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Fausses notes pour The Eddy sur Netflix

Dommage.

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On attendait avec beaucoup d’impatience The Eddy, vendue comme la première série signée Damien Chazelle pour Netflix. Ceux qui ont adoré Whiplash et La La Land devaient se réjouir de voir le jeune réalisateur (35 ans), mélomane et francophile, se plonger dans la scène jazz parisienne contemporaine pour une histoire chorale et musicale.

Pour rendre justice à ses auteurs, il faut en fait préciser que The Eddy n’est pas la série de Chazelle, et qu’il n’en a réalisé que les deux premiers épisodes (relayé par la Française Houda Benyamina, la Marocaine Laila Marrakchi et l’Américain Alan Poul). Le véritable « papa » de The Eddy est le scénariste anglais Jack Thorne, qui a porté le projet pendant plusieurs années.

La série s’ouvre, comme La La Land, avec un très beau plan séquence qui nous plonge non pas dans un Los Angeles flamboyant et coloré, mais au cœur de The Eddy, un club de jazz fictif et un peu délabré de l’est parisien. On y découvre ses protagonistes, des musiciens bohèmes, des barmen enthousiastes, un patron New-Yorkais au passé sombre. Un début d’intrigue se dévoile, concernant la survie du club au bord de la banqueroute. On est heureux d’avoir poussé les portes et on se dit que les huit épisodes vont nous raconter ce petit microcosme de musiciens un peu fauchés, mais passionnés. On est aussi séduit par le fait que Chazelle filme un Paris bien loin des clichés que s’en faisait souvent le cinéma hollywoodien. Ici les Français ne portent pas de bérets et ne roulent plus en 2CV. Filmée en pellicule 16mm, caméra à l’épaule, en éclairage quasi naturel, la capitale n’est plus vue comme une carte postale pour touristes mais se laisse découvrir à travers ses rues populaires et sa population cosmopolite.

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Ça part donc plutôt bien, les premières notes sont enthousiasmantes. Et puis… plus rien. En quelques scènes, la partition s’égare, le rythme s’allonge, et on comprend vite que la série n’a pas grand chose à raconter. Une intrigue policière pas passionnante prend le dessus et encombre un récit qu’on aurait préféré dédié à ces musiciens désireux de vivre de leur passion.

En consacrant chaque épisode à un personnage (à la manière de Skins, qui le faisait de manière bien plus habile), la série prend le risque du déséquilibre qui se vérifie dès le second épisode : l’arrivée de la fille du patron nous éloigne du club sans qu’on y voit un quelconque intérêt. C’est d’ailleurs chaque fois que l’on retourne dans The Eddy que la série reprend un peu de sens, avec notamment de formidables interludes musicaux.

La série a peut-être voulu jouer son côté jazz un peu trop fort. Si ce genre musical s’autorise des improvisations, des rythmes déstructurés, des dissonances… la recette semble ne pas fonctionner pour tenir un récit sur huit épisodes.

Le résultat, c’est une succession de fausses notes qui nous éloigne de l’histoire et de ses personnages. On s’y perd, on s’ennuie, on décroche. Dommage.

The Eddy est disponible sur Netflix

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