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Faut-il adapter ses heures de travail à ses règles ?
Tel la lune, le corps des femmes suit un rythme mensuel. Mes cours d’anatomie sont un peu loin dans ma mémoire, mais j’aime bien la métaphore suivante : à tous les mois, mon utérus prévoit une fête d’anniversaire, envoie les invitations, se prépare à recevoir ses invités en décorant et en achetant un gâteau, puis arrache le tout quand il réalise que personne ne s’est pointé.
Ce cycle veut surtout dire que, pendant 3 à 7 jours, on prend des médicaments, on met des bouillottes et on craint de tacher nos sous-vêtements quand on tousse.
Il faut quand même être forte pour saigner pendant une semaine en faisant comme si de rien n’était. Car la société et la production n’arrêtent pas pour nous.
Même si on rêve de rester au lit toute la journée, nous enfilons nos vêtements de grande fille et allons contribuer à la société.
Mais, au cours des dernières années, le discours s’est modifié. Il est de plus en plus accepté de demander ou d’offrir des accommodements aux personnes menstruées pendant cette fameuse semaine du mois. Que ce soit des congés de maladie ou des produits hygiéniques gratuits, le tabou entourant la saignée mensuelle tend à diminuer, même si le tout reste encore quelque peu controversé.
Et c’est compréhensible, car si les féministes de la deuxième vague se sont battues pour que nous puissions faire notre place au travail, demander de tels accommodements liés à notre corporalité peut être vu à la fois comme une percée et comme un recul.
Suivre le cycle
C’est là que le « cycle syncing » entre en jeu.
Le « cycle syncing », c’est le fait d’adapter sa productivité en fonction de son cycle menstruel.
Le terme a d’abord été popularisé dans les milieux sportifs. L’équipe américaine féminine de football, lors de la Coupe du monde qui s’est déroulée en France, affirmait que d’adapter l’entraînement aux cycles menstruels des joueuses les aidait à atteindre leur plein potentiel, le jour J. Une idée qui a par la suite été reprise par le monde du travail.
- Avant l’ovulation, la période est propice pour planifier, rêver, brainstormer et réfléchir.
- L’ovulation est idéale pour les relations humaines et pour faire des rencontres.
- Les jours entre l’ovulation et les menstruations seraient parfaits pour la concentration
- La semaine de menstruation devrait être consacrée à faire le bilan
Logique, n’est-ce pas ? Les périodes où nous avons peu d’énergie devraient servir à reprendre nos forces. Et, à l’opposé, nous devrions profiter de nos meilleurs moments de productivité pour abattre le plus de travail possible.
Des preuves qui restent à faire
Le hic, c’est que même si notre corps suit un cycle hormonal, nos réactions à ces hormones ne sont pas pareilles d’une femme à l’autre et d’un jour à l’autre.
Par exemple, pour certaines femmes, le SPM (syndrome prémenstruel) les rend agressives, et d’autres sont plus tristes.
Si la tristesse est plus facile à vivre pour l’entourage, elle ne fournit pas la même énergie que la colère.
Pour le moment, aucune étude ne semble prouver que d’adapter notre productivité à notre cycle menstruel aurait des bénéfices. Surtout qu’il n’y a « pas une femme qui corresponde parfaitement, à tous les mois, au modèle typique des menstruations. »
Des fois, l’utérus oublie d’envoyer les invitations. Des fois, il est radin sur le décor et le gâteau.
C’est donc à chaque femme de s’adapter à son corps et à son énergie, cycle menstruel ou non.