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Faut-il vraiment dormir 8h par nuit ?

Trouvez le parfait équilibre entre l’hibernation et la nuit blanche à répétition.

Par
Justine Leblond
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Ah, le sommeil. Cette bête noire du soir parfois source de stress, notamment quand tu programmes un réveil sur ton téléphone et qu’il te dit combien d’heures tu vas pouvoir dormir avant qu’il ne sonne. Personnellement, ça détermine beaucoup la façon dont je m’endors :

« J’ai 9 heures devant moi, tranquille ! »

« Déjà plus que 6 heures, il faut que je m’endorme vite. »

Et puis le lendemain matin, tu arrives au travail avec des cernes alors que ton collègue se vante d’avoir dormi 8 heures, comme toutes ses autres nuits, « parce que le sommeil c’est important ! » Mais justement, est-ce que c’est si important ? Évidemment, le sommeil, c’est vital. Mais est-ce le remède à tout ?

« Dormir autant, ça peut augmenter les risques d’obésité, de diabète, de stress, d’anxiété ou encore de dépression. »

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C’est plus compliqué que ça, nous explique le docteur Jonathan Brouillette, chercheur au département de physiologie, pharmacologie de l’Université de Montréal, et membre affilié du Céams, le centre d’études avancées en médecine du sommeil. « Si la question est : est-ce que le sommeil va régler tous les problèmes ? La réponse est non. »

Depuis le début de la pandémie, les recherches du type 5 techniques pour dormir rapidement n’ont fait qu’augmenter. Plutôt une bonne chose, d’après Jonathan Brouillette, « parce que le sommeil peut parfois être perçu comme une perte de temps, alors qu’il est essentiel ».

Attention cependant à ne pas trop dormir ! Curieusement, on a tendance à penser qu’il est bon de passer 12 heures dans son lit. Détrompons-nous : si les nuits trop longues sont régulières, ce n’est pas sans conséquences. « Dormir autant, ça peut augmenter les risques d’obésité, de diabète, de stress, d’anxiété ou encore de dépression », détaille le Docteur Jonathan Brouillette.

Privilégier la régularité

L’essentiel, c’est d’avoir un rythme et un cycle de sommeil. « Pour un adulte entre 18 et 64 ans, il est recommandé de dormir 7 à 9 heures par nuit. Après, évidemment il y a des variations, c’est très personnel. On n’est pas tous égaux face au sommeil et certains en ont plus besoin que d’autres. L’important, c’est de se lever le matin et de se sentir bien, productif, pas irritable. Ça, c’est le signe d’une bonne nuit », souligne Jonathan Brouillette.

on ne s’imagine pas toutes les variantes sur lesquelles le sommeil a un rôle.

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Pas d’inquiétude si vous faites une nuit blanche, tant que ce n’est pas trop régulier et que vous récupérez derrière. « Le corps va s’en remettre, surtout si on dort un peu plus le lendemain. Là où ça devient plus compliqué, c’est si on ne dort pas pendant plusieurs nuits d’affilée, ou très peu. » D’après le spécialiste du sommeil, cela peut entraîner des problèmes de métabolisme : « plus de risques de diabète, d’obésité, de diminution du système immunitaire… »

En bref, une nuit blanche une fois, ça va, mais le sommeil, c’est sur le long terme que ça se joue. Et on ne s’imagine pas toutes les variantes sur lesquelles il a un rôle. Les travaux du Docteur Jonathan Brouillette s’intéressent principalement aux déficits de mémoire qui surviennent avec l’âge et aux causes de la maladie d’Alzheimer. C’est dans ce cadre qu’il étudie le sommeil.

« Le sommeil affecte une protéine qui s’appelle bêta-amyloïde. On travaille sur son influence bidirectionnelle, entre le sommeil et l’Alzheimer. » Cette influence n’est qu’un exemple parmi beaucoup, car on ne connaît pas le nombre total de liens et d’impacts qu’a le sommeil sur toutes les zones du cerveau et du corps.

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« Pas un remède miracle »

En fait, tout est question d’équilibre. « Le sommeil c’est une balance, comme le fait de manger : manger trop, c’est pas bon, on se ramasse avec des problèmes de coeur, de cholestérol, etc. Il faut voir ça dans son ensemble, car le sommeil n’est pas un remède miracle. Mais ça fait partie d’une bonne hygiène et d’une bonne santé, autant sur le plan physique que mentale. C’est incorporé à un tout et ça peut facilement avoir des répercussions sur la santé physique et mentale d’une personne. »

Donc dormir, c’est important, à condition que ce ne soit ni trop ni pas assez, et que ça s’inscrive dans une bonne hygiène de vie globale.