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Être un homme moderne, qu’est-ce que ça signifie ?

Autopsie de la masculinité 3.0.

Par
Malia Kounkou
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Aujourd’hui, c’est la Journée Internationale de l’Homme, le Vrai. Vous ne le saviez pas ? Rassurez-vous : moi non plus. Ce soir, nous nous endormirons tous un peu plus savants. Et quoi de mieux pour étoffer ces fines connaissances qu’un petit topo chiffré sur les codes de la masculinité moderne ?

Y a-t-il à présent assez de place pour une définition masculine nouvelle, plus aérée et plurielle ?

Un sondage d’août 2021 commandité par le média aufeminin à l’Institut Toluna nous éclaire sur ce qu’être un homme signifie véritablement dans la société française actuelle. Sommes-nous encore à l’ère de l’alpha stoïque qui, drapé d’une simple peau d’ours, s’en va à la chasse ? Y a-t-il à présent assez de place pour une définition masculine nouvelle, plus aérée et plurielle ? La réponse est donnée dans cette étude où bien des stéréotypes se trouvent désamorcés.

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La larme difficile

L’homme 3.0 peine à échapper aux attentes sociales qui, invariablement, pèsent sur son genre. Si vous pensiez donc que chagrin ne rimait pas avec masculin : faux ! Les hommes français peuvent pleurer : 50% d’entre eux ont simplement du mal à communier avec leurs glandes lacrymales. Et ils n’oseront pas en quémander la notice, demander de l’aide étant un sujet encore trop épineux pour 42% des sondés.

Il semblerait donc que l’archétype longtemps cultivé du mâle invincible à qui tout réussit soit plus une prison qu’un idéal.

Cette réserve les poussera à réprimer de nombreuses actions ou émotions réputées « mal vues » — par exemple, porter des accessoires à connotations féminines (67%), revendiquer publiquement une position féministe (41%) ou encore assumer un manque de libido (48%).

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Il semblerait donc que l’archétype longtemps cultivé du mâle invincible à qui tout réussit soit plus une prison qu’un idéal, pour l’homme moderne. Les 18-24 ans semblent plus particulièrement en pâtir, 80% d’entre eux ayant confessé avoir extrêmement mal vécu certains échecs professionnels.

Toutefois, les mentalités se transforment, et avec elles, l’idée de masculinité en elle-même. Si elle semblait auparavant innée aux chromosomes XY, 86% des sondés réalisent à ce jour qu’il n’y avait là qu’un endoctrinement social depuis le berceau. Pour preuve, être viril n’est désormais plus une priorité pour 79% des Français. 77% défendent même la nécessité de « sortir des critères traditionnels pour définir l’identité d’une personne ».

Dans ce futur redéfini, les hommes auront-ils moins peur d’approcher à moins d’un mètre d’un mascara ? Peut-être.

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Un début de révolution

Lentement mais sûrement, le rôle de l’homme au sein de la famille traditionnelle semble muter, s’équilibrant avec celui longtemps assumé par la femme seule. En ce sens, 76% des Français assurent entrevoir un avenir où le concept de « père au foyer » serait une réalité courante et normalisée. Espérons à présent que la charge mentale des femmes — responsables officieuses des courses, de la vaisselle, du ménage et du repassage — puisse s’en trouver diminuée dans un futur tout aussi proche.

Il apparaît évident que l’homme moderne est court-circuité PAR sa propre perception, mais aussi PAR celle des autres sur lui-même.

L’identité est aussi sujet à mutation, chez les hommes français. Que des personnalités publiques comme Bilal Hassani prônent haut et fort leur non-binarité de genre a aidé à doucement éveiller les consciences. 86% des sondés sont donc au courant de l’existence d’identités autres que celles homme-femme basiques. Selon 29% des Français, il serait même crucial de dépoussiérer cette ancestrale dualité pour permettre ainsi à une masculinité plus inclusive et fluide d’éclore.

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Dans ce futur redéfini, les hommes auront-ils moins peur d’approcher à moins d’un mètre d’un mascara ? Peut-être. Pour l’heure, 37% envisagent timidement de se maquiller un jour — un début !

Une PRISON MENTALE

Il apparaît évident que l’homme moderne est court-circuité par sa propre perception, mais aussi par celle des autres sur lui-même. Les deux semblent alimentés par un concentré d’injonctions stéréotypées qu’une écrasante majorité de la société semble avoir intériorisé. Quant au coupable de cette propagation de clichés, les Français sont à 81% unanimes : il s’agit bel et bien des médias.

Peu se reconnaissent pourtant dans les attentes que la société projette inlassablement sur eux.

« Les hommes représentés dans les publicités sont très souvent stéréotypés », estiment 75% des sondés. Selon eux, les représentations masculines récurrentes dans les campagnes de marketing forment l’esprit à y reconnaître un modèle de normalité, asphyxiant ainsi toute tentative de masculinité alternative. Et ainsi émerge la prison mentale qui dessert aujourd’hui la gent masculine.

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Peu se reconnaissent pourtant dans les attentes que la société projette inlassablement sur eux. 52% de Français affirment même se sentir étrangers au rôle de normalité qu’ils sont pourtant formatés à respecter. C’est pourquoi les publicités s’extrayant des sentiers battus de la masculinité sont considérées comme rafraîchissantes et modernes par 83% des sondés. Ils y décèlent en effet un espoir pour l’avenir.

Une Journée Internationale comme celle-ci permet donc de se rappeler qu’il n’y a jamais un seul homme, mais plusieurs.