Foule sentimentale : lettre d’amour à mon potentiel futur ex

Oui bonjour, je vis un drame. FAITES QUELQUE CHOSE ! Ben voyons, pourquoi j’commence encore en chialant. C’est pas drôle. J’ai de la peine. Notre couple d’amies se sépare et on vit un deuil. On ne les connait qu’ensemble, nos 2 gouines précieuses. C’est un duo. Et là, elles partent chacune de leur côté. Elles sont devenues… des ex.

J’me souviens encore, il y a quelques années, lorsque nous, leurs 2 pédés préférés comme elles nous appellent affectueusement, les avons aidées à emménager dans leur p’tit appart mignon. C’était parfait, on allait vivre à seulement quelques minutes les uns des autres. Les pédés d’un bord du pont, les gouines précieuses de l’autre.

Cet appartement, on y a passé les trois quarts de nos soirées, à se raconter nos journées, nos p’tits malheurs et nos p’tits succès. À jouer avec les chiens, Carlos et Lola, qui sont pratiquement devenus nos chiens à nous aussi avec le temps. Nos gouines faisaient partie d’à peu près tous nos plans.

C’est un drôle de deuil, le deuil d’un couple d’amis. Personne n’est mort. Rien ne disparaît. Les 2 filles existent encore. Les 2 chiens existent encore. L’appartement mignon existe encore. Mais tout ça n’existera plus ensemble. Tout ça se divise pour aller créer de nouveaux p’tits univers ailleurs.

C’est la fin d’une époque, the end of an era (Rachel et Monica, saison 6, épisode 2). On peut continuer de se voir, bien sûr. Mais pas en même temps. Il va toujours en manquer une des deux. C’est bizarre, la fin d’un couple. Ce n’est pas seulement le deuil d’une personne, mais aussi le deuil du p’tit univers que vous vous êtes créé.

Depuis quelques jours, c’est le silence radio sur le groupe Messenger où on passait nos journées à s’envoyer des merdes. Ça fait des années qu’on fait ça. J’ai comme un réflexe d’aller vérifier dans le groupe constamment sans même m’en rendre compte, juste pour voir… Mais y’a plus de nouveaux messages.

Ça m’a choqué, cette séparation. Mon réflexe ? Penser à mon couple à moi. À nous. À notre petit univers. Me préparer mentalement à notre séparation. Me rappeler que j’serais ok, sans toi. Que j’suis une personne à part entière, pas une moitié. Que j’dépends de personne. Faire un mini deuil tout de suite pour être certain de ne pas avoir trop de peine quand/si ça arrive.

Mais ça, je l’ai fait souvent pendant notre relation, me répéter que ça pouvait finir à tout moment. Faire de mini deuils constamment plutôt que de devoir en faire un gros d’un coup. Me rappeler que tout est temporaire dans la vie. C’est con. C’est ça l’instinct de survie ?

Nos gouines vont s’en sortir. Elles vont se créer de nouveaux univers. En plus, elles continuent de s’aimer et de se respecter mutuellement. Tant mieux. J’vois souvent les gens parler en mal de leur ex. C’est compréhensible, on ne tombe pas toujours sur les bonnes personnes et on ne vit pas toujours des relations saines.

Mais on dirait que presqu’une étape obligatoire à franchir, de détester ses ex. De n’avoir que du mal à dire d’eux. J’pense que parfois, les gens préfèrent se séparer en se mettant dans une situation de conflit parce que c’est plus facile de faire un deuil en étant en colère plutôt qu’en ayant seulement de la peine.

Quand j’pense à mon couple, j’pense à notre vieil appart où toute pète tout le temps. À nos festins improbables qu’on se cuisine le soir comme des boulets. J’pense aux yeux que tu me fais quand j’dis d’la merde ou quand j’veux qu’on écoute un dernier épisode mais que tu dors déjà debout. Aux 700 milliards de fous rires qu’on a eus ces dernières années. À tes p’tites manies cheloues, à ton gros crâne qui sent le bébé, à tes grands yeux ronds comme des billes qui parlent tellement ou à tes ronflements de l’enfer qui, bizarrement, m’aident à m’endormir. J’pense à toutes tes p’tites attentions. Tu n’oublies jamais rien, toi.

Nous, mon gros bébé doux, on est encore ensemble, et plutôt que de continuer de faire des mini deuils de toi pour m’entraîner, je vais plutôt te remercier. Merci de m’avoir appris à calmer mes putains de nerfs. Merci de m’avoir appris que c’était possible, aimer simplement, sincèrement, sans drames. Merci de m’avoir appris que c’était possible, des gens qui sont juste… gentils. Simplement.

Mon premier amour, mon potentiel futur premier ex, j’peux pas te promettre grand chose, mais j’ai envie de te promettre ceci : peu importe ce qui arrive, j’me rappellerai toujours de notre petit univers avec énormément d’amour et de respect, comme lorsque je penserai à l’univers que s’étaient créé nos gouines précieuses, et je serai toujours reconnaissant d’avoir pu partager un petit bout de vie avec toi.

Même si l’idée de devoir faire le deuil de cette petite époque de notre vie ne me réjouit pas particulièrement, j’ai pas envie de vivre en ayant peur de perdre ce que j’ai. C’est pas cool de vivre dans la peur. J’vais plutôt profiter de ce p’tit bout d’vie, peu importe le temps qu’il durera, en me rappelant que si ça se termine, ce ne sera pas la fin du monde, juste la fin d’un petit univers. Un univers temporaire, peut-être, mais dont je me souviendrai toute ma vie.