.jpg)
On a beau s’emmerder à cette soirée, en photo ça ne se voit pas. Hop, ça part en story pour lui montrer que j’ai la même nightlife que Cathy Guetta. En plus il y a mon pote Thomas dessus, il a toujours été un peu jaloux de lui. Mais attends, c’est qui cette meuf qu’il suit, là ? Elle était pas là avant. Elle like tous ses posts, elle sort d’où celle là ?!
Toute personne ayant vécu une rupture dans la dernière décennie est déjà passée par ces montagnes russes mentales. Alors à chaque séparation, le même dilemme revient : ne serait-il pas plus simple de supprimer son ex des réseaux ? Pour éviter de harceler tous vos potes avec cet épineux cas de conscience, j’ai questionné mon entourage et des spécialistes du love 2.0.
TU HORS DE MA VUE
Mon enquête commence par un sondage de ma commu sur Instagram. Après dépouillement des votes, le résultat est sans appel : le camp “unfollow” l’emporte haut la main avec 65% des voix. « Il faut supprimer direct ! C’est pas facile, mais c’est la meilleure solution pour tourner la page et aller mieux », affirme Lukasz. Selon ce kiné expatrié en Martinique, couper les ponts permet de ne pas être constamment tourné vers son passé. Un raisonnement qui fait plutôt sens à l’ère du stalking, pratique d’espionnage devenue omniprésente dans le pan numérique de nos relations, et qui maintient un lien invisible avec l’autre.
« On va faire attention aux vues en story, aux likes, aux commentaires et aux réactions de l’autre pour voir s’il est encore présent… c’est hyper malsain », détaille Audrey Gagnaire, créatrice du compte Insta tejpartexto. Passée experte dans les vents 2.0, la Parisienne préconise également une coupure nette pour s’épargner les dérives du stalking : « Ça peut devenir problématique et aller jusqu’à se rendre dans l’endroit où est la personne parce qu’on a reconnu le lieu dans une story, c’est déjà arrivé à des amis ! Si on veut faire son deuil et s’en sortir, ces informations doivent rester privées à mon sens ».
« COMME UN POTE PERDU DE VUE »
Manon, 25 ans, ne voit pas les choses du même œil. Selon la Grenobloise, la suppression n’est pas une étape obligée du deuil. « Rupture ne veut pas dire blacklister la personne ! Nos réseaux ne contiennent pas uniquement nos amis et on peut suivre des personnes avec qui on n’a aucune affinité. Même principe pour un ex, il n’y a rien de mal à le garder sur les réseaux, comme un pote qu’on aurait perdu de vue », argumente-t-elle dans mes MP. « Et puis on va pas se mentir, les sessions stalking ne seraient plus les mêmes si on ne gardait pas nos exs… » Ça, c’est clair.
Suivant ce principe, c’est ainsi qu’au fil des années, nos Facebook sont devenus les cimetières d’anciennes relations plus ou moins importantes où se côtoient vieilles connaissances du lycée, collègues éphémères, exs plans culs et exs tout court. Mais quand la rupture est fraîche et douloureuse, l’amitié sur les réseaux peut aussi faire sombrer dans quelque chose de bien moins léger. « Quand je m’étais faite larguer et que j’étais en méga bad, j’allais voir son Insta toutes les deux heures, me raconte Angèle, 26 ans. C’était devenu une habitude, j’avais l’impression d’être une psychopathe ».
STALKER SANS SENTIMENTS
Je me dirige vers Mélanie Frison, love coach réputée sur YouTube et par extension, experte des fins de relation. Selon elle, il est possible de rester ami·e·s sur les réseaux, à condition que cela n’engendre pas d’émotions négatives. « Si continuer de le·a voir à travers ses posts et stories éveille de la tristesse, de la colère, de la stagnation ou tout autre sentiment désagréable, mieux vaut se concentrer à 100% sur sa propre guérison et se protéger en supprimant la personne », conseille la spécialiste. Quitte à le·a re follow par la suite, une fois la rupture digérée.
Consciente de son comportement, Angèle a fini par prendre ses distances virtuelles avec son ex. Pour supprimer la tentation de l’espionnage, mais aussi parce que finalement, il ne l’intéressait plus. Maintenant que cette rupture est derrière elle, elle s’autorise ponctuellement à retrouver ses vieux démons. « La curiosité est l’un de mes défauts et même si je l’ai supprimé, je veux quand même savoir ce qu’il devient. Du coup, je vais voir son Insta depuis d’autres comptes qu’il ne connaît pas… seulement de temps en temps, histoire de savoir s’il rate sa vie ou pas. » L’histoire d’Angèle me rassure : se quitter sur les réseaux n’acte pas la mort du stalking.