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Et si une orange brisait votre couple? (et autres théories romantiques bien étranges)
Pour cette recette, vous n’aurez besoin que de deux ingrédients très simples : une orange et un partenaire qui vous aime.
Cette orange – ou cette clémentine, selon ce qui se trouve sous votre main – doit ensuite être pointée du doigt ou donnée au dit partenaire à qui vous demanderez, avec votre plus belle nonchalance hollywoodienne, de vous l’éplucher.
Un acte que vous pourriez accomplir vous-même, à l’aide de vos dix petits doigts – certes. Mais dans la futilité de cet acte réside justement toute son importance.
Car si votre partenaire s’exécute, cela signifie alors qu’il vous est dévoué dans les petites tâches, comme dans les grandes. Mais s’il refuse ou rouspète ? Peut-être est-il temps d’attraper votre brosse à dents et de localiser votre valise.
Enfin, tout ça, ce n’est pas moi qui le dis, mais TikTok. Depuis quelques semaines, cette théorie a vraisemblablement enflammé la plateforme et de nombreuses Tiktokeuses (majoritairement hétérosexuelles) se filment en train de tester leurs partenaires (majoritairement masculins) qui ne savent pas que la survie de leur couple dépend de l’habillement de cette orange.
Mais attendez ! Il y a plus !
Pour tous les goûts
Parce que si ce test ne vous apportait pas suffisamment de clarté sur la longévité de votre couple, sachez qu’une panoplie d’autres stratagèmes maison sont disponibles sur TikTok.
C’est bien simple : chaque mois, une nouvelle théorie amoureuse surgit du néant.
Parmi elles, celle de l’oiseau – ou « bird test » – consistant à pointer du doigt un moineau (ou un bâton, un stylo et autres objets insignifiants… mes excuses aux oiseaux) avec enthousiasme et à observer si votre partenaire s’intéresse à cette découverte, aussi inconséquente soit-elle, ou n’y porte peu, voire aucune attention.
Mais il y a aussi le test du prénom où une femme demandera soudainement à son partenaire de citer un prénom féminin pour déterminer si le sien est le premier à lui venir en tête (spoiler alert : c’est rarement le cas).
Et puis n’oublions pas le test Beckham, calqué sur une scène de vie entre le célèbre joueur de soccer britannique et sa femme, Victoria Beckham, dans leur récente série documentaire. Ici, le but sera de se mettre à danser dans sa cuisine sur Islands in the Stream de Dolly Parton et Kenny Rogers et observer la réaction de votre partenaire. S’il ne se lève pas instinctivement pour vous rejoindre : brosse à dents, valise.
Attendez, ce n’est pas fini : il y a également le test de Barbie – que certaines essaient même dès le premier date – au cours duquel une femme demande à la personne qui l’intéresse son avis sur le film Barbie. Si le discours se place quelque part dans l’axe allant de la moquerie jusqu’à l’hostilité en passant par la misogynie pure et simple, c’est que la relation est déjà condamnée.
Vous avez peur que votre partenaire vous soit infidèle ? Le test de la fraise (« strawberry test ») est alors pour vous ! Dans ce scénario hypothétique, si votre partenaire accepte d’escalader une clôture pour manger une fraise qui ne lui appartiendrait pas de l’autre côté, quand bien même aurait-il une faim d’ogre, cela signifie qu’il ne s’arrêterait devant rien pour être infidèle.
Et comment passer sous silence le test de la ligne verte – oui, encore un test ! Sur une photo de couple, si vous êtes penché vers votre partenaire, cela signifie alors que cette personne a l’ascendant dans la relation. Mais si elle est penchée vers vous, c’est donc que vous portez la culotte.
J’arrête ici ? J’arrête ici.
Vieux comme le monde
À première vue, tout ceci peut sembler un brin exagéré, voire carrément absurde. Déduire le niveau de fiabilité de son partenaire en se basant sur la probabilité que celui-ci saute ou non par-dessus un grillage pour attraper un fruit ? À votre divorce, cet argument ne sera pas recevable.
Mais quoi de plus humain, finalement, que de tremper régulièrement dans l’absurde pour essayer de deviner l’avenir avec les moyens du bord, surtout en amour ?
Après tout, siècles après siècles, des pâquerettes sont régulièrement démembrées à coup de : « Il m’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ». Et si un contenu ne baissera jamais en popularité les magazines, sur YouTube comme sur les réseaux sociaux, c’est bien ceux listant les possibles signes selon lesquels notre attirance envers une personne serait réciproque.
L’art n’est pas en reste ! En effet, l’acte d’éplucher une orange – ou de cuisiner un plat – pour la personne que l’on aime est souvent utilisé à titre de « je t’aime » métaphorique. Dans son poème The Orange, la poétesse britannique Wendy Cope commence par partager ledit fruit avec ses deux amis pour terminer par un tendre « I love you. I’m glad I exist. » (Je t’aime. Je suis heureuse d’exister).
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Et n’oublions pas le concept des red flags et green flags, ces éléments anodins du quotidien que notre suranalyse teinte d’une couleur positive ou négative. De cette même façon, ces fameux tests peuvent être considérés comme une autre manière de déceler des drapeaux nous permettant d’anticiper le futur.
« La façon dont les gens font de petites choses a tendance à être un microcosme holographique de la façon dont ils font de grandes choses », explique Lisa Marie Bobby, psychologue relationnelle chez CNBC.
TikTok n’a donc rien inventé.
L’argument d’autorité
Mais la psychologie, en revanche, oui. Car, aussi triviaux que ces tests puissent sembler, certains n’en restent pas moins enracinés dans des théories testées et approuvées.
Prenons le test de l’oiseau, par exemple, pour qui il faut remercier le psychologue américain John Gottman. En 1998, il publie dans le Journal of Marriage and the Family une étude qui vise à « prédire le bonheur marital et la stabilité » en suivant pas moins de 130 jeunes mariés qui, en début d’expérience, passent chacun le fameux test.
Résultat ? Six ans plus tard, 86 % des couples ayant réussi le test sont restés ensemble, tandis que 67 % de ceux l’ayant échoué se sont séparés.
Maintenant, est-ce que ce sceau d’expertise rend forcément cette théorie – et toutes les autres – exempte de toute remise en question? La réponse est, bien évidemment, non.
Ainsi, réussir le test de la clémentine n’augure pas automatiquement quelque chose de bon pour la relation. Il se peut, par exemple, que la personne accepte de l’éplucher parce qu’elle ne sait pas dire non et placer ses limites.
« Quand les gens ont l’impression qu’ils ont toujours besoin de dire oui et de répondre aux besoins des autres avant de répondre aux leurs, c’est peut-être parce qu’ils communiquent qu’ils se sentent moins égaux ou indignes de leur partenaire », décèle le thérapeute familial et marital Patrick Le Goy dans Business Insider.
De plus, soumettre constamment son partenaire à de petites manipulations subtiles pour calmer ou confirmer ses anxiétés ébranle la confiance de notre partenaire et nous place dans une posture d’alerte constante. On ne verra donc plus la relation pour ce qu’elle est, mais par le prisme seul de ce que nous suggèrent nos angoisses.
Et qui fabrique ou exacerbe ces angoisses ? Très simple : Internet.
C’est là d’ailleurs une conséquence inévitable de l’amour à l’ère des réseaux sociaux. Car Internet est désormais la troisième personne de notre couple, organisant le cadre de nos rencontres (notamment via les applications), les formes de relations possibles (avec en tête, les fameuses situationships), agitant toutes sortes de red flags (il est trop petit, elle me donne le ick) et préparant finalement la rupture dès le départ.
Bref, un chemin émotionnel psychologiquement éreintant. C’est pourquoi certains n’acceptent de l’emprunter que s’ils savent à l’avance que le résultat en vaudra le coup.
Et certes, ces tests peuvent souvent vous aiguiller vers la bonne direction, mais gare à ceux qui baseront toute leur confiance dessus. Car si votre partenaire épluche seize oranges pour vous, mais vous trompe le lendemain, que fait-on ?