Poussez-vous, place aux jeunes ? Oui, mais non.
Parce que Forbes nous apprenait récemment que 60 % des employeurs interrogés dans un sondage ont admis avoir licencié des employé.e.s de la génération Z qu’ils avaient engagé.e.s cette année.
C’est un brin problématique tout ça… Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que les jeunes Zoomers sont des mauvais.es travailleur.se.s… Ou est-ce que leurs boss ne savent juste pas les gérer et les renvoie à la première occasion ?
Le travail : pas le centre de leur vie
La Gen Z refuse de laisser sa vie tourner uniquement autour du travail. Ils ont vu leurs parents faire passer leur job avant tout…
Et ça n’a pas toujours bien fini : « Beaucoup d’étudiants en médecine ont des parents médecins. Et ils disent : “Je ne veux pas travailler 70 heures par semaine comme eux. J’ai écopé, ils étaient absents, ils se sont séparés” », expliquait un sociologue spécialiste de la jeunesse dans La Presse . Et ce n’est pas juste le cas des étudiants en médecine.
On peut appeler ça de la lucidité ou de la désillusion, mais dans tous les cas le Business Insider le décrit bien : la Gen Z est très consciente qu’elle est l’une des premières générations qui n’aura pas une richesse supérieure à celle de ses parents ou ses grands-parents.
Alors pourquoi sacrifier son bien-être et son bonheur pour un pas-de-retraite-puis-pas-de-cash ?
Est-ce qu’on peut vraiment leur reprocher de ne pas donner tout leur temps et leur énergie à une entreprise ? Pourquoi ce serait pas positif qu’ils priorisent leur santé mentale et leur famille ? Quand on y pense, c’est vrai que c’est pas ton collègue de la compta qui va t’aider à déménager (sauf que si t’en es au point à avoir « un collègue à la comptabilité », engage des déménageurs.)
Agents du chaos
La génération Z est dangereuse pour le capitalisme traditionnel, parce qu’elle remet en question les façons de faire établies et refuse de se plier aux anciennes règles. Mais les jeunes de cette génération sont aussi perçus comme une menace par les plus vieux, parce qu’ils ne les voient plus comme des experts. Un Gen Z ne va pas hésiter à questionner les affirmations d’Alain, 57 ans, pendant un meeting. Et ça, ça dérange Alain, tout autant que le boss d’Alain.
Comme expliqué par une chercheure de Stanford : la Gen Z n’a pas peur de remettre en question les raisons pour lesquelles les choses sont faites d’une certain cette façon.
Quand une personne plus âgée leur dit : « Voici comment procéder », ils veulent vérifier par eux-mêmes. Ça ne veut pas dire qu’ils ont toujours raison ; c’est simplement leur de comprendre et de faire qui est différente. Ils ont grandi avec Google et sont habitués de valider eux-mêmes leurs réponses (à ne pas confondre avec “faire leurs propres recherches”).
Les entreprises écrivent souvent 2-3 valeurs « fondamentales » sur leur site web sans rien faire pour les appliquer concrètement.
Les Z vont soulever ces incohérences auprès de leurs patrons.
La Gen Z a grandi dans l’incertitude, a traversé une pandémie mondiale et a évolué dans un monde où tout change rapidement. C’est compréhensible qu’ils osent remettre en question les dires d’un collègue ou les façons de faire qui ont été établies « dans le bon vieux temps ». Ils n’ont peur de rien et ont un lâcher-prise par rapport au travail hors du commun : ils savent qu’ils vivent sur une planète sur le point de brûler et s’en foutent d’être des agents du chaos.
Swipper son employeur à gauche
« Les Gen Z changent de job comme ils changent de slibards. » Voyons les choses du bon côté : ça veut dire qu’ils ont des sous-vêtements propres ! Ces jeunes ont grandi avec les réseaux sociaux et les applications de rencontres où tout va vite, où tu te fais unfriender ou swiper à gauche en 3 secondes. Ils ont simplement intégré cette flexibilité-là à leur vie professionnelle.
Peut-être que cette génération a simplement compris quelque chose que le monde du travail est en train d’ignorer : les entreprises doivent se redéfinir pour rester pertinentes. Et les boss aussi.
Des fois, les jeunes sont pertinents et méritent d’être écoutés.
Ils peuvent réellement aider une entreprise à se redéfinir et à s’améliorer. Peut-être même qu’au lieu de les juger, on pourrait se demander si un Gen Z qui pousse une entreprise à se renouveler ne vaut pas mieux qu’un employé de 50 ans qui fait ses tableaux Excel sans broncher. Ça fait plus chier les patrons au quotidien, mais c’est peut-être mieux sur le long terme.
La bonne nouvelle, c’est que si un Gen Z reste dans une entreprise, c’est qu’il l’aime pour vrai. Le « Z » de Gen Z pourrait très bien vouloir dire « Zéro bullshit ».
Après les fleurs, le pot
Selon un sondage, 61 % des employeurs affirment que leurs employés de la génération Z sont souvent en retard au travail et 59% déclarent qu’ils ratent souvent les deadlines des projets. C’est agaçant être le collègue de quelqu’un qui bosse à la va-vite, alors imaginez être son patron.
Non, la Gen Z n’est pas parfaite.
Je suis la première à soupirer quand un jeune employé fait n’importe quoi en scrollant sur son téléphone. En même temps, peut-être que cette génération est simplement plus honnête. Peut-être qu’ils n’aiment juste pas le travail tel qu’il est aujourd’hui et qu’ils préfèrent passer du temps avec des amis plutôt que de répondre à des mails.
Je ne suis pas une Gen Z et je ne peux définitivement pas affirmer que le travail n’est pas au centre de ma vie. La preuve ? J’écris ce texte pendant le cours de gymnastique de ma fille parce que j’ai un crédit à payer.
Ça me fait tout de même réfléchir : la question à laquelle j’essaie de répondre n’est peut-être pas la bonne. Plutôt que d’essayer de comprendre pourquoi la Gen Z ne met pas le travail au centre de sa vie, je devrais peut-être me demander pourquoi moi je le fais.