Ah, les Fêtes. Ou, pour les débiles en délire identitaire qui se convainquent que nos traditions sont en danger pour justifier leurs commentaires xénophobes, NOËL #nossapins #nosvaleurs #nostaxes #nosglorieux. Cette occasion rêvée d’aller visiter mère-grand, tante chose ou un cousin avec une grande cuisine pour se goinfrer de patates en bonne ou moins bonne compagnie.
Les familles, pour plusieurs, sont une source de bonheur… et de stress. Ces dernières, au nom de l’ADN et/ou du nom en commun, ratent rarement une occasion de nous piquer au vif tant sur le plan physique et psychologique en nous demandant pourquoi on est encore célibataire, “c’est quoi ça un transgenre” et si on a engraissé depuis l’année dernière. On les aime, mais force est d’admettre que les familles, des fois, c’est relou.
Famille et bouffe, c’est lié mais c’est fucké
Notamment en ce qui a trait à la nourriture, à l’alimentation et à l’image corporelle. On s’en rend pas toujours compte, tellement habitués aux infinis jugements qu’on pose et subit tous les jours, mais notre relation avec la nourriture est profondément fuckée. On en fait une obsession, on en a peur, on la démonise, l’idolâtre et la blâme; on s’en sert pour aimer, haïr, juger, se prouver, se faire mal. On voit notre alimentation comme une extension de notre personnalité et de notre valeur en tant qu’individu.
On est vraiment intenses, et tout ça peut rendre les repas difficiles pour les personnes qui ont des problèmes avec leur image corporelle, qui sont aux prises avec un trouble alimentaire (j’inclus là-dedans les régimes à répétition, let’s be real) ou qui ont juste envie de manger leur putain de dinde sans se faire embêter.
Entre deux personnes qui mangent de la bûche sans mastiquer en répétant que c’est « riche », « cochon », « péché » et qu’il faut vite éloigner le plat d’eux parce qu’ils se contrôlent pas, une autre proclame fièrement qu’elle n’a plus faim, qu’elle aime pas ça le sucré de toute façon, qu’elle a ingéré la quantité optimale de nutriments et est si zen à ce sujet qu’elle ne ressent même pas le besoin de finir les deux bouchées, là, dans le fond de son assiette.
Vous savez exactement de quoi je parle. Au souper, à la seconde où nos fesses touchent la chaise, unetelle raconte qu’elle a rien mangé de la journée pour pouvoir « se permettre » du dessert. Un autre, qui suit une diète à la mode super déséquilibrée qui le fait puer de la bouche et chier de l’huile, te demande si t’as déjà essayé de boire de l’eau pour maigrir. Entre deux personnes qui mangent de la bûche sans mastiquer en répétant que c’est « riche », « cochon », « péché » et qu’il faut vite éloigner le plat d’eux parce qu’ils se contrôlent pas, une autre proclame fièrement qu’elle n’a plus faim, qu’elle aime pas ça le sucré de toute façon, qu’elle a ingéré la quantité optimale de nutriments et est si zen à ce sujet qu’elle ne ressent même pas le besoin de finir les deux bouchées, là, dans le fond de son assiette. Ta mère te dit que t’es trop maigre. Pendant qu’oncle machin te pousse dans le cul pour que tu reprennes une autre assiette parce qu’il veut pas être le seul à se resservir, ton père te dit subtilement que t’as assez mangé. L’hôtesse qui a cuisiné pendant 12 heures, assise au bout de la table, insiste sur le fait qu’elle a grignoté plus tôt pour justifier son assiette vide. Sinon, c’est une conversation sur les glucides, des conneries de détox ou la promesse minceur d’une capsule de couille de zébu en poudre prise avant chaque repas avec un grand verre d’eau.
C’est lourd.
Pour savoir quoi répondre, il faut réfléchir et s’informer d’abord
En acceptant de rédiger ce texte, j’avais en tête de dresser la liste des diverses répliques que vous pourriez employer pour faire comprendre à votre famille que vous ne tolérerez pas leurs remarques sur votre corps ou le contenu de votre assiette. Mais je viens d’en trouver une si complète et merveilleuse que je vais tout simplement la linker ici. Elle nous vient du blogue de Marilou Morin, une nutritionniste en approche alimentation intuitive, qui propose du contenu intéressant, inclusif et non-grossophobe. Clique ici pour 30 façons de répondre que t’as pas envie de te faire emmerder avec ça.
Si l’existence d’une telle liste prouve une chose, c’est bien qu’on est cehlous, avec la bouffe. Et pour le devenir moins, il faut d’abord en prendre conscience.
Admettre qu’on confond santé et minceur, volonté et restriction, moralité et appétit. Qu’on a totalement, entièrement, férocement intériorisé l’idée que les bonnes personnes mangent peu, sont minces-mais-pas-trop-minces-non-plus, et jouissent d’une répulsion naturelle envers le fromage orange. Que si on est une « bonne personne », on sera récompensé avec le « bon corps ».
Tous les corps sont bons
Sans grande surprise, c’est pas comme ça que ça fonctionne. Tous les corps sont bons, et l’alimentation n’est pas la source ni la solution à tous nos problèmes. Et parce qu’on a été élevés à finir nos assiettes en ignorant nos signaux de faim, à se faire soudoyer avec du dessert par des personnes qui se dégradaient violemment devant le miroir en se pinçant les bourrelets avec dégoût, guérir son rapport à la nourriture est le travail d’une vie.
Donnez-vous un break, savourez votre dinde au gravy et jetez des canneberges au visage de quiconque vient vous dire comment manger votre assiette.
C’est pas un processus qui va se régler avec un article dans URBANIA, malheureusement, mais c’en est un qui peut s’entamer. À défaut de pouvoir contrôler les autres, on peut essayer de mieux se comprendre, et c’est dans cette réflexion-là que j’aimerais vous entraîner. Essayez, pour voir, d’examiner votre rapport à la nourriture et les valeurs que vous projetez sur elle. C’est un exercice révélateur qui fait du bien.
Pis en attendant de démêler tout ça, donnez-vous un break, savourez votre dinde au gravy et jetez des canneberges au visage de quiconque vient vous dire comment manger votre assiette.
Quelques ressources le fun pour réfléchir à votre alimentation et votre image corporelle tout en combattant les préjugés toxiques :