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Grève des éboueurs : 4 bonnes raisons de se réjouir

Et c'est peut-être le seul moment où on peut croiser Ratatouille en pleine journée, dans son environnement naturel.

Par
Oriane Olivier
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Depuis une dizaine de jours à Paris – et dans d’autres villes de France – les ordures s’accumulent dans les rues. Les poubelles dégueulent désormais des milliers de tonnes de déchets sur les trottoirs de la Capitale et la grève des éboueurs étant reconduite jusqu’à lundi prochain au moins, il y a fort à parier que le printemps aura moins une odeur de jasmin que de couches sales cette année.

Mais il faut dire qu’entre des conditions de travail dégradées (quasiment plus de prime et des salaires à peine au-dessus du SMIC pour bon nombre d’entre eux, des journées de travail qui n’en finissent plus, des usagers de la route de plus en plus enclins à abuser du klaxon dès qu’ils rencontrent un camion-poubelle sur leur trajet), la pénibilité inhérente au métier (travail extrêmement physique, exposition aux intempéries, aux produits toxiques, aux chauffards et à de nombreuses maladies professionnelles) et le pompon sur la garonne : la réforme qui va faire reculer de deux ans leur départ à la retraite, les préposés à la collecte des déchets ont d’excellentes raisons de laisser leurs dossards réfléchissants au vestiaire.

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Alors plutôt que de pester sur ces “jusqu’au-boutistes qui prennent les Parisiens en otage” (on rappelle à toute fin utile que sans les jusqu’au-boutistes et les bras-de-fer du siècle dernier, nous n’aurions aujourd’hui ni sécu, ni chômage, ni congés payés) ou de compter les points entre le gouvernement et la Mairie de Paris qui se renvoient la responsabilité de cette décharge à ciel ouvert (spoiler alert : ce n’est pas Anne Hidalgo qui a décidé de faire voter un projet de loi profondément injuste pour les Français.es), on vous donne 4 excellentes raisons de vous réjouir de cette grève.

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Parce que cela permet de se rendre compte du nombre hallucinant de déchets que l’on produit au quotidien

Il y a deux jours, 5 600 tonnes de déchets envahissaient déjà les boulevards et les rues de la Ville Lumière. Les trottoirs et entrées d’immeubles sont aujourd’hui tellement saturés de sacs poubelles qu’il est parfois nécessaire de marcher sur la chaussée sur plusieurs mètres pour les contourner. Alors ces montagnes d’ordures sont peut-être l’occasion de repenser notre manière de consommer et de montrer que l’on est collectivement capables de faire attention à ce que l’on jette (entreprises comme particuliers), au risque que notre plus grand fait d’armes aux yeux des générations futures soit d’avoir créé un océan de plastique et un sommet d’immondices de la taille du Pic du Midi…

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Parce que cela permet de remettre un petit coup de projecteur sur les métiers réellement indispensables à la société

Un peu comme à l’époque du COVID (mais si, vous savez, ce gros virus qui a créé une pandémie mondiale il y a trois ans), durant laquelle notre cher président exhortait toutes les professions de seconde ligne (agent.es de caisse, enseignant.es, agriculteurs et agricultrices…) à monter au front pour assurer le maintien de l’activité économique du pays, leur promettant des lendemains meilleurs et une revalorisation de leurs métiers dans les prochaines années, la période actuelle permet de véritablement prendre conscience que les forces vives de la nation ne se trouvent pas dans les start-up de la FinTech ou les cabinets de conseil. Car le monde ne s’arrêtera pas soudainement de tourner si les planneurs stratégiques, les député.es macronnistes… ou même les journalistes d’URBANIA, cessent soudainement de bosser. En revanche, le non ramassage des ordures risque de poser à très court terme de réels problèmes de salubrité.

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Parce que c’est un bon moyen d’acclimatation pour les Parisien.es qui voudraient partir s’installer à Marseille

Il y a quelques années, les médias parlaient volontiers de “fuite des cerveaux” pour désigner ces jeunes Françai.ses surdiplômé.es qui partaient travailler pour des entreprises outre-atlantique, et des contrées plus vertes (couleur de dollar). Aujourd’hui, on pourrait parler de “fuite des artistes fauché.es” ou de “migration annuelle des Beaux Arts de Cergy” pour décrire cette nouvelle génération d’ex-Parisien.nes, attirée par la douceur de vivre du chef-lieu des Bouches-du-Rhône comme un sudiste par une bonne mauresque. Et avec approximativement 2 grèves et demi par an des éboueurs marseillais, la cité phocéenne semble avoir érigé le non ramassage ponctuel des poubelles au rang de spécialité. Au même titre que les navettes, les panisses ou les après-midis à choper des coups de soleil sur la plage des Catalans. Alors si vous envisagez aussi de vous exiler, cette grève vous permet de plonger directement dans le folklore de votre future ville d’adoption. (NB : étant moi-même native de Marseille et amoureuse du coin, j’espère que personne ne se sentira offensé.e).

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Parce que ça peut devenir une attraction touristique très rentable

Que cherchent les touristes lorsqu’ils visitent la Ville Lumière ? A s’imprégner pleinement de l’ambiance des films et des séries qui dépeignent la Capitale. Et quelle meilleure façon de rendre leur séjour mémorable que de leur offrir l’opportunité de croiser Ratatouille en pleine journée, dans son environnement naturel ? Chaque benne, chaque sac éventré, chaque monticule d’ordures est une nouvelle occasion de rendre ce rêve accessible pour les visiteurs étrangers. Parce que, soyons lucides, ils ne risquent pas de croiser Emily in Paris attablée au Café de Flore. En revanche, il y a de fortes chances qu’ils tombent nez-à-nez avec un surmulot en train de boulotter un vieux kebab ou de s’essuyer les patounes sur la bibliographie intégrale de Nicolas Sarkozy. Eh oui, puisqu’on vous dit que Paris est magique…

https://twitter.com/mytwtdn/status/1634905529691807746?s=20

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