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Guide de survie pour l’anxiété des fêtes de famille
Je ne passerai pas par quatre chemins, je suis l’une des nombreuses personnes qui considèrent que c’est demandant de réveillonner.
En plus de nécessiter un budget cadeau, un appétit pour des trucs qu’on ne commanderait jamais sur Uber Eats même avec un rabais de 92 % et un niveau de small talk parfois olympique, ça implique aussi très souvent de l’anxiété.
Si vous faites ne serait-ce qu ’un peu d’anxiété sociale, il se peut très bien que malgré l’amour que vous portiez à toute votre parenté, vous soyez en train de badtripper votre vie. Pour quelqu’un qui n’est pas à l’aise en groupe, l’idée de retrouver sa famille au complet dans un décorum extrêmement spécifique et avec la pression de devoir avoir des tonnes de plaisir sous prétexte que ça se veut plaisant… Tout ça me donne déjà envie de respirer fort dans un sac en papier brun.
Ceci dit, il existe des trucs pour que ça se passe mieux.
Faites vos recherches
Ce conseil a pris un tout autre sens durant les trois dernières années, mais je vous recommande d’aller faire un tour sur les réseaux sociaux des gens qui seront présents au réveillon. C’est une façon simple de minimiser le risque de débat drainant en vous imposant quelques moratoires sur certains sujets. Libre à vous d’utiliser ce truc pour lancer des engueulades plutôt que d’en éviter, mais si c’est le genre de chose qui vous amuse, vous êtes possiblement plus souvent dans le rôle du stressant que du stressé.
C’est aussi une bonne façon de savoir avec qui vous pourriez avoir de bonnes conversations et de former des petites cliques à l’avance. Ce n’est pas contre les autres, mais pour une personne anxieuse, des groupes de 2 à 4 personnes, c’est moins demandant que la famille au complet.
L’art de ne pas se faire ensevelir par les stimuli dans un souper de famille, c’est l’art de se créer des zones de confort temporaires. Vous pouvez les prévoir approximativement en ayant deux ou trois petits groupes de personnes en tête. Ce ne sera jamais parfait, mais ça aide d’avoir un plan.
Achetez du vin, mais n’en buvez pas trop
Vous gagnerez des points d’appréciation assurés si vous faites un petit voyage au magasin pour être certain.e qu’on ne manque de rien pendant la soirée.
Ceci dit, un des réflexes des anxieux et anxieuses est souvent de boire de l’alcool pour obtenir le faux sentiment d’être plus efficace en situation sociale. Je confirme qu’il y a plusieurs études démontrant qu’en fait, vous n’êtes pas plus efficace, vous excusez simplement plus facilement le fait de l’être moins.
Je ne suis pas en train de vous dire de tous et toutes réveillonner sobres comme des chameaux, mais essayez toujours d’alterner entre un verre de vin et un verre d’eau. Vous resterez fonctionnel.le, votre offrande de vin sera encore plus perçue comme un cadeau et vous irez souvent aux toilettes avec toutes ces boissons que vous buvez. Vous pourrez alors profiter de ces moments de solitude pour prendre une pause consciente quand le niveau de stress monte trop haut.
Mangez autant que vous voulez et même un peu plus
C’est très rare que je vous suggère de vous bourrer la bedaine, mais dans un contexte stressant, c’est chimiquement utile.
En plus de l’effet de nouveauté alimentaire quand même cool malgré les recettes de réveillon qui ne devraient simplement pas exister (il nous en vient tous et toutes une différente à l’esprit en ce moment), c’est relaxant de bien manger.
Le corps dépense beaucoup d’énergie dans la digestion, il lui en reste donc très peu pour une crise panique. L’excès de nourriture crée également une augmentation du taux de sérotonine, l’hormone du bonheur. De plus, il s’agit d’une bonne occasion de se montrer reconnaissant.e envers les cuisiniers et cuisinières responsables de la bonne bouffe, et ça, c’est juste plaisant.
Établissez pour vous et pour les autres votre heure de départ et ayez une justification
Le fait d’établir une heure de départ et de fournir une raison (vraie ou fausse, aucun jugement ici) qui vous oblige à partir donne une porte de sortie figée dans l’horaire, et ça, c’est rassurant pour les personnes anxieuses.
Ce qu’il y a de bien avec ce truc, c’est que si la soirée est vraiment plaisante (ça arrive aussi), rien ne vous empêche de faire comme si vous aviez oublié votre plan initial de quitter à telle heure. Devant votre faux deadline manqué, vous n’aurez donc pas avoir le choix de prolonger le bon moment. « Zut de zut, pas le choix de continuer de manger de la bûche ! »
Par contre, si le réveillon ne se passe pas bien, il y a quelque chose de réconfortant avec l’idée que le temps n’arrête jamais d’avancer. Vous pouvez vous dire intérieurement : « Peu importe ce qui se passe, dans X minutes, je m’en vais. Tout le monde le sait et tout le monde l’accepte, car j’ai une excellente raison. »
Oh d’ailleurs…
Sans la tenir pour acquise, prévoyez l’éventualité d’une dispute afin de ne pas vous laisser surprendre
Personnellement, le small talk m’épuise. Je conseille donc de ne pas en abuser. Cependant, je recommande de ne pas non plus régler des débats politiques ultras intenses entre le fromage et la bûche. Genre, trouvez un entredeux.
Les disputes de famille font malheureusement partie du concept de réveillon. Ça reste beaucoup de gens avec un historique propre à eux qui ne se croisent pas si souvent. Je n’ai pas de solution absolue pour régler ça, à part de réveillonner dans un bureau de psychologues. Je suggère très simplement d’établir et de faire respecter vos limites.
Ça se dit très bien : « Je préfère ne pas m’embarquer dans cette conversation. Elle nous dépasse. On est deux cousins un peu bourrés pendant la fête de Jésus. C’est pas le moment d’essayer de s’expliquer le conflit israélo-palestinien. On ne va pas le régler ce soir. Par pitié, parlons plutôt de Mimie Mathy. »
Un autre truc un peu extrême que j’ai trouvé est de littéralement choisir vos combats. C’est-à-dire, d’avoir un conflit de secours dans lequel vous êtes plus à l’aise d’embarquer. Expérience vécue :
Mon oncle : « Hey Vincent, es-tu un mouton ou un guerrier non vacciné? »
Vincent : « Je ne suis pas outillé pour répondre à ça. Je vais donc l’annoncer ici et maintenant : je suis bisexuel. »
Entre un scandale de coming out et une allocution de mon oncle médecin diplômé de l’école de la vie, j’ai fait mes choix.
Gardez toujours en tête que vous ne devez rien à personne à part vous-même.
Je vais conclure avec un autre classique d’angoissé.e.s : il n’y a pas de pression plus angoissante que celle que l’on s’impose nous-même.
C’est toujours important de se rappeler que vous n’êtes pas prisonnier.ère d’une situation. Vous avez parfaitement le droit de quitter si ça devient problématique. Contrairement à ce qu’on pourrait vous dire, votre départ ne gâche pas la fête. C’est plutôt l’engueulade à propos d’une dispute non réglée qui date d’avant votre naissance qui gâche la fête et cause votre départ. Vous êtes valide et n’êtes pas tenu.e de vivre des conflits au nom de la famille.
Répétez-vous-le aussi souvent que nécessaire. Un réveillon, ce n’est pas un concours de bonheur, c’est une fête. La règle des autres fêtes s’applique donc aussi : on reste tant que ça nous tente.