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Friperies : comment trouver les perles parmi les torchons
Quand j’ai commencé à travailler comme consultante dans le monde des affaires, il y a de ça presque quatre ans, j’achetais des vêtements neufs presque chaque semaine – c’est gênant, mais c’est vrai.
Plusieurs facteurs me poussaient à tomber dans le piège de la surconsommation de vêtements : d’abord, le télétravail n’était pas aussi omniprésent qu’il l’est aujourd’hui, ce qui nécessitait le port d’un outfit « présentable » (au sens corpo du terme) quotidiennement, ensuite, j’embarquais, malgré moi dans la très toxique compétition vestimentaire de bureau, et finalement… je travaillais dans le centre-ville d’une grande agglomération, soit à deux pas des boutiques Zara, H&M et cie.
N’ayez crainte! J’ai quitté le monde du business depuis, et ma garde-robe et mon empreinte écologique s’en portent mieux. En migrant progressivement vers les friperies, j’ai réalisé non seulement que mes habitudes de consommation devenaient beaucoup plus durables, mais aussi que je faisais des économies astronomiques.
Et je ne suis pas la seule à avoir fait cette transition : en France, le marché de l’occasion est estimé à 7 milliards d’euros (86 milliards en Europe) selon une étude Tripartie publiée en 2022. Un rapport de Thredup indique que cette industrie était évaluée dans le monde à 36 milliards de dollars en 2021 et pourrait atteindre les 77 milliards de dollars en 2025.
Cela dit, acheter en friperie, c’est toute une adaptation. Les premières expériences peuvent donner l’impression de chercher une aiguille dans une botte de foin et susciter des réflexions du genre :
« Est-ce que les influenceuses vintage fouillent vraiment dans les mêmes bordels qui puent que moi ? »
Oui ! Mais la différence, c’est qu’elles ont une méthode qui permet d’identifier efficacement les vêtements de qualité qui se cachent parmi les torchons. Joëlle Paquette, une journaliste et créatrice de contenu, a développé une approche drôlement efficace avec le temps – pas le choix, comme les friperies sont ses endroits préférés pour faire ses achats : « moi, environ 50 % de ma garde-robe est vintage », explique-t-elle.
Elle a créé pour vous un petit guide du shopping en friperie qui devrait vous permettre de ne pas baisser les bras après quelques minutes de fouille chez KiloShop.
#1 Bien choisir sa friperie
« Il y a deux grandes catégories de friperie : les friperies curated et les friperies grandes surface. »
Par « curated », Joëlle fait référence aux friperies qui offrent une plus petite gamme de produits affichés à prix un peu plus élevé, bien souvent soigneusement sélectionnés dans d’autres boutiques de seconde main. Bien qu’on puisse dire que ces friperies contribuent à l’embourgeoisement du marché, elles permettent tout de même à des personnes non initiées de bénéficier d’une expérience de shopping plus simple et garante de belles trouvailles.
Les friperies « grandes surface » auxquelles Joëlle fait référence, vous les connaissez : la principale marque en France est Kiloshop et ses 13 magasins en France. Si vous avez « l’œil plus aiguisé » et que vous avez envie « d’être en mode : chasse aux trésors », c’est pour vous – et les petits prix seront au rendez-vous.
#2 Vérifier la marque
Évidemment, l’une des façons les plus efficaces de déterminer la qualité d’un vêtement est de trouver l’étiquette, question d’identifier la marque. Pas besoin de vous dire que les vêtements des grandes chaînes de fast fashion que je fréquentais doivent être évités, si vous voulez que nos habits durent.
Joëlle note toutefois qu’on peut parfois retrouver en friperie des pièces dont l’étiquette a été arrachée. « Moi j’en déduis que c’était une marque qui n’était pas particulièrement attrayante pour la vente. »
#3 Évaluer la qualité du tissu
« L’avantage avec le seconde main, c’est que les vêtements ont déjà été portés, donc on peut voir comment le tissu va vieillir. S’il est déjà boulloché, qu’on voit qu’il tire ou qu’il fait des trous, évidemment, on laisse tomber », indique Joëlle.
La journaliste propose aussi de prioriser les fibres naturelles comme la soie, le lin, le coton et la laine, plutôt que les fibres synthétiques comme le polyester ou l’acrylique.
« Chaque fibre naturelle a son penchant synthétique, qui est souvent moins durable, moins de qualité et moins agréable sur la peau. Par exemple, pour la laine, c’est l’acrylique. […] C’est d’ailleurs fait à partir de pétrole. »
#4 Regarder la provenance
Il fut un temps où nos vêtements étaient faits ici : une époque révolue, me rappelle Joëlle. Mais l’avantage avec les friperies, c’est qu’on peut y retrouver ces reliques.
C’est pourquoi, la journaliste prend toujours le temps de regarder la provenance des vêtements. « Made in Italy », « fait en France », ou d’Angleterre, d’Espagne, des USA ? « Pour moi c’est un gage de qualité », soutient Joëlle.
#5 Évaluer la qualité de la confection
« Ça, c’est un peu plus difficile à identifier. Moi, j’ai étudié en design de mode donc je le vois, si le vêtement est bien fait ou pas », avoue Joëlle.
Mais il y a quand même quelques facteurs visibles que le commun des mortels peut observer facilement :
est-ce que les coutures tirent de façon à former des plis dans les vêtements ? Est-ce que certains fils dépassent des coutures ? Est-ce que le vêtement est doublé ?
« Il faut vraiment le mettre à l’envers », illustre Joëlle, qui empoigne un veston turquoise pour me montrer ce dont elle parle.
« Juste comment le satin est vagué, il y a des surpiqûres et ça, ça coûte cher à faire, il y a des crochets qui se posent juste à la main… Tu vois qu’il y a un travail de plus. Mais j’avoue que c’est plus abstrait. »
#6 Vérifier l’usure
« Si c’est juste un petit truc, comme une couture qui se défait ou une fermeture éclair qui est brisée ou un bouton qui manque, c’est facile de le réparer toi-même ou de l’amener chez la couturière. »
Mais Joëlle explique tout de même qu’il y a certaines traces d’usures qui sont un signe qu’un vêtement a vraiment fait son dernier tour de piste, comme les traces de sueur, et autres taches.
« Moi personnellement, quand il y a des taches, je n’achète pas, parce qu’il n’y a pas de garantie que ça va partir. »
Bonus pour les non initié.e.s : commencer par les accessoires
Joëlle plonge la main dans un grand tiroir situé sous son rack de vêtements avant d’en sortir quatre petits sacs à main vintage.
Selon elle, les personnes qui veulent commencer à explorer le monde du seconde main, mais qui s’inquiètent de l’hygiène des objets qu’elles trouveront, ou qui sont intimidées par toute la fouille qui sera nécessaire, devraient s’initier via les accessoires.
« Les accessoires, c’est pas du tout intimidant pour le seconde main. Y’a pas d’histoire de taille, c’est beaucoup plus facile à acheter. […] Il y a des gens que ça écœure, le vintage, mais cette notion-là ne s’applique pas vraiment aux accessoires, comme ils ont pas vraiment été “portés”. »