derrière… Ça invite à la contemplation, ça n’a pas de prix.
Sur quel autre projet travailles-tu actuellement ?
“Parti intime”, au masculin, oui. C’est un projet plus personnel où je documente mon choix de me contracepter en tant qu’homme cis hétéro grâce à l’anneau Andro-switch. Cette série documentaire est le témoignage – en photos et mots – d’un parcours de contraception masculine, le mien, parmi d’autres. Pour informer, et inspirer peut-être, comme je l’écris sur mon site. L’expo est visible à Marseille (jusqu’au 10 juin, à l’Agent Troublant).
Son livre, Rades, est sorti le 25 mai dernier et son expo est visible au Floréal Belleville (aussi un bar de quartier historique) jusqu’à ce dimanche 11 juin. Go.
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