Freddie Mercury : la voix qui ne mourra jamais

Le 24 novembre 1991, le chanteur du groupe rock britannique Queen et bête de scène légendaire Freddie Mercury s’éteignait à son domicile de Kensington. Il n’avait que 45 ans. Malgré les rumeurs qui circulaient à son sujet, il n’a jamais confirmé publiquement être atteint du VIH et il a terminé sa vie loin des projecteurs et du regard du public. Encore aujourd’hui, on garde de lui le souvenir d’un interprète athlétique, souriant, dont la présence seule suffisait à commander l’attention et le respect de foules gigantesques.

Trente ans après sa mort, il est toujours une icône de la musique rock. On ne l’a jamais remplacé et on ne le remplacera jamais… même si Queen a techniquement repris du service avec Adam Lambert depuis 2011. On ne le dira pas trop fort. De toute façon, ce n’est pas la même chose.

Pourquoi reconnaît-on encore instantanément la musique de Queen, même quand il s’agit d’une chanson obscure qu’on n’a jamais entendue auparavant ? Pourquoi se rappelle-t-on toujours aujourd’hui du Freddie Mercury glorieux et en pleine possession de ses moyens à Live Aid ? Si Mercury est si unique et mémorable, c’est pour plusieurs raisons.

Farrokh Bulsara n’était pas particulièrement militant. Né dans le protectorat britannique de Zanzibar (aujourd’hui annexé à la Tanzanie), celui qui allait devenir Freddie Mercury veut tout simplement chanter. Déjà à 12 ans, il fait partie de groupes de musique hommages aux rockeurs populaires des années 50. L’une de ses idoles de jeunesse était d’ailleurs un autre interprète très spectaculaire : Little Richard.

Le chemin vers la célébrité allait être semé d’embuches. Entre l’âge de 8 et 17 ans, Mercury passe son temps entre la ville indienne de Panchgani (où il étudiait) et Zanzibar, des endroits où cette débauche occidentale connue sous le nom de rock’n’roll ne faisait pas exactement fureur. En 1963, sa famille déménage en Angleterre pour fuir les violences politiques à Zanzibar. Deux autres problèmes se sont alors dressés devant lui : il était issu d’une minorité ethnique et sexuelle.

Mercury fait partie de quelques groupes à son arrivée dans la région de Liverpool, mais c’est la rencontre d’un collègue de travail dans une friperie qui changera sa vie. Roger Taylor deviendra le batteur de Queen et présentera Mercury au célèbre guitariste du groupe Brian May. Cette rencontre de virtuoses aux idées visionnaires allait non seulement changer leur vie, mais aussi la musique rock. Mercury était différent, mais Queen était un groupe différent qui défiait les structures traditionnelles de la musique rock. Un gars différent dans un groupe différent, c’était mieux accepté.

Mercury vivait sa réalité sur scène avec ses costumes flamboyants et ses mouvements de danse inspirés du ballet. Il n’était pas ouvertement gay et il affirmait en entrevue ne pas être un militant, mais il a tout de même – peut-être malgré lui – été un pionnier pour la représentation LGBTQ+ dans le milieu du spectacle. Toute une génération de jeunes artistes issus de la diversité sexuelle a eu Freddie pour lui montrer que c’était possible. Les Ricky Martin, Lance Bass, Frank Ocean, Adam Lambert, Kim Petras, Lil Nas X et compagnie ont grandi et se sont affirmés dans son sillage. Selon ce qu’on sait, ce n’était probablement pas volontaire de la part de Mercury d’occuper cette place dans la culture populaire, mais son magnétisme indéniable et sa prestance ont donné du courage à plusieurs, au sein de l’industrie musicale, mais aussi à l’extérieur de celle-ci.

La voix de Freddie Mercury était tellement unique et mémorable qu’une équipe de scientifiques a essayé de décoder ses secrets en analysant une vingtaine d’enregistrements. Elle a aussi fait venir en laboratoire le célèbre imitateur du chanteur de Queen Daniel Zangger-Borch afin d’analyser son larynx et d’essayer d’établir des parallèles. Ce genre d’exercice ne mène pas toujours à grand-chose. L’émotion, la tonalité et la nuance d’une voix, c’est impossible à calculer après tout, non ?

Pas si vite !

La science a réussi à attribuer (en tout cas partiellement) la magie de l’envoûtante voix du chanteur à son utilisation de vibrations sous-harmoniques. Qu’est-ce que ça veut dire, des vibrations sous-harmoniques ? Il s’agit d’un type de fréquence utilisé dans les chants de gorge tibétains. Pour n’importe qui d’autre, il serait impossible d’accéder à ce registre en chantant une chanson rock de huit minutes. Pourquoi Mercury en était-il capable, lui ?

Toujours selon cette étude, le chanteur utilisait une partie de son larynx que très peu de personnes sont en mesure d’utiliser en chantant : les plis vestibulaires, qui sont considérés comme de « fausses cordes vocales ».

Habituellement, ça prend une technique particulière pour être capable de les activer, mais Mercury en était capable à cause… de la morphologie de sa bouche ! En tout cas, c’est son explication à lui. Né avec quatre très grosses incisives au lieu de deux, Mercury était très préoccupé par son apparence. C’est pour cette raison qu’il s’est laissé pousser une moustache pendant les grosses années de Queen et qu’il mettait souvent une main devant sa bouche lorsqu’il parlait.

Bref, qu’il s’agisse de son impact culturel ou de l’empreinte unique de sa voix, Freddie Mercury a laissé sa marque sur le monde. Trente ans après son décès, on n’en a pas encore trouvé un autre comme lui.

Sur ce, je vous laisse sur ma chanson préférée de Queen :