La réponse est NON.
Et si vous pensez le contraire, c’est que vous êtes d’accord avec Pascal Nègre :
“Mais son art est incroyable, on peut pas tout jeter…”
Oui, Bertrand Cantat a écrit des textes puissants.
Kelly a révolutionné le R&B.
Woody Allen a marqué le cinéma.
Depardieu est un monument français.
Et alors ?
Leur talent n’efface pas leurs actes.
Séparer l’homme de l’artiste, c’est effacer les victimes.
Effacer le contexte. Effacer la violence derrière la beauté.
Ce n’est pas de l’amour pour l’art. C’est du confort.
Consommer leur œuvre, ce n’est pas neutre.
Chaque stream, chaque ticket, chaque vue = de l’argent qui représente une légitimation implicite.
On ne peut pas se contenter de dire “je cautionne pas” puis continuer de financer des agresseurs.
“Oui, mais c’est le passé, on ne sait pas tout…”
On consomme leurs œuvres dans le déni, tandis que pour les victimes, le passé est un trauma permanent.
Et tant qu’il est projeté à l’écran, vu sur YouTube ou plébiscité sur Spotify, ce trauma reste public.
On peut aimer une œuvre, et choisir d’arrêter de la soutenir.
On peut reconnaître le talent, et décider qu’il n’excuse rien.
Ce n’est pas de la censure.
C’est de l’éthique.
Séparer l’homme de l’artiste, c’est choisir.
Choisir de protéger l’œuvre plutôt que ceux qu’elle blesse.
Choisir de détourner le regard, au nom du génie.
Choisir de faire comme si l’art naissait dans le vide, sans contexte, sans pouvoir, sans violence.
“Mais si on annule tous les artistes problématiques, il reste plus personne…”
Et si on arrêtait de faire comme si le talent était rare ?
Le monde déborde d’artistes, de voix, de récits puissants.
Mais tant qu’on gave les monstres, on affame les autres.
Annuler ? Non.
Rééquilibrer ? Urgemment.